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« Chère Pauline » — Tours

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Spectacle
14 octobre 2018
À quoi rêvent les mezzos

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Pauline Viardot

Madrid

Les filles de Cadix

Berceuse cosaque (d’après air populaire russe)

Gioacchino Rossini

Assisa a’ piè d’un salice (Otello)

Pauline Viardot

Bonjour mon cœur

Già la notte s’avvicina (d’après un thème de Hoffstetter attribué à Haydn)

Yun’ashu y deva

Ferdinando Bertoni (adapté par Gluck et Berlioz)

Amour, viens rendre à mon âme (Orphée et Eurydice)

Pauline Viardot

La ausencia

La luciole

Die Sterne

En mer

Haï luli

Lamento (Ma belle amie est morte)

Tsvetok

Die Beschwörung (traduit de Zaklinanie)

Vivica Genaux, mezzo-soprano

Carlos Aragón, piano

Paco Azorin, mise en scène, décor, dramaturgie

Pedro Chamizo, audiovisuel

Jesú Ruíz, costumes

Riccardo Benfatto, assistant metteur en scène

Utileria-Atrezzo & Teatre-Auditorio Sant Cugat, réalisation décors

Época, réalisation costumes

Dimanche 14 octobre, Grand Théâtre de Tours

Depuis 25 ans, Vivica Genaux rêve de rendre hommage à l’immense Pauline Viardot. Le projet a enfin pu se concrétiser dans un spectacle ici donné en première française, dans le cadre des Concerts d’automne. Il s’agit d’honorer la muse, chanteuse et compositrice dans un « récital dramatisé à partir de sa correspondance ». L’idée est belle, mais ambitieuse, car évoquer la sœur de la Malibran, c’est parcourir l’histoire musicale du siècle romantique, embrasser des vocalités radicalement différentes et ramener à la vie des partitions qui exigent des moyens exceptionnels.


© DR

Pauline Viardot, c’est l’Everest du mezzo-soprano romantique. Pour le gravir, il faut suivre un chemin particulier, tant personne ne peut aujourd’hui prétendre au format équivalent. Vivica Genaux et ses complices, dont le pianiste Carlos Aragón qui l’accompagne en scène, ont intelligemment choisi le versant intime. Le dispositif est simple : un piano côté jardin, un large écran au sol côté cour. Une bande enregistrée déroule la narration tandis que la chanteuse incarne le personnage sur scène, réagit au récit en entonne des mélodies. C’est à Saint-Saëns que l’on fait raconter, de manière chronologique, la vie, les succès et les rencontres de l’artiste ; le texte est plutôt sobre et contextualise de nombreux extraits de lettres, en soi bien plus intéressants et touchants. Les écrits de Pauline sont lus avec un accent marqué (Genaux elle-même, sans doute) mais conviction. Dans leur grande diversité, les passages chantés illustrent très pertinemment les jalons intimes et artistiques de la diva.

Sur l’écran tournent images et textes à l’appui du récit, mais la réalisation frise l’amateurisme. D’abord en raison d’incongruités : au Madrid rêvé par Musset répond une image de la ville envahie par les voitures, l’évocation de George Sand est illustrée par une photo de Colette travestie, l’air d’Orphée est erronément daté de 1776… Sans exiger du Bill Viola, il faut aussi admettre que les effets de transition, les incrustations de texte et les superpositions d’images ne sont pas d’un grand style : on se croirait sur YouTube. Nonobstant ces maladresses, le procédé permet de varier les climats, de donner vie aux personnages et de rendre l’ensemble très lisible, avec l’aide de quelques accessoires. Ces feuilles éparses, portraits et château miniature sont employés avec parcimonie – sont-ils indispensables ? – et le spectacle pèse surtout sur les épaules de Genaux.

Omniprésente en scène, belle et charismatique, elle joue sobrement avec une pénétration croissante au cours de la soirée. Sur le plan vocal, son mezzo ne saurait résoudre la quadrature du cercle : jonglant entre six idiomes et une vaste palette de styles au fil d’airs souvent exigeants, Genaux affiche forcément quelques lacunes ou inadéquations. La voix met du temps à se chauffer, mais le tempérament est au rendez-vous pour les espagnolades d’ouverture. Quelques faux départs, des aigus tenus qui bougent beaucoup sont le prix de l’ambition du programme pour cette chanteuse habituée au belcanto baroque et romantique. Familière de la flamboyance rococo, elle offre l’intégralité de la monstrueuse cadence finale d’« Amour viens rendre à mon âme », version Berlioz. Terrain connu aussi que le pathos rossinien (Otello), auquel font écho le belcanto classique de « Già la notte s’avvicina » et les ornements dont Viardot a parsemé certaines de ses pages. Les mélodies d’inspiration populaire sont souvent touchantes, « La ausencia » fait sonner un grave impressionnant, et « La luciole » ne déparerait pas un récital Gounod : Genaux y est plus inattendue, et convainc. Empreinte de gravité, la fin du spectacle trouve l’interprète fatiguée, mais concentrée et prenante. Du lamento de Théophile Gauthier exalté par Berlioz, Viardot propose une digne mise en musique (touchant « Ah ! Sans amour s’en aller sur la mer ! »). Émotion aussi dans les « komm her! » (Die Beschwörung) qui concluent le spectacle, quand Pauline finit sa vie seule à Paris.

Au piano, Carlos Aragón joue la continuité par la constante délicatesse de son jeu, au service d’une compositrice qui mériterait une place accrue dans les récitals. Les deux musiciens sont visiblement touchés au moment des saluts. Après une heure et demie en scène, Genaux ose un bis. Formidable, ce rondo de La Cenerentola trace un lien évident entre les carrières de l’Américaine et de la jeune Viardot.

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Berceuse cosaque (d’après air populaire russe)

Gioacchino Rossini

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Pauline Viardot

Bonjour mon cœur

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Yun’ashu y deva

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La luciole

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