Forum Opéra

L'Amour des trois oranges — Paris (Bastille)

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
23 juin 2012
Juteuses mais sans tache

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

L’Amour des trois oranges Opéra en un prologue et quatre actes, livret du compositeur d’après Carlo Gozzi Créé au Lyric Opera de Chicago le 30 décembre 1921 Mise en scène Gilbert Deflo Décors et costumes William Orlandi Lumières Joël Hourbeigt Chorégraphie Marta Ferri Le Roi de Trèfle Alain Vernhes Le Prince Charles Workman La Princesse Clarice Patricia Fernandez Léandre Nicolas Cavallier Trouffaldino Andreas Conrad Pantalon Igor Gnidii Tchélio Vincent Le Texier Fata Morgana Marie-Ange Todorovitch Linette Alix Le Saux Nicolette Alisa Kolosova Ninette Amel Brahim-Djelloul La Cuisinière Hans-Peter Scheidegger Farfarello Antoine Garcin Sméraldine Lucia Cirillo Le Maître de Cérémonie Vincent Morell Le Héraut Alexandre Duhamel Orchestre et chœur de l’Opéra national de Paris Chef de chœur : Alessandro di Stefano Direction musicale Alain Altinoglu Opéra Bastille, samedi 23 juin 2012, 19h30

 

Le metteur en scène belge Gilbert Deflo n’a pas toujours suscité l’enthousiasme avec les différents spectacles qui lui ont été confiés à l’Opéra de Paris, mais cet Amour des trois oranges est probablement ce qu’il a proposé de mieux sur la première scène nationale, et l’on comprend que cette production, créée en 2005, filmée et commercialisée en DVD, reprise en 2006, nous revienne cette saison. Voilà une mise en scène parfaitement lisible, qui associe différents univers avec un goût et une intelligence exemplaires : le cirque, avant tout, avec un décor en forme de piste aux étoiles et les Ridicules devenus des clowns en salopette blanche, mais aussi la Commedia dell’Arte, comme y invitent les origines italiennes du livret et le nom de plusieurs personnages, et enfin les années 1920, avec le couple Clarice-Léandre, vamp et bellâtre de cinéma muet, et avec les groupes présents dès le prologue, Tragiques, Comiques, Lyriques et Têtes Vides, parfaitement caractérisés par leurs attitudes et leurs costume (bravo à William Orlandi), qui évoquent « Relâche » et autres créations de l’Avant-Garde des Années Folles. Devant la totale réussite d’un spectacle aussi impeccablement réglé, l’enthousiasme incite à goûter le résultat d’ensemble sans nécessaire s’attarder sur le détail de chaque prestation. Alain Altinoglu dirige avec brio une partition qui fait la part belle à l’orchestre, avec sa célébrissime Marche que plus d’un spectateur fredonne en sortant de la salle. Avec l’orchestre, le Chœur de l’Opéra de Paris est l’autre pilier de l’œuvre, fonction qu’il remplit admirablement.

 

Si L’Amour des trois oranges n’est peut-être pas de ceux qui font courir les lyricomanes, ce n’en est pas moins un opéra bien commode à programmer. Il a moins de cent ans, d’où le vernis de modernité qu’elle confère à une saison, et il n’appelle aucune performance vocale hors du commun. Tout juste pourra-t-on excepter le rôle du Prince, nettement plus exigeant que les autres personnages : Charles Workman est depuis 2005 l’incontournable protagoniste de ce spectacle, promenant avec une grâce lunaire sa grande silhouette dégingandée qui recrée un mime Deburau revu par Jean-Louis Barrault. Découvert à Paris il y a près de vingt ans, le ténor américain paraît légèrement en difficulté dans les passages les plus tendus, frôlant même l’accident au troisième acte. Autour de lui – et de Lucia Cirillo, Sméraldine depuis la création de cette production –, la distribution évolue au fil des ans. Après avoir été Tchélio en 2006, Alain Vernhes revient cette fois en Roi de Trèfle ; l’âge commence à se faire sentir, et l’on aimerait dans certains passages entendre une vraie basse. Déjà Clarice en 2006, Patricia Fernandez retrouve un personnage qu’elle campe fort bien scéniquement, mais où sa diction gagnerait à être plus claire. Vincent Le Texier, qui fut Léandre à Lyon en 1989, dans la fameuse production de Louis Erlo, devient un Tchélio sans doute plus en voix que ses prédécesseurs, et l’on regrette que Prokofiev n’ait pas donné plus à chanter au magicien.

Il est assez cocasse de songer que, si L’Amour des trois oranges fut créé en français plutôt que dans la langue maternelle du compositeur, c’est parce que le directeur musical de l’opéra de Chicago, Cleofonte Campanini, estimait qu’il serait difficile de réunir une troupe de chanteurs russes. Aujourd’hui, la difficulté serait plutôt devenue inverse : la distribution ne compte néanmoins que deux slavophones, Alisa Kolosova en princesse Nicolette, et Igor Gnidii en Pantalon. Et à part la – forcément – truculente Cuisinière de Hans-Peter Scheidegger, basse suisse qui fait ainsi ses débuts à l’Opéra de Paris, l’avantage de l’œuvre de Prokofiev est aussi de fournir toute une série de rôles assez légers à nos compatriotes, notamment Antoine Garcin, bondissant Farfarello, Amel Brahim-Djelloul, grâcieuse Ninette, ou Alexandre Duhamel, solide Héraut. Nicolas Cavallier tire le maximum des quelques phrases que lui offre le personnage du pleutre Léandre. Marie-Ange Todorovitch se déchaîne en Fata Morgana, même si pour elle aussi, le rôle exige plus d’expressivité que de prouesses vocales. Et surtout, Eric Huchet est le grand triomphateur de la soirée, Trouffaldino exemplaire (comme il l’était déjà à Dijon en 2009), et l’on se dit que ce ténor-là a de quoi aborder bien davantage que les figures « de caractère » et autres bouffons auxquels il a jusqu’ici été cantonné. Espérons que son Elemer dans Arabella, avec lequel il alterne sur cette même scène de l’Opéra Bastille, lui vaudra d’être remarqué et distribué dans des emplois plus importants.

 

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

4

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

L’Amour des trois oranges Opéra en un prologue et quatre actes, livret du compositeur d’après Carlo Gozzi Créé au Lyric Opera de Chicago le 30 décembre 1921 Mise en scène Gilbert Deflo Décors et costumes William Orlandi Lumières Joël Hourbeigt Chorégraphie Marta Ferri Le Roi de Trèfle Alain Vernhes Le Prince Charles Workman La Princesse Clarice Patricia Fernandez Léandre Nicolas Cavallier Trouffaldino Andreas Conrad Pantalon Igor Gnidii Tchélio Vincent Le Texier Fata Morgana Marie-Ange Todorovitch Linette Alix Le Saux Nicolette Alisa Kolosova Ninette Amel Brahim-Djelloul La Cuisinière Hans-Peter Scheidegger Farfarello Antoine Garcin Sméraldine Lucia Cirillo Le Maître de Cérémonie Vincent Morell Le Héraut Alexandre Duhamel Orchestre et chœur de l’Opéra national de Paris Chef de chœur : Alessandro di Stefano Direction musicale Alain Altinoglu Opéra Bastille, samedi 23 juin 2012, 19h30

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle