Cecilia Bartoli s’impose comme une reine en Principauté de Monaco.
Elle s’apprête non seulement à prendre la direction de l’Opéra mais enchaîne également ses prestations vocales.
Récemment, elle a fait merveille dans un Turc en Italie dont Christophe Rizoud a fait ici l’éloge. Elle vient de récidiver dans cet air extraordinaire de Mozart « Ch’io mi scordi di te ? » qui est comme un double concerto pour voix et piano. Avec ses divers épisodes et ses changements de caractère, c’est un petit opéra à lui tout seul. Le texte commence par : « Que je t’oublie ? Ah non , la vie serait pire que la mort ! »
Mozart l’a dédié à Nancy Storace, créatrice de Suzanne dans les « Noces de Figaro ». Il en était certainement amoureux. Certains musicologues en doutent mais la musique l’affirme. Quoi de plus explicite, en effet, que ce couplet ouvert par un solo de piano « Non temer, amato bene, per te semper il cor sarà» (« Ne crains rien, ma bien aimée, mon cœur sera toujours à toi ») ? A la création de l’œuvre, Mozart était lui-même au clavier. Il s’adressait directement à Nancy Storace.
Mais qu’aurait-il dit, Mozart, s’il avait entendu Cecilia Bartoli, éblouissante de vocalises et de musicalité ? Il serait tombé à ses pieds !
Voilà plus d’un quart de siècle que son chant nous charme. Et ça ne semble pas près de s’arrêter !
A ses côtés, le pianiste David Fray fut un partenaire idéal, minutieux, précis. Toutes ses notes étaient belles comme des perles. Il en fit un collier autour du cou de la cantatrice. Quant au Philharmonique de Monte-Carlo dirigé par Kazuki Yamada, il accompagna le tout avec douceur et élégance. L’esprit de Mozart était là !
Ovation du public.
Bouquet de fleurs à la cantatrice.
De ce bouquet, Cecilia retira une rose pour le chef.
On eut droit alors à une image qui restera dans nos mémoires : le chef dirigeant, une rose à la main, l’alleluia de l’ « Exulate jubilate » entonné en bis par l’inimitable Bartoli. Le chevalier à la rose !
Le reste du concert, entièrement consacré à Mozart, fut constitué d’un 21e concerto de rêve, d’une exaltante 1e symphonie (composée à l’âge de… 8 ans, quel génie cet Amadeus !) et d’une très belle symphonie « Jupiter ».
« Chi’io mi sordi questo concerto ? » Non, pas question d’oubier ce concert !