Forum Opéra

La traviata — Nantes

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
26 mai 2013
Changer en ronces les roses de l’amour

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Giuseppe Verdi

La Traviata
Melodramma en trois actes (1853)
Livret de Francesco Maria Piave

Mise en scène
Emmanuelle Bastet
Décors
Barbara de Limburg
Costumes
Véronique Seymat
Lumières
François Thouret

Violetta
Valéry Mirella Bunoaica
Alfredo Germont
Edgaras Montvidas
Giorgio Germont
Tassis Christoyannis
Flora Bervoix
Leah-Marian Jones
Annina
Cécile Galois
Docteur Grenvil
Frédéric Caton
Gastone, vicomte de Letorières
Christophe Berry
Baron Douphol
Laurent Alvaro
Marquis d’Obigny
Pierre Doyen

Choeur d’Angers Nantes Opéra
Direction du choeur
Sandrine Abello
Orchestre national des Pays de la Loire
Direction musicale
Roberto Rizzi Brignoli

Nantes, Théâtre Graslin, dimanche 26 mai 2013, 14h30

 
Tout comme ce mois de mai peine à nous réchauffer, le printemps de Violetta a la saveur de l’hiver et elle n’y survit pas. A Nantes, la solitude de Traviata éclate dans un monde de faux semblants, « ce désert nommé Paris » que la metteur en scène Emmanuelle Bastet évoque magnifiquement. D’immenses miroirs noirs enferment et magnifient l’espace du plateau où l’âme écartelée de l’héroïne se reflète et se disloque à l’infini. Habillée de rose, notre Dame aux camélias est la seule touche de couleur au milieu d’une foule extravagante – superbes costumes modernes de Véronique Seymat – mais monochrome, toute d’or et d’argent. Elle est ainsi profondément vivante dans un univers corseté par l’apparence et les conventions. Les teintes de sa robe se fanent au fil du récit tandis que le noir envahit le plateau et qu’elle s’étiole. Une image pour symboliser son évolution : l’immense placard rempli d’escarpins vertigineux qu’elle ouvre au premier acte avec volupté puis avec brutalité au troisième soulignant par ce geste simple le basculement de l’héroïne, de la femme légère pour qui « shoes are a girl best friend », à la femme avilie et dominée. Les fleurs sont l’autre symbole qui accompagne la fin de Violetta : fleur unique, métonymie de l’héroïne, offerte à Alfredo au début de l’ouvrage, elle devient roseraie, claustra à l’acte deux, abritant d’abord les amours heureuses du couple avant de se changer en roncier lorsque le père d’Alfredo pourrit ce paradis de relents de culpabilité. A l’acte trois, belle métaphore de la rédemption par le sacrifice, les guirlandes de roses s’envolent jusqu’aux cintres. La dramaturgie de cette production est donc une réussite, à vrai dire, la plus belle version qu’il nous ait été donné de voir. Les images y sont à la fois puissantes et limpides ; d’aucun les trouveront peut-être trop appuyées, mais leur beauté et leur poésie emportent l’adhésion.

Musicalement, le spectacle appelle plus de réserves. L’orchestre de Roberto Rizzi Brignoli présente quelques regrettables faiblesses : le tempo est allant, l’énergie excellente par moment, mais les décalages sont récurrents, au point de provoquer des coups d’œils angoissés depuis le plateau. Surtout, les vents, les cordes, présentent quelques égarements dommageables. Idem pour le Chœur qui communique une belle énergie d’ensemble mais s’oublie dans l’air du Veau gras.

Quel dommage aussi qu’en cette soirée de première, l’interprète du rôle principal soit par instant comme paralysée. L’aisance vocale n’est pas en cause. Malgré une tendance à chanter trop haut, Mirella Bunoaica se joue avec grâce des difficultés de la partition dans ces trois parties pourtant si contrastées. Mais pourquoi faut-il que sa présence scénique soit erratique ? la plupart du temps très engagée physiquement, prenante émotionnellement, la jeune chanteuse s’absente par instant sans que l’on comprenne la raison de cette étrange froideur. Les moments les plus intenses sont ceux des duos avec le formidable Alfredo d’Edgaras Montvidas. Le ténor lituanien est un habitué de ce rôle depuis ses débuts. Il lui offre un chant viril qui n’exclut pas les nuances et une sensibilité scénique qui fait mouche dès qu’il s’approche de Violetta. L’alchimie physique et vocale entre les deux interprètes est proprement épatante. Il faut voir notre Dame aux camélias lui ôter sa chemise pour s’en draper. L’érotisme et le naturel de la scène font alors monter la température de la salle de quelques degrés. Face à ce couple embrasé, le père de Germont est superbement incarné par Tassis Christoyannis : technique sans faille, voix chaude et interprétation sensible qui nous rendrait le personnage presque attachant tant il semble accablé de compassion. Par comparaison, les seconds rôles paraissent un peu sages. Annina (Cecile Galois) ou le baron Duphol (Laurent Alvaro) tiennent leur partie fort proprement mais sans dépasser la convention. Mention spéciale toutefois pour l’extravagante Flora Bervoix de Leah-Marian Jones qui assume avec audace une robe vertigineuse et chante avec le même panache.
Prochaines représentations :

  • Nantes / Théâtre Graslin : Dimanche 2 juin 14h30, Mercredi 5 juin 20h
  • Angers / Le Quai : Dimanche 16 14h30 et Mardi 18 juin 20h

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Giuseppe Verdi

La Traviata
Melodramma en trois actes (1853)
Livret de Francesco Maria Piave

Mise en scène
Emmanuelle Bastet
Décors
Barbara de Limburg
Costumes
Véronique Seymat
Lumières
François Thouret

Violetta
Valéry Mirella Bunoaica
Alfredo Germont
Edgaras Montvidas
Giorgio Germont
Tassis Christoyannis
Flora Bervoix
Leah-Marian Jones
Annina
Cécile Galois
Docteur Grenvil
Frédéric Caton
Gastone, vicomte de Letorières
Christophe Berry
Baron Douphol
Laurent Alvaro
Marquis d’Obigny
Pierre Doyen

Choeur d’Angers Nantes Opéra
Direction du choeur
Sandrine Abello
Orchestre national des Pays de la Loire
Direction musicale
Roberto Rizzi Brignoli

Nantes, Théâtre Graslin, dimanche 26 mai 2013, 14h30

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle