Pour sa venue en France, le jeune et néanmoins excellent Orchestre Philharmonique National de Russie a choisi l’auditorium de la Seine Musicale. Le programme s’ouvre avec la 9e Symphonie de Chostakovitch, dépeignant une victoire militaire à la fois légère et ironique, qui nous permet d’apprécier l’exactitude rythmique et l’assertivité d’un orchestre assez rare en région parisienne. Puis la cinquième Symphonie de Tchaïkovski met en valeur de très bons solistes, notamment chez les cuivres, et les riches sonorités d’un orchestre dans la plus parfaite tradition nationale. Quitte parfois à être un peu trop clinquant dans l’acoustique assez intime de l’auditorium de la Seine Musicale. La direction attentionnée et discrète de Vladimir Spivakov semble indiquer que c’est surtout le travail de préparation qui a été précieux, l’ensemble faisant preuve d’une grande collégialité le jour J.
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Entre ces deux morceaux, ce concert était également l’occasion d’entendre la création de Konstantin Boyarsky, premier altiste dans l’orchestre du Royal Opera House. Sa suite pour violoncelle, soprano et orchestre est une composition tonale agréable qui ne surprend guère. Si elle offre de très beaux moments à la jeune et précise violoncelliste Dali Gutserieva, elle est aussi flatteuse que piégeuse pour la soprano : pas de texte, mais une longue vocalise sur la voyelle « a » qui n’est pas sans évoquer celle de la cinquième Bachianas Brasileiras de Villa-Lobos. Hélas, dès le second mouvement, les consonnes arrivent, et l’élégant « a » se transforme en « dabadabada » qui tire davantage l’œuvre vers le Concerto pour une voix de Saint-Preux. Néanmoins, Ekatherina Lekhina, gagnante du concours Operalia en 2007, a su y faire briller son soprano chaleureux, un peu serré dans l’aigu, mais bien projeté et timbré.
Face au succès rencontré, les musiciens nous accordent de nombreux bis, notamment le survolté Lezghinka de Katchaturian tiré de son ballet Gayaneh, qui nous fait regretter que ce compositeur soit boudé en France.