Le Festspielhaus de Baden-Baden a clôturé lundi 28 son Festival de Pâques 2016 après un marathon musical qui a largement sollicité le Berliner Philharmoniker et son chef Sir Simon Rattle, notamment pour l’extraordinaire production de Tristan und Isolde. Ce Tristan sera d’ailleurs retransmis en live au cinéma en septembre 2016, puisqu’il s’agit d’une coproduction avec le Metropolitan de New York. Avec un taux de remplissage de 90 %, malgré des tarifs particulièrement élevés, la manifestation est un succès et en dix jours de festival, quelque 25000 personnes ont eu la chance d’assister à l’événement.
Le dimanche de Pâques a été marqué par un concert en deux parties avec au piano Mitsuko Uchida pour le Concerto pour piano n° 22 en mi bémol majeur K. 482 de Mozart. D’entrée de jeu, l’orchestre impressionne par la perfection sonore qui se dégage de tous les pupitres, transcendée encore par la virtuosité éblouissante de la pianiste japonaise, malgré quelques scories, broutilles sans importance. La salle du Festspielhaus, pleine comme un œuf, ovationne une première fois les artistes. Après la pause, c’est la Neuvième symphonie de Beethoven qui va électriser le public. La déferlante qui suit colle l’auditeur à son siège, où il se retrouve littéralement haché menu par la battue titanesque d’un Simon Rattle déchaîné. Là encore, les sonorités de l’orchestre sont d’une pureté et d’une précision à couper le souffle, notamment dans les crescendos et les accelerandos irréprochables. Le quatuor de solistes est idéal : Steve Davislim remplace au pied levé Pavol Breslik souffrant avec beaucoup d’élégance et d’émotion contenue ; Sarah Connolly est impeccable, apparemment peu fatiguée par son lourd rôle de Brangäne dans Tristan und Isolde. Quant à Genia Kühmeier, elle est tout simplement délicieuse tout comme est impressionnant d’autorité Florian Boesch.
Beethoven demande l’impossible mais tout ce beau monde n’en a cure et s’en tire à merveille, avec une mention toute particulière pour l’excellent chœur du Philharmonique de Prague se dit-on, quand, tout à coup, les solistes se prennent les pieds dans le tapis de vocalises, entraînant à leur suite les cordes assises juste derrière eux, momentanément perturbées. Alors qu’on craint le carambolage et la cacophonie, tout rendre dans l’ordre, si vite qu’on pense avoir rêvé et que ce ne sont que nos oreilles qui n’arrivent plus à suivre. Eh oui, même le Berliner peut connaître de tout petits ratés. Peut-être cela vient-il de ce que ce programme ait été proposé deux fois mais à près d’une semaine d’intervalle, le lundi 21 (où le concert a d’ailleurs été filmé) et le dimanche 27. Cela ne gâte en rien le plaisir quasi orgasmique d’un finale exaltant. Sonné mais comblé, le public ovationne très longuement les artistes.
Pour l’édition du Festival de Pâques 2017, on annonce une nouvelle production de Tosca dirigée par Sir Simon Rattle et les débuts au Festival de Kirill Petrenko, nouvellement nommé à la tête du Berliner Philharmoniker. On peut déjà acheter ses places… Plus d’informations sur le site du Festspielhaus : www.festspielhaus.de