Si tu ne vas pas à l’opéra, l’opéra ira-t-à toi ! Ainsi, l’Opéra de Nice a-t-il décidé d’aménager une nouvelle une scène dans son centre de répétition et de décors de la Diacosmie, situé près d’un quartier exérieur« difficile ». Le but : attirer un nouveau public.
Afin d’apprivoiser l’accès à ce hangar à décors, semblable à un hall de brocanteur, un immense tapis rouge a été déroulé.
Au bout du tapis rouge nous attendait la Dame blanche .
Ici les conditions de représentation sont réduites : pas de décor ni de fosse. L’orchestre est placé sur scène derrière les chanteurs.
Pour être franc, nous étions inquiet sur le résultat. Et à l’arrivée, surprise : un spectacle totalement réjouissant !
Derrière son voile, tout le charme d’Amélie Robins © Dominique Jaussein
La metteure en scène Valérie Nègre a imaginé de nous montrer une sorte de répétition transformée en spectacle. C’est réussi. On y voit les chanteurs arriver en tenues contemporaines, se congratuler, se préparer, effectuer des vocalises et exercices d’assouplissement, enfiler leurs costumes de scène, chanter leur air puis retourner sur leurs chaises à leurs partitions. Tout cela donne un spectacle amusant, bien ficelé, touchant, réduit à deux heures au lieu de trois.
L’histoire ? Celle d’une « Dame blanche » qui hante un château écossais et, retrouvant son ancien amoureux, le pousse à racheter ledit château grâce au trésor retrouvé de ses anciens propriétaires.
Amélie Robins a un charme fou, vocal et personnel. Elle déroule des vocalises aussi souples que le voile blanc qui lui cache le visage.
Le ténor rossinien Patrick Kabongo nous séduit par le velours de son timbre et la douceur avec laquelle il monte dans l’aigu.
En Sophie Marin-Degor – rôle de Jenny la fermière – on admire la musicalité du chant mais aussi l’expression du visage. Une vraie comédienne !
Le baryton Laurent Kubla impressionne par la solidité de sa voix et son autorité expressive. Il joue le rôle du méchant qui veut s’emparer du château à la place du jeune couple.
La mezzo Marie Kalinine – Marguerite, la nourrice – déroule un beau chant, musical et bien timbré.
On applaudit le ténor Luca Lombardo dont on connaît depuis longtemps la maîtrise et métier, ainsi que Mickael Guedj, qui fait autorité dans cette scène de vente aux enchères si étonnante de modernité pour l’époque de Boïeldieu.
On a senti une vraie joie dans la direction d’Alexandra Cravero. Sous sa baguette efficace, le chœur et l’orchestre rendirent justice à l’agréable musique de Boïeldieu, aujourd’hui oubliée, située au carrefour de Mozart et de Rossini. Elle a réussi la prouesse d’obtenir une cohésion parfaite dans des ensembles vocaux dont les chanteurs étaient derrière son dos.
A la Diacosmie à Nice cette « Dame » est à marquer… d’une pierre blanche !