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Vespro della Beata Vergine — Baden-Baden

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Spectacle
15 avril 2011
Jordi Savall, le Karajan du baroque

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Emanuela Galli, Lia Serafini, Monica Piccinini, Elisabetta Tiso, soprani
David Sagastume, contreténor
Makoto Sakurada, Lluis Vilamajo, ténors
Furio Zanasi, baryton
Sergio Foresti, Daniel Carnovich, basses
La Capella Reial de Catalunya
Le Concert des Nations
direction : Jordi Savall
Baden-Baden, Festspielhaus, 15 avril 2011

Jordi Savall est l’auteur d’une remarquable intégrale des Vespro de Monteverdi parue en 1989 chez Astrée (aujourd’hui chez Alia Vox). Cet enregistrement avait été couronné de toutes les récompenses possibles et imaginables. Depuis, il y a eu Junghänel, Garrido, Christie (sans doute l’une des meilleures versions), Kuijken et plus récemment Alessandrini ou Pluhar. Il était donc intéressant de confronter Savall à lui-même mais aussi à toutes ces versions dont certains des interprètes se sont nourris (Garrido, Christie, Alessandrini).

 

Hormis L’Orfeo (Monteverdi) ou Farnace (Vivaldi) par exemple, Savall s’est peu frotté au genre opéra qui ne lui va certes guère. Le (prodigieux) violiste est davantage tourné vers le son que vers le drame. On en a eu une illustration de plus ce soir : l’hédonisme prime. Pour un peu, on croirait entendre l’équivalent du Karajan des années 80-90 à Berlin. C’est donc un déluge de somptueuses sonorités venant tant du chœur que de l’ensemble instrumental qui ont inondé nos oreilles. Tout est superbement modelé et, hormis quelques faiblesses du côté des cordes aiguës, tout rutile. Le continuo, très beau, rassemble ainsi clavecin, orgue, théorbe et harpe (jouée par rien de moins que Andrew Lawrence-King s’il vous plaît).

Seulement, cet hédonisme se suffit un peu trop souvent à lui-même. Cela peut certes séduire mais le discours est très rond et poli et, excepté quelques contrastes dans le continuo, affiche peu de relief. Même les chanteurs (sans doute aussi choisis dans ce but) semblent priés de se fondre dans ce moule et de laisser en berne un caractère trop dramatique (ainsi que le texte, peu présent) et tous ou presque s’y confinent. Tout cela est donc beau mais ne vibre guère…

Ce n’est que dans le Magnificat que la vie semble enfin naître pour de bon avec de la personnalité dans une direction qui réserve quelques surprises (comme cet accent sur le deuxième « i » du « Magni – i – ficat » initial).

 

On l’a dit, point de voix exceptionnelles pour ces Vespro très contemplatives. Même Furio Zanasi, pourtant si grand Orfeo, est comme éteint ce soir, avec quelques sons bas étonnants.

Les basses sont impeccables (on note d’ailleurs le présence de Daniele Carnovich, tout comme dans l’enregistrement de 1989 !), les quatre sopranos sont jolies à croquer tandis que le contreténor solide et sonore de David Sagastume domine sans peine tout ce beau monde dans les ensembles lorsqu’il chante les valeurs longues des cantus firmus. Les ténors sont plus dépareillés avec un Makoto Sakurada dont le chant assez raide contraste avec celui plus extérieur et nuancé de Lluis Vilamojo. Leurs dialogues en écho (dans le Gloria du Magnificat par exemple) sont ainsi cruels : l’un est droit, l’autre cisèle de belles courbes dans ses vocalises… L’un chante sanctA (comme il se doit), l’autre SanctO… Au sujet de ces dialogues, il est par ailleurs fort dommage que les échos n’en soient pas véritablement, le chanteur (ou l’instrumentiste) faisant l’écho se contentant d’être dans les coulisses et non à un balcon par exemple. Le fait que l’œuvre soit donnée dans une salle de concert n’aide certes pas.

 

Le chœur, auquel se joignent les solistes pour les pièces à double chœur comme le Nisi Dominus (d’ailleurs fort réussi), est superbe et offre une sonorité très homogène ce qui confère à toutes les pièces chorales une splendeur indéniable. Mais est-ce tout ce que l’on attend d’une œuvre aussi riche et palpitante que ces Vespro ?… Rien n’est moins sûr. D’ailleurs, après un Magnificat enfin plus fervent que tout le reste, Savall et ses troupes offrent en bis le Da Pacem d’Arvo Pärt (reprise et arrangement d’une œuvre pour orgue, Pari Intervallo) en mémoire aux victimes du Japon. Les musiciens semblent comme libérés de l’entrave de la vision du chef dans Monteverdi et offrent une vibrante interprétation de cette très belle pièce.

 

 

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Emanuela Galli, Lia Serafini, Monica Piccinini, Elisabetta Tiso, soprani
David Sagastume, contreténor
Makoto Sakurada, Lluis Vilamajo, ténors
Furio Zanasi, baryton
Sergio Foresti, Daniel Carnovich, basses
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direction : Jordi Savall
Baden-Baden, Festspielhaus, 15 avril 2011

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