Forum Opéra

Die Perlen der Cleopatra — Berlin (Komische Oper)

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
24 février 2018
Kitsch ? Non, camp !

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opérette en trois actes, livret d’Alfred Grünwald et Julius Brammer

Créé au Theater an der Wien le 17 novembre 1923

Détails

Mise en scène

Barrie Kosky

Décors

Rufus Didwiszus

Costumes

Victoria Behr

Lumières

Diego Leetz

Chorégraphie

Otto Pichler

Dramaturgie

Simon Berger

Cleopatra

Dagmar Manzel

Silvius

David Arnsperger

Beladonis

Johanes Dunz

Charmian

Talya Lieberman

Pampylos

Stefan Sevenich

Kophra / Marcus Antonius

Peter Renz

Chœur et orchestre du Komische Oper

Direction musicale

Adam Benzwi

Komische Oper, Berlin, samedi 24 février, 19h30

Pour le mélomane français, biberonné à la voix d’Yvonne Printemps susurrant « Je t’aime, quand même », difficile d’imaginer qu’Oscar Straus puisse être associé à autre chose qu’au romantisme un peu nunuche de Trois Valses. Heureusement, au troisième acte de Drei Walzer, il y a « Je ne suis pas ce que l’on pense », qui laisse entendre une tout autre musique, et un tout autre esprit. C’est cette insolence des années folles que Barrie Kosky avait déjà révélée en montant en 2015 Une femme qui sait ce qu’elle veut (Madame Je Veux dans son adaptation française de 1935). En 2016, la redécouverte d’Oscar Straus au Komische Oper se poursuivait avec Die Perlen des Cleopatra, œuvre également conçue sur mesure pour la diva d’opérette Fritzi Massary. Il s’agissait cette fois d’une pièce à grand spectacle, mise en scène avec tout le faste qu’on peut imaginer avoir été celui de la création, à Vienne en 1923 puis à Berlin en 1924.

Le traitement réservé à ces Perles de Cléopâtre est conforme à une certaine manière de présenter aujourd’hui l’opérette pour la dépouiller de son côté kitsch, et si La Belle Hélène est le lointain ancêtre de l’œuvre de Strauss, en ce qui concerne la vision parodique de l’antiquité, on peut estimer que La Grande-duchesse de Gérolstein montée par Laurent Pelly aura eu une influene durable. Estompant délibérément le côté « Casanova féminin » du personnage d’Offenbach, cette production mettait en avant une grande-duchesse plus très jeune mais attendrissante. La Cléopâtre que donne à voir Barrie Kosky reste une croqueuse d’hommes, mais tout a été fait pour la dépouiller du côté « femme fatale » et pour que chacune de ses apparitions suscite le rire. On imagine bien que, pour le public allemand, les petites misères d’une femme placée à la tête d’un grand pays ont de quoi faire rire, d’autant que les dialogues parlés laissent la place à toutes sortes de plaisanteries hélas non traduites par le surtitrage…

Le spectacle joue aussi la carte de ce que les Anglo-Saxons appellent camp : avec ces danseurs en jupette, coiffés à la garçonne, qui reprennent la gestuelle de Josephine Baker, c’est le gay Berlin de Christopher Isherwood que l’on croit voir sur scène. Dans les décors composés de motifs géométriques en noir et blanc, les costumes multicolores renvoient à l’Egypte ancienne revue et corrigée par Erté et les revues de l’entre-deux-guerres.


© Iko Freese

Par opposition à la sonorisation aggressive mise en place pour Un violon sur le toit, le réglage est mieux fait : l’orchestre et les chœurs échappent aux micros, seuls les solistes vocaux en étant munis. Evidemment, toute l’opération repose sur la personnalité colossale de Dagmar Manzel : c’est sur le talent de l’actrice (la chanteuse a l’aigu un peu acide, il faut le reconnaître) que repose en partie le spectacle, sur l’art avec lequel elle multiplie les visages successifs comme elle multiplie aussi les voix, tantôt gutturale, tantôt mielleuse, tantôt gouailleuse, tantôt autoritaire… On peut évidemment imaginer une tout autre façon d’interpréter le personnage, mais ainsi défendue, cette conception-là emporte l’adhésion. On peut se demander à quoi ressembler le Viktorian Silvius de Richard Tauber, à la création, mais il est peu probable que le ténor ait pris au second degré l’héroïsme du personnage, ou qu’il soit apparu dans un « uniforme » qui aurait fait de lui un sosie d’Ida Rubinstein en Salomé : David Arnsperger assume, et profite de la sonorisation pour ne pas avoir à forcer ses moyens naturels. Dans un costume digne des Mille et une nuits imaginées par Bakst ou Poiret, Johannes Dunz est un très séduisant Beladonis, prince syrien selon le livret, ici devenu persan, sans doute pour des raisons liées à l’actualité, et dont l’éloge de sa « petite flûte » ne laisse aucun doute sur le sens coquin à lui donner. Talya Lieberman est une exquise Charmian, qui s’offre le luxe de jouer de la trompette à plusieurs reprises au cours de la soirée. Stefan Sevenich est très bien en ministre sans scrupules, et Peter Renz, vu en rabbin sénile dans Un violon sur le toit, est également convaincant en révolutionnaire sud-américain plutôt que nubien et en Marc-Antoine passablement éméché. Adam Benzwi dirige ses troupes avec un implacable sens du rythme, et l’on ne voit pas passer ces deux heures et demie.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

4

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Opérette en trois actes, livret d’Alfred Grünwald et Julius Brammer

Créé au Theater an der Wien le 17 novembre 1923

Détails

Mise en scène

Barrie Kosky

Décors

Rufus Didwiszus

Costumes

Victoria Behr

Lumières

Diego Leetz

Chorégraphie

Otto Pichler

Dramaturgie

Simon Berger

Cleopatra

Dagmar Manzel

Silvius

David Arnsperger

Beladonis

Johanes Dunz

Charmian

Talya Lieberman

Pampylos

Stefan Sevenich

Kophra / Marcus Antonius

Peter Renz

Chœur et orchestre du Komische Oper

Direction musicale

Adam Benzwi

Komische Oper, Berlin, samedi 24 février, 19h30

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle