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Ian Bostridge, Mahler intimiste — Paris (TCE)

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Spectacle
15 janvier 2022
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2

Infos sur l’œuvre

Détails

Gustav Mahler

Des Knaben Wunderhorn, extraits

Richard Strauss

Métamorphoses

Gabriel Fauré

Pelléas et Mélisande, suite

Benjamin Britten

French Folk Songs

Ian Bostridge, ténor

Orchestre de Chambre de Paris

Direction musicale et piano

Lars Vogt

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, jeudi 13 janvier 2022, 20h00

Artiste atypique, ténor, poète, essayiste, Ian Bostridge aime épouser la mélodie française et le Lied, où le texte et la musique font part égal. Il n’est donc guère étonnant de le retrouver dans le programme proposé hier soir au Théâtre des Champs-Elysées, intitulé « Mahler intimiste », bien que celui-ci ne soit ni intimiste ni intégralement consacré au compositeur ni d’ailleurs au chant, tant la part belle est faite ici aux œuvres orchestrales. Le chanteur ne s’est en effet produit en tout et pour tout qu’une trentaine de minutes, ce qui est un peu court sur un programme de presque deux heures, s’ouvrant sur Des Knaben Wunderhorn de Mahler et se terminant sur les French folk songs de Britten. Entre ces deux rives, l’une germanophone et l’autre francophone, 50 minutes de musique : « Les Métamorphoses », étude pour cordes de Strauss suivi du Pelléas et Mélisandre de Fauré. Longue fut la traversée symphonique pour un programme dit« Mahler intimiste » (et fort brève la minute bostridgienne), ce qui n’enlève toutefois en aucune manière à l’artiste toute la maestria dont il est capable dans les Lieder et mélodies, et qui s’est de nouveau illustré dans cette soirée au contenu singulier plus orchestral que vocal.

Ian Bostridge possède deux atouts indéniables pour aborder le Des Knaben Wunderhorn malhérien : sa tessiture et sa facilité à chanter l’Allemand à laquelle le prédispose sa langue maternelle. Ce cycle, déjà abordé avec talent par l’artiste dans son album « Pity of War », est le plus souvent défendu par des voix graves, ce qui rend d’autant plus intéressantes les incursions d’un ténor dans ce répertoire, surtout si celui-ci est doté de la parfaite élocution dans l’esprit de la lumineuse mélancolie d’un Mahler. Certes la compréhension du texte portée par une diction articulée au cordeau et une posture accompagnant chaque mot d’un balancement du corps, pourrait apparaître trop travaillée et par là même peu naturelle. Mais cette approche originale a également pour vertu de faire éclore des perspectives inédites ou des détails inattendus. La justesse du phrasé et la beauté de la ligne confèrent à son chant une expression d’une bouleversante humanité. Si Bostridge porte une émotion à fleur de peau au fil des mots, il en joue toutefois modérément et sait tempérer les ondes romantiques par une incarnation stylistiquement  mordante, aux accents parfois rageurs. La puissance d’évocation du ténor est d’ailleurs bien trop habitée pour se réfugier dans la seule complainte  comme d’autres le font avec facilité. Il y ajoute une verve expressive d’une rare intensité presque épidermique.

Quant aux French Folk Songs de Britten, ils sont ici défendus  par un artiste qui sait en déceler toute la gouaille populaire qui traduit bien les sentiments d’excitation, d’espoir et de passion. Il contribue à donner au récit une dynamique indéniable qui fait à la perfection écho au rythme enlevé de ces chansons.

Ian Bostridge a gagné au fil du temps une forme de liberté qui donne aux mots une saveur unique et personnelle. Le ténor livre ainsi une composition originale qui n’appartient qu’à lui, en poussant à son paroxysme l’analyse pour en extirper une sensibilité nouvelle et un art unique. Il est fort dommage que tout ceci ait été un peu court, et que l’orchestre de chambre de Paris se soit finalement davantage exprimé dans ce programme que le chanteur lui-même. A cet égard, le chef Lars Vogt étonne parfois dans sa proposition des Métamorphoses, où un romantisme éthéré, pour ne pas dire sirupeux, prend le pas sur les accents plus dramatiques de l’œuvre où s’expriment toutes les fulgurances d’un chagrin encore vivace que doivent traduire les cordes et dont hélas les effets sont ici atténués.

Le concert se termine sur une conclusion étonnante, celle d’un micro-récital, Lars Vogt se mettant derrière le piano que l’on a installé en bord de scène, pour accompagner Ian Bostridge dans deux exquises interprétations dont ce dernier a le secret de Der Wanderer et le Nacht und traüme de Schubert. Cette formule piano-voix n’aurait-elle pas finalement davantage convenue à un programme qui se voulait par son intitulé « intimiste »…

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