Cette Favorite en version de concert était prévue de longue date au Deutsche Oper et si nous pensions la découvrir aujourd’hui avec la distribution initialement prévue c’était sans compter sur les défections de dernière minute.
C’est donc Pietro Rizzo en remplacement d’Ivan Repusic qui conduit l’orchestre du Deutsche Oper de manière rapide et énergique. Les motifs de l’ouverture sont révélés brillamment et le traitement du reste de la partition est particulièrement tonique ce qui oblige les solistes à de constants efforts vocaux pour affirmer leur présence.
Défi relativement aisé à relever pour Elina Garanča qui endosse le personnage de Léonore, dont les puissants aigus sont aussi fulgurants que tranchants et le phrasé irréprochable. En revanche son registre grave n’atteint pas un rayonnement semblable ce qui est d’autant plus regrettable que le rôle est écrit pour une mezzo.
Le ténor belge Marc Laho, en remplacement de Joseph Calleja dans le rôle de Fernand est desservi par une émission trop ouverte qui accentue la clarté du timbre à la limite de la blancheur et par un legato imparfait. Cependant ses aigus, souvent sollicités dans cette partition sont toujours sûrs et justes.
Le jeune baryton Florian Sempey incarne le roi Alphonse XI avec talent. Doté d’une présence vocale forte, d’un timbre chaud et sombre, d’une remarquable projection, il dispose déjà de toutes les qualités pour l’imaginer en Scarpia… en dépit d’un certain cabotinage.
Ante Jerkunica propose une interprétation honorable du rôle de Balthazar, riche en harmoniques sombres, toutefois on regrette une absence de modulation dans son interprétation selon qu’il distille ses conseils à son protégé en tant que supérieur du monastère ou qu’il invective le roi de rester dans les convenances imposées par la foi catholique lorsqu’il se fait l’émissaire du pape.
Tant Elena Tsallagova (Inès) que Matthew Newlin (Don Gaspar) excellent dans leur rôle respectif de confident et sont à la mesure des interprètes principaux.
Le chœur du Deutsche Oper quant à lui est remarquable dans l’équilibre qu’il maintient avec les différentes forces musicales en présence. Ses interventions piano sont particulièrement subtiles et réussies au IVe acte.