Forum Opéra

Le Joueur — Barcelone

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
29 juin 2010
Jeu de rôles gagnant

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra en quatre actes
Livret du compositeur d’après le roman homonyme de Dostoïevski
Créé en 1929 dans sa version française au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles

Détails

Général : Vladimir Ognovenko Pauline : Olga Guryakova Alexeï : Mikhaïl Vekua Grand-mère : Elena Obraztsova Marquis : Stephan Rügamer Astley : Joan Martin-Royo Blanche : Olga Savova Baron Würmerhelm : Mriano Viñuales Prince Nilski : Francisco Vas Potapitch : Plamen Kumpikov Cor del Gran Teatre del Liceu Orquestra Simfónica de Barcelona i Nacional de Catalunya Aleksander Anissimov Barcelone, Gran Teatre del Liceu, 29 juin 2010

Qui sait si cette martingale de sécurité résultait d’un calcul avisé ou bien d’un heureux hasard, mais l’idée de présenter en parallèle La Dame de pique et Le Joueur — deux opéras russes sur le thème du jeu — a permis au Liceu d’emporter la partie.

Distantes de près de quarante ans, ces œuvres lyriques ont un autre point commun : la nécessité d’avoir un solide ténor dans le rôle pivot. Or, peu avant la générale de la Dame de Pique, Ben Heppner, en dépit de sa volonté, se montrait chaque jour plus défaillant en répétition. Heureusement, le théâtre disposait d’un Hermann de rechange. Encore fallait-il avoir aussi en main un ténor capable de chanter Alexeï dans Le Joueur. Pari gagné sur les deux tableaux.

Ce Joueur s’avère une réussite exemplaire d’opéra en concert. Le jeune ténor russe Mikhaïl Vekua, engagé au Liceu pour deux rôles minuscules, fait mieux qu’un sauvetage. Son Alexeï ardent, à la voix claire et bien projetée, s’impose d’emblée et relève aisément le défi.

 

Très en beauté dans une longue robe framboise, la soprano Olga Guryakova s’épanouit dans Pauline ; ses aigus ont perdu toute stridence et sa voix puissante devenue ainsi plus homogène a acquis une séduction nouvelle. Le chant d’Elena Obraztsova est irréprochable, mais pour avoir la force du roman, le rôle de la tumultueuse grand-mère demanderait davantage de hargne et d’excentricité ; le livret ne lui en laisse guère la possibilité. On remarque également la mezzo Olga Savova (Blanche) et le ténor allemand Stephan Rügamer, un Marquis élégant, agréable chanteur et fin comédien. À l’applaudimètre, le gros lot revient indiscutablement au Général de Vladimir Ognovenko. Si la voix de cette basse profonde, qui a chanté avec brio le répertoire russe sur les plus grandes scènes d’opéra, est parfois un peu rugueuse, le chant demeure intense avec de belles notes tenues et un jeu des plus expressifs. Tous ces interprètes caractérisent chaque personnage avec justesse et parviennent sans mise en scène à recréer le climat d’une intrigue nourrie du génie de Dostoïevski — joueur lui-même — jusqu’à son dénouement angoissé et angoissant.

 

Avec ses tournoiements étourdissants, ses subtilités, ses injonctions à accélérer davantage et ses ostinatos, la partition de Prokófiev suggère de manière saisissante la perte de contrôle des joueurs quand l’appât du gain ou la nécessité de « se refaire » s’empare de leur esprit pour les conduire à une folie qui balaye tout le reste. Faisant écho au personnage d’Astley contemplant avec détachement le marasme dans lequel se débattent les malheureux en proie à leur passion dominante, Prokofiev multiplie les incursions moqueuses de divers instruments en solo. Tandis que sans aucun développement symphonique, avec une écriture orchestrale aride mais puissamment théâtrale, la musique, constamment sous tension, finira par atteindre le long paroxysme cauchemardesque qui clôt le dernier acte.

 

Sous la baguette habitée d’Aleksander Anissimov, chef ondoyant, tour à tour orfèvre, dompteur et excitateur, l’orchestre catalan, dans une admirable symbiose avec les choristes et les solistes, restitue à l’œuvre profondément russe de Prokofiev sa portée universelle.

 

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

4

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Opéra en quatre actes
Livret du compositeur d’après le roman homonyme de Dostoïevski
Créé en 1929 dans sa version française au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles

Détails

Général : Vladimir Ognovenko Pauline : Olga Guryakova Alexeï : Mikhaïl Vekua Grand-mère : Elena Obraztsova Marquis : Stephan Rügamer Astley : Joan Martin-Royo Blanche : Olga Savova Baron Würmerhelm : Mriano Viñuales Prince Nilski : Francisco Vas Potapitch : Plamen Kumpikov Cor del Gran Teatre del Liceu Orquestra Simfónica de Barcelona i Nacional de Catalunya Aleksander Anissimov Barcelone, Gran Teatre del Liceu, 29 juin 2010

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle