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La scala di seta — Paris (TCE)

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Spectacle
26 avril 2011
Farsa alla francese

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Gioacchino ROSSINI (1792-1868)
LA SCALA DI SETA
Opéra-bouffe en un acte
Livret de Giuseppe Maria Foppa
Création le 9 mai 1812,Venise,Teatro San Moisè
Mise en scène, Christian Schiaretti
Assistant, Grégory Voillemet
Scénographe, Renaud de Fontainieu
Costumes,Annika Nilsson
Lumières, Julia Grand
Dormont, Leonardo De Lisi
Giulia, Ruth Rosique
Lucilla, HjördisThébault
Dorvil, Juan Antonio Sanabria
Blansac, Ugo Guagliardo
Germano,Pierre-Yves Pruvot
La Grande Écurie et la Chambre du Roy
Jean-Claude Malgoire
Paris, Théâtre des Champs-Élysées, 26 avril 2011

Mitonnée sur feu modéré, délicatement pimentée et servie brûlante, cette Scala di seta, d’après la recette élaborée par Christian Schiaretti, se savoure avec plaisir et se digère facilement.

 

Principaux ingrédients : un tuteur matois, sa jolie pupille, secrètement en puissance d’un mari possessif et jaloux, sa cousine aux hormones hyperactives, un séducteur prêt à se nicher sous tous les jupons. Enfin, un serviteur nigaud et sentimental qui met joyeusement les pieds dans le plat et fait éclater une confusion générale hilarante.

 

Sous la direction affectueusement malicieuse de Jean-Claude Malgoire, attentif à laisser aux chanteurs le temps de s’ébattre et de s’exprimer, La Grande Écurie et la Chambre du Roy a un certain mal à laisser s’échapper toutes les bulles des cellules rythmiques rossiniennes qui tourbillonnent, se figent et se régénèrent en permanence. Au début surtout, les vents sont un peu imprécis et les tutti forte, plaqué sen coups de boutoir, manquent de la brillance indéfinissable propre au cygne de Pesaro. Petites réserves sur une prestation plus qu’honnête à laquelle il convient d’associer celle du continuo. Notons que pour faciliter la cohésion de cette œuvre en un acte, donnée ici en deux parties, Malgoire fait reprendre intégralement, après l’entracte, le quatuor « Se che unito a cara sposa ».

 

Le dispositif scénique pourrait être celui d’une pièce de Feydeau ou de Labiche où les quiproquos et les chassés croisés se culbutent. Surplombant un salon bourgeois avec lequel elle communique par un escalier, la chambre de Guilia possède un balcon d’où pend une échelle que l’on devine. Elle ne sera qu’à peine entrevue au moment de l’heureux dénouement sous forme d’un chapelet de porte-jarretelles en dentelle — de soie ! Un gag bien dans l’esprit de cette production gentiment gauloise. Si le livret perd en légèreté, le spectateur français et y gagne sans nul doute en clarté.

 

Grâce à une distribution judicieuse et équilibrée, les cinq personnages sont fort bien caractérisés. Dans le rôle de la jeune première, Giulia, la soprano barcelonaise, Ruth Rosique déploie une aisance vocale et scénique à laquelle s’ajoute le charme d’un timbre soyeux et d’un chant juste et sensible. Son duo avec son serviteur en première partie et son aria «  Il mio ben sospiro e chiamo »sont parmi les meilleurs moments musicaux de la soirée.

 

Avec sa nature franche et sa voix saine, plutôt droite, HjördisThébault1 interprète l’aguicheuse cousine Lucilla ; elle exécute sans détours mais non sans nuances son unique et délicieuse aria « Sentotalor n’ell anima » qui lui vaut des applaudissements. Toujours engagée dans l’action, la soprano française fait preuve d’une veine comique qui ne demanderait qu’à s’épanouir dans des rôles plus consistants.

 

Du côté masculin, entre le ténor bien chantant Leonardo De Lisi, tout à fait crédible dans ce tuteur buffo et le chanteur sicilien, Ugo Guagliardo dont la tessiture grave et l’élégance conviennent à Blansac, le solide ténor espagnol  Juan Antonio Sanabri aau timbre un peu nasal, compensé par une bonne projection incarne un mari secret entreprenant, possessif, plutôt sexy. Mais la part la plus belle offerte par Rossini revient à Germano, interprété par l’excellentissime Pierre-Yves Pruvot. Diction précise, puissance vocale, intelligence du texte, sens du gag, le baryton sait extraire tout le miel de ce personnage risible par sa naïveté et sa maladresse, mais touchant car sincèrement épris.

 

Ainsi représentée dans un esprit vaudevillesque à la française où les récitatifs pèsent parfois un peu lourdement, cette Scala di seta ne manque nullement son but : elle fait beaucoup rire. À la place des saluts traditionnels, le spectacle se termine dans un généreux esprit troupier mimant des « arrêts sur image » de multiples galipettes coquines accompagné d’un soutien d’orchestre bon enfant, sous la direction gourmande de son chef, Jean-Claude Malgoire.

 

Brigitte CORMIER

 

1 Cf. l’interview qu’elle nous a accordé

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Gioacchino ROSSINI (1792-1868)
LA SCALA DI SETA
Opéra-bouffe en un acte
Livret de Giuseppe Maria Foppa
Création le 9 mai 1812,Venise,Teatro San Moisè
Mise en scène, Christian Schiaretti
Assistant, Grégory Voillemet
Scénographe, Renaud de Fontainieu
Costumes,Annika Nilsson
Lumières, Julia Grand
Dormont, Leonardo De Lisi
Giulia, Ruth Rosique
Lucilla, HjördisThébault
Dorvil, Juan Antonio Sanabria
Blansac, Ugo Guagliardo
Germano,Pierre-Yves Pruvot
La Grande Écurie et la Chambre du Roy
Jean-Claude Malgoire
Paris, Théâtre des Champs-Élysées, 26 avril 2011

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