Forum Opéra

Il turco in Italia — Aix-en-Provence

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
13 juillet 2014
Malchance ou prescience ?

Note ForumOpera.com

1

Infos sur l’œuvre

Dramma buffo en deux actes

Livret de Felice Romani

Créé le 14 août 1814 au Teatro alla Scala de Milan

Détails

Mise en scène

Christopher Alden

Décors

Andrew Lieberman

Costumes

Kaye Voyce

Lumière

Adam Silverman

Selim

Adrian Sâmpetrean

Fiorilla

Olga Peretyatko

Don Geronio

Alessandro Corbelli

Narciso

Lawrence Brownlee

Prosdocimo

Pietro Spagnoli

Zaida

Cecelia Hall

Albazar

Juan Sancho

Ensemble vocal Aedes

Les Musiciens du Louvre Grenoble

Festival d’Aix-en-Provence, Théâtre de l’Archevêché

Dimanche 13 juillet, 21h30

Le sort s’est acharné sur la nouvelle production du Turco in Italia : annulation de la première représentation suite à mouvement de grève puis, en raison du mauvais temps, report semi-scénique de la deuxième au Grand Théâtre de Provence. Malchance ou prescience ? De cet opéra charnière dans l’œuvre de Rossini, de ce désopilant jeu de miroirs qu’une insolite mise en abyme rend genial, Christopher Alden ne fait rien. Que le décor – au pluriel dans le programme, pourquoi ? – d’Andrew Liebermann et les costumes de Kaye Voyce ne satisfassent pas nos critères esthétiques, passe encore (même si l’on voudrait rappeler que le mur de Berlin étant tombé il y a plus d’une dizaine d’années, il est permis de tourner la page). Mais que les ressorts de l’action apparaissent distendus au point de la rendre difficile à suivre, voilà qui dérange davantage. Fiorilla est une coquette dont les jambes fines d’Olga Peretyatko, abondamment exposées, expliquent à qui ne l’aurait pas compris le sex-appeal. Le Poète écrit son drame à vue et le tapotis de sa machine à écrire pollue – en rythme, s’il vous plait – l’espace sonore. L’air d’Albazar, ajouté par Felice Romani, est di sorbetto (c’est-à-dire tellement secondaire qu’il était à l’époque l’occasion de déguster des sorbets). Jeune ténor à la voix encore verte mais à l’abattage certain, Juan Sancho réussit son numéro. Le chœur envahit la scène un pot de crème glacée à la main. Comprenne qui pourra.

Le livret ne fait pas plus de cas du personnage de Narciso que la coquette Fiorilla n’y attache d’importance. Fallait-il pour autant maltraiter un chanteur de la trempe de Lawrence Brownlee ? L’amant malheureux, présenté comme un simple d’esprit, est contraint d’interpréter dans des positions difficiles ses deux airs – la cavatine du premier acte composée pour la représentation romaine de 1815 ayant été opportunément rétablie. La technique, pourtant remarquable, ne peut faire des miracles lorsqu’il s’agit de chanter couché des notes périlleuses.


© Patrick Berger / artcomart’

Lors de la grande fête du deuxième acte, les choristes masculins de l’Ensemble Aedes se déguisent en femme, s’alignent sur l’avant-scène et puis s’en vont. Pourquoi les travestir si l’on n’en fait pas plus cas ? Humiliée, Fiorilla refuse de chanter sa grande scène. Une poignée de prétendantes au rôle surgissent de la coulisse pour convaincre le Poète de leur talent. Pour une fois, c’est amusant. Se succèdent ainsi les clins d’œil, plus ou moins subtils, plus ou moins bienvenus, plus ou moins intelligibles sans qu’un moindre fil dramaturgique ne vienne les relier. Selim, Fiorella, Zaida et leurs camarades : des pantins, des marionnettes privées de marionnettiste. Mais que fait Prosdocimo, le poète censément élevé au rang de démiurge ? Lorsqu’il n’arrache pas rageusement les feuilles de sa machine à écrire, il brasse de l’air.

Heureusement, son interprète, Pietro Spagnoli, à suffisamment de métier et d’éloquence pour mener le bal vocal. Marc Minkowski peut compter sur le pianoforte de Francesco Corti pour apporter une touche d’humour au discours musical. Sa direction a de l’à-propos, mieux de l’esprit, mais de trop nombreux décalages en atténuent la portée. Les ensembles rossiniens exigent davantage de précision. Rompu aux tours et détours véloces d’une partition qu’il connaît sur le bout des doigts, Alessandro Corbelli est un Don Geronio truculent, sur lequel les ans commencent à peser. Adrian Sampetrean possède l’agilité, la longueur et l’ampleur requises par Selim. La scénographie aurait pu mieux mettre à profit sa belle prestance.

Appelée le lendemain à chanter sous la Tour Eiffel, Olga Peretyatko ne ménage pas sa peine. Perruque blonde, rousse ou brune, la soprano a le physique de son rôle, incontestablement. La voix, fruitée, peut sembler légère pour qui a dans l’oreille Maria Callas et Cécilia Bartoli, les deux Fiorilla discographiques de référence. Le style, appris sur les bancs de Pesaro – la Mecque rossinienne – , n’est jamais pris en défaut. Trilles, messa di voce, coloratures et autres effets belcantistes agrémentent le chant. La projection paraît limitée. Est-ce un effet du surmenage ? Surtout, la grande scène finale, bien que brillante, laisse une impression d’inachèvement, comme si, dans ce numéro de haute voltige, la voix ne concédait pas à la chanteuse tout ce que lui suggère son tempérament. En deçà de nos attentes donc, à l’image de la soirée.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

1

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Dramma buffo en deux actes

Livret de Felice Romani

Créé le 14 août 1814 au Teatro alla Scala de Milan

Détails

Mise en scène

Christopher Alden

Décors

Andrew Lieberman

Costumes

Kaye Voyce

Lumière

Adam Silverman

Selim

Adrian Sâmpetrean

Fiorilla

Olga Peretyatko

Don Geronio

Alessandro Corbelli

Narciso

Lawrence Brownlee

Prosdocimo

Pietro Spagnoli

Zaida

Cecelia Hall

Albazar

Juan Sancho

Ensemble vocal Aedes

Les Musiciens du Louvre Grenoble

Festival d’Aix-en-Provence, Théâtre de l’Archevêché

Dimanche 13 juillet, 21h30

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle