Forum Opéra

Boris Godounov — Vienne (Staatsoper)

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
23 avril 2012
Boris, tsar des deux Russie…

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Version originale de 1869
Opéra en 7 tableaux sur un livret du compositeur, d’après le drame éponyme de Pouchkine
Créé en 1928 à Leningrad

Détails

Mise en scène et décor
Yannis Kokkos
Assistant metteur en scène
Stephan Grögler
Dramaturgie
Anne Blancard

Boris Godounov
Ferruccio Furlanetto
Pimen
Kurt Rydl
Chouïski
Jorma Silvasti
Fiodor
Stephanie Houtzeel
Xenia
Ileana Tonca
Grigori
Marian Talaba
Varlaam
Andreas Hörl
Missail
Benedikt Kobel
Capitaine
Alfred Sramek

Chœur et Orchestre de l’Opéra de Vienne
Chef des chœurs
Thomas Lang
Direction musicale
Tugan Sokhiev

Staatsoper de Vienne, le lundi 23 avril 2012, 19h

 

Boris Godounov, avec ses 3h30 de musique, ses proportions ambitieuses, sa liste de personnages plus longue que la ligne de chemin de fer transsibérienne et sa succession de tableaux où l’action et les personnages comptent finalement moins que la peinture, par touches successives, d’une gigantesque fresque sur l’âme et l’Histoire de tout un peuple, passe pour la quintessence de l’opéra russe. Que l’on revienne à la version initiale de 1869, jamais jouée du vivant de Moussorgski, et la face de l’œuvre en est changée. Sept tableaux sans entracte, sans acte polonais, sans le personnage de Marina et sans l’émeute finale, qui font passer comme l’éclair une intrigue tendue et ramassée : voilà qui aiguise la tragédie vécue par Boris, sa folie et sa mort devenant les sommets indiscutables de la partition ; l’ajout de la belle plainte de Xenia au début de la cinquième scène, les sensibles différences que l’on remarque et dans l’orchestration et dans le livret : voilà qui nous montre un opéra très distinct de ce que l’on a l’habitude d’entendre, et dont la portée esthétique laisse songeur. Boris Godounov dans la version de 1869 n’a pas le faste grandiose de sa sœur de 1872, mais est-elle moins caractérisée, d’une certaine manière « moins russe » pour autant ? Plus brève et plus violente, la première mouture annonce Prokofiev et Chostakovitch quand la révision ultérieure veut revenir à Glinka. Faut-il en déduire qu’elle lui est supérieure en montrant plus d’audace ? Soulignons plutôt que Moussorgski a su accomplir l’exploit, en deux versions d’une même œuvre qui en réalité ne sont pas loin de faire deux œuvres bien distinctes, de relier d’un trait de plume la tradition et l’avenir de la musique en Russie.
 
Le tranchant de la partition initiale se retrouve dans la crudité du spectacle de Yannis Kokkos, où émerge d’une scénographie crépusculaire les dorures du trône et du costume de Boris, inutiles avatars d’un pouvoir qui, sous le décorum, ne cache pas l’horreur de ses origines, ni la noirceur de ses desseins. Le geste épuré de Tugan Sokhiev, à la tête d’un effectif orchestral relativement aminci, sait répondre à ce théâtre sans apprêt ; ce Moussorgski qui pourrait déconcerter tant il évite le grandiose que l’on avait l’habitude d’associer à sa musique touche juste, au cœur du drame. Et que les nostalgiques d’une texture lyrique plus foisonnante se rassurent : les choristes sont là pour exhaler des parfums de Grande Russie…
Les solistes aussi, et presque un peu trop : aurait-il fallu avoir l’audace d’imaginer une distribution jeune, alerte et inattendue, pour rendre pleinement justice à ce Boris foncièrement inhabituel ? Ferruccio Furlanetto trouve là son meilleur emploi, où l’amenuisement du timbre, l’affaissement du phrasé et la faiblesse du legato sont loin d’être aussi rédhibitoires que dans les grands emplois verdiens qu’il promène sur toutes les scènes du monde. Hallucinée à l’excès, d’un goût parfois contestable, l’incarnation, indéniablement impressionnante, finit par convaincre. Davantage que celle de Kurt Rydl, surexploité ces temps-ci (un Baron Ochs un soir, une représentation de Boris le lendemain : quelle santé !), Pimen un peu trop engorgé pour livrer au rôle toute l’ampleur requise. Si Jorma Silvasti cherche en vain le volume qui pourrait rendre à Chouïski un peu de son impact, Marian Talaba en Grigori, Stéphanie Houtzeel en Fiodor, Ileana Tonca en Xenia et Andreas Hörl en Varlaam esquissent, en un temps fatalement compté, des portraits saisissants. Qui n’ont pas toujours le loisir de sortir de leurs cadres pour partir à la rencontre les uns des autres, mais qui donnent à l’ensemble de la galerie toute son atmosphère : en retrouvant ses couleurs premières, la fresque nous saute aux yeux avec une force insoupçonnée…

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Version originale de 1869
Opéra en 7 tableaux sur un livret du compositeur, d’après le drame éponyme de Pouchkine
Créé en 1928 à Leningrad

Détails

Mise en scène et décor
Yannis Kokkos
Assistant metteur en scène
Stephan Grögler
Dramaturgie
Anne Blancard

Boris Godounov
Ferruccio Furlanetto
Pimen
Kurt Rydl
Chouïski
Jorma Silvasti
Fiodor
Stephanie Houtzeel
Xenia
Ileana Tonca
Grigori
Marian Talaba
Varlaam
Andreas Hörl
Missail
Benedikt Kobel
Capitaine
Alfred Sramek

Chœur et Orchestre de l’Opéra de Vienne
Chef des chœurs
Thomas Lang
Direction musicale
Tugan Sokhiev

Staatsoper de Vienne, le lundi 23 avril 2012, 19h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle