Qu’il paraisse, et Jonas fait entrer en fusion
Les plus chenues mémés tressuant dans leur vison.
Une grâce ! Un sourire ! Un timbre ! Une tenue !
Les hommes sont jaloux et les femmes sont nues.
Ces Kalman, ces Lehar qu’on connaît peu en France
Sonnèrent familiers comme des airs d’enfance.
Las, il fallut compter, ô larmes, ô douleur,
Ce soir avec un chef d’une immense lourdeur.
Par les rues de Berlin il ne nous mena guère,
Mais plutôt de Munich quand on fête la bière.
Et les bruyants flonflons de sa formation
Chauffant leurs instruments jusqu’à ébullition,
Evoquaient trait pour trait la grâce débonnaire
Des Panzerdivisions du temps de nos grands-pères.
Aigu pris en dessous mais qui va en s’enflant,
Piano détimbré comme un soupir galant :
De trucs et de tics, Jonas ne manque pas,
Mais la foule enivrée ne les remarque pas.
Micro, déhanchements, cabotin de génie,
Il emballe la salle qui trépigne et qui jouit.
Qu’ils aient nom Stolz, Lehar, Tauber ou Kalman,
Tous s’effacent ce soir : ne reste que Kaufmann.
On cède ou l’on résiste, on s’engoue ou l’on tique,
Mais il a un secret désarmant la critique :
Cet étrange talent qui s’appelle le chic.