Connaissez-vous Gattières ? Ce village des Alpes-Maritimes, perché au dessus de la plaine du Var à proximité de Nice, a le charme des villages provençaux blottis sur leurs promontoires, avec leurs rues étroites qui montent en serpentant au milieu des murs de pierres et des balcons fleuris.
Depuis trente deux ans, une association de bénévoles y organise chaque été une rerésentation d’ opéra – un vrai opéra avec mise en scène, décors et orchestre. L’association est soutenue par une célèbre marque de cafés originaire du coin (Malongo).
Nous voici sur la place Grimaldi – ces seigneurs qui, au cours des siècles, se sont répandus dans la région en dehors-même de Monaco. Au creux de cette place, une scène a été adossée au mur de pierres d’un escalier.
Evidemment, on ne va pas chercher dans ce genre de spectacle le même plaisir qu’à Garnier ou la Scala, mais un autre qui participe aux bonheurs de l’été, aux joies vacancières. Il y a là un côté « fête au village » – mais avec une exigence professionnelle sur le plateau.
Cet été, Gattières nous propose la Fille du régiment de Donizetti. Le spectacle, annulé l’an dernier pour cause de covid, mijotait depuis deux ans.
A l’arrivée, c’est un vrai régal estival.
Le premier responsable en est le metteur en scène, Guy Bonfiglio. Son spectacle est drôle, bien ficelé, inventif, monté avec une rigueur d’horloge. L’action a été transposée dans les années trente, ce qui a permis d’accueillir des dialogues à la Audiard qui sont fort bienvenus.
Autres responsables du succès : les chanteurs. Jeanne Crousaud est une « Fille » exquise, à la voix fraîche, aérienne, dont les vocalises fleurissent jusqu’en l’extrême aigu. A ses côtés, le ténor Hoël Troadec a un chant bien timbré, conduit avec musicalité, déployant sans faiblir la fameuse guirlande des contre ut que recèle l’air « Ah mes amis, quel jour de fête ! » On applaudit également la présence à la fois vocale et théâtrale du baryton Jean-Christophe Brun ainsi que de la mezzo Gosha Kowaslinska, dont la richesse du timbre est digne de son personnage de comtesse.
Bien sûr l’orchestre est loin d’être un symphonique ! Mais, bien qu’à effectif réduit, c’est quand même un vrai orchestre. (Il n’y a qu’un seul instrument par groupe de cordes). Le chef Franck Villard a eu le mérite de réduire la partition de Donizetti sans qu’on ait l’impression d’en perdre quoi que ce soit.
Ah mes amis, quel soir de fête !