Forum Opéra

Benvenuto Cellini — La Côte-Saint-André

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
29 août 2019
« Les métaux, ces fleurs souterraines…»

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra-comique en deux actes (4 tableaux)

Musique d’Hector Berlioz

Livret de Léon de Wailly et Auguste Barbier

Création à Paris, Opéra, salle Le Peletier, le 12 septembre 1838

Détails

Mise en espace et direction d’acteur

Noa Naamat

Lumières

Rick Fischer

Costumes

Sarah Denise Cordery

Teresa

Sophia Burgos

Ascanio

Adèle Charvet

Benvenuto Cellini

Michael Spyres

Francesco

Vincent Delhoume

Bernardino

Ashley Riches

Giacomo Balducci

Matthew Rose

le pape Clément

Tareq Nazmi

Pompeo

Alex Ashworth

Orchestre Révolutionnaire et Romantique

Monteverdi Choir

direction musicale

Sir John Eliot Gardiner

La Côte Saint-André, Château Louis XI, le 29 août 2019 à 20 h

Après une Damnation de Faust d’anthologie, que nous avait offert le Festival Berlioz l’an passé, John Eliot Gardiner, familier de l’ouvrage, a choisi la version parisienne révisée, riche en péripéties comiques, de très loin préférable à la version allemande de Weimar, la plus jouée. Un jeune homme de 76 ans, dont les qualités sont connues, dirige ce soir la formation idéale, qu’il a forgée, pour nous offrir le plus beau des Benvenuto Cellini. L’Orchestre Révolutionnaire et Romantique et ses instruments d’époque est le gage de l’authenticité des couleurs que revêt l’œuvre. Le Monteverdi Choir, qu’il fonda il y a longtemps, s’est évidemment renouvelé, tout en cultivant ses qualités initiales. La direction insuffle une vie constante à ce long chef d’œuvre, mal aimé pour des raisons que l’on s’explique mal. Car savoureuse en est la verve humoristique, riche en insultes et jurons, anticipant ceux du capitaine Haddock, associée à la vivacité dramatique : on n’est pas loin de l’esprit de Gianni Schicci. L’écriture, jamais pédante, riche en effets, et sa traduction sonore nous réjouissent, sans que jamais l’attention se relâche. Pour mieux connaître les sources historiques de  l’ouvrage, les curieux se reporteront utilement à l’excellente contribution de Cédric Manuel  (Benvenuto Cellini : la gloire était sa seule idole).

Une version semi-scénique était annoncée. Malgré l’absence de décors, tout est là, les costumes, directement sortis de l’imagerie de la Renaissance romaine, les lumières, subtiles et idéalement choisies. Quant à la direction d’acteurs, nombreuses sont les réalisations scéniques qui pourraient ambitionner la perfection atteinte par chacun et par tous sous la direction imaginative de Noa Naamat. Encore que l’ophicléide participe à la fête, que les ponctuations des cuivres font se dresser ces dernier dans un bel ensemble, comme des riffs de jazz, tout l’espace scénique en dehors des pupitres est mis à profit : les acteurs circulent, dansent, s’affrontent, se cachent, la procession défile, et les chœurs sont animés par une gestique très individualisée comme collective (le chœur des matelots avec le balancement contraire des deux rangs).


Benvenuto Cellini à La Côte Saint-André © castafiore ARA

La distribution, internationale, est proche de l’idéal, ne comportant aucune faiblesse. Rien dans l’élocution ne trahit les origines, sinon les traces d’italien de Maurizio Muraro, qui participent à la caractérisation du trésorier du pape. Le sur-titrage n’est utile que durant les nombreux ensembles et certains chœurs, polyphoniques. Evidemment, l’importance du rôle de Cellini et les qualités du chant de Michael Spyres en font la tête d’affiche. Joyeux, croquant la vie à belles dents, sincèrement épris de Teresa, c’est aussi l’artiste prêt à sacrifier tous ses biens pour ce Persée dont la fonte est une scène d’anthologie. Notre plus grand ténor rayonne, idéal dès le premier trio (« Ô mon bonheur, vous que j’aime plus que ma vie »), et nous donne une nouvelle leçon de chant berliozien, avec l’ élégance, les phrasés, l’aisance qui le laissent sans rival dans ce répertoire le plus exigeant. Teresa est confiée à  Sophia Burgos, jeune, charmante, émission fraîche, colorée,  sensible, même si l’ampleur est mesurée (« Entre l’amour et le devoir » est fort bien conduit, aux aigus aisés, avec l’émotion attendue). Fieramosca, l’infortuné, stupide, ridicule (Orphée en proie aux Bacchantes), est magistralement incarné par Lionel Lhote. L’émission est ample, épanouie, d’une grande sûreté, assortie d’une expression parfaite, tout comme son intelligibilité. Un grand chanteur qui se double d’un comédien investi.  Adèle Charvet (Ascanio) est délicieuse, vive, sensible (l’air « Tra, la, la… » du 4e tableau). La voix sonore, chaude, libre et souple se prête aux récitatifs comme aux épanchements lyriques Elle sera acclamée spontanément par le public. Balducci, dont on a mentionné les traces savoureuses d’accent italien, est campé par Maurizio Muraro. Les graves sont solides, le débit délibérément haché, la voix comme le jeu nous valent un trésorier autoritaire, dévot, d’un comique idéal, toujours juste. L’émission choisie, grommelante au début, s’amplifiera ensuite pour nous valoir des ensembles très équilibrés. Il participait déjà à la production de l’Opéra-Bastille de mars 2018, tout comme l’excellent Vincent Delhoume dans le rôle de Francesco. Le pape, désopilant (avec restitution des passages censurés, dont on comprend la cause) est Tareq Nazmi. Son autorité vocale comme son jeu – du meilleur comique – n’appellent que des éloges. Ashley Riches (Bernardino), Alex Ashworth (Pompeo) et Peter Davoren (cabaretier à la voix nasillarde) ces deux derniers, artistes du choeur, complètent une équipe de haut vol, où les complicités se lisent sur les visages et s’écoutent avec un égal bonheur.

L’ouverture, son fulgurant allegro initial, pris à l’arraché, avec le contraste accusé du mouvement lent, aux superbes modelés, plante le décor. La bonne humeur, la vivacité non exempte de tendresse ni de force régneront sans partage, avec les couleurs les plus justes, du hautbois plaintif aux bassons goguenards et à l’ophicléide burlesque, sans oublier les deux guitares et l’enclume. Les moments de pure poésie font bon ménage avec les scènes tumultueuses, truculentes, puissantes, comme sait le faire John Eliot Gardiner. Riche d’une soixantaine de voix, le Monteverdi Choir, depuis celui les femmes ameutées par Balducci, au triomphe final, est un acteur essentiel de cet opéra-comique. Il faudrait mentionner chacun d’eux, tant ils sont très caractérisés, variés, de la chanson à boire, à la revendication sociale, en n’oubliant pas le très beau chœur des matelots (avec les deux guitares et l’enclume).

Cette production-phare du Festival, inaugurant une prestigieuse tournée (Berlin, Londres, puis son couronnement versaillais), a motivé le déplacement du Ministre de la Culture, Franck Riester, qui avait auparavant visité le Musée Berlioz. Il sera l’un des premiers à se dresser pour ovationner longuement, les artisans de cette réalisation exceptionnelle, unanimement appréciée. Souhaitons qu’un enregistrement permette de multiplier le bonheur des auditeurs de la série de représentations qui s’ouvre.

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

4

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Opéra-comique en deux actes (4 tableaux)

Musique d’Hector Berlioz

Livret de Léon de Wailly et Auguste Barbier

Création à Paris, Opéra, salle Le Peletier, le 12 septembre 1838

Détails

Mise en espace et direction d’acteur

Noa Naamat

Lumières

Rick Fischer

Costumes

Sarah Denise Cordery

Teresa

Sophia Burgos

Ascanio

Adèle Charvet

Benvenuto Cellini

Michael Spyres

Francesco

Vincent Delhoume

Bernardino

Ashley Riches

Giacomo Balducci

Matthew Rose

le pape Clément

Tareq Nazmi

Pompeo

Alex Ashworth

Orchestre Révolutionnaire et Romantique

Monteverdi Choir

direction musicale

Sir John Eliot Gardiner

La Côte Saint-André, Château Louis XI, le 29 août 2019 à 20 h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle