Forum Opéra

Arabella — Munich

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
11 juillet 2015
Anja Harteros, de la jeune fille à la femme fatale

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Comédie Lyrique en 3 actes

Livret de Hugo von Hofmannsthal

Créée en 1933 à Dresde

Détails

Mise en scène
Andreas Dresen
Décors
Mathias Fischer-Dieskau
Costumes
Sabine Greunig
Lumières
Michael Bauer
Dramaturgie
Rainer Karlitschek

Arabella
Anja Harteros
Zdenka
Hanna-Elisabeth Müller
Mandryka
Thomas Johannes Mayer
Comte Waldner
Kurt Rydl
Adelaide
Doris Soffel
Matteo
Joseph Kaiser
Elemer
Dean Power
Dominik
Andrea Borghini
Lamoral
Steven Humes
Die Fiakermilli
Eir Inderhaug
La cartomancienne
Heike Grötzinger
Jankel
Tjark Bernau
Welko
Bastian Beyer
Le serveur
Niklas Mallmann
Djura
Vedran Lovric

Choeurs de l’Opéra d’Etat de Bavière
Chef des choeurs
Sören Eckhoff

Orchestre de l’Opéra d’Etat de Bavière

Direction musicale
Philippe Jordan

Munich, Opéra d’Etat de Bavière, samedi 11 juillet 2015, 19h

Ultime des six collaborations entre Richard Strauss et Hugo von Hoffmansthal, Arabella a vu le jour dans la douleur. Douleur du librettiste tout d’abord qui, plusieurs fois sommé de revoir sa copie, trépasse avant même que la partition soit achevée ; douleur du compositeur également, qui a mis du temps à trouver la force et l’inspiration nécessaires à l’achèvement de l’opéra, avant que le décès subit de son comparse fouette sa puissance créatrice. Est-ce cette genèse difficile qui fait que l’œuvre, 82 ans après sa première représentation à Dresde, ne laisse pas d’étonner, sinon de dérouter ? Quelque chose de cette « comédie lyrique », que l’on pourrait prendre à première vue pour un épigone de la « farce viennoise » qu’est Le Chevalier à la Rose, échappe inévitablement, et c’est aux rôles principaux que revient cette part de mystère. Arabella n’est pas aussi désabusée que La Maréchale : encore idéaliste, elle cherche le vrai grand amour. Il y a un peu de Sophie en elle. Par conséquent, Zdenka n’est pas Sophie : elle a une autre consistance, une autre gravité, inculquées de toute force par sa rude éducation et son travestissement forcé : il y a un peu d’Octavian en elle.

Les deux sœurs sont heureusement ce que cette nouvelle production d’Arabella présentée ces jours-ci au Festival de Munich offre de plus irrévocablement grand. Revenant à un rôle qu’elle n’avait plus endossé depuis longtemps, Anja Harteros triomphe : nonobstant le registre aigu, un peu crié ce soir, la soprano fascine toujours autant. Véritable porcelaine de Sèvres, sa voix, tout  à la fois claire et charnue, délicate et puissante, est l’instrument idéal pour concilier les contraires et saisir les états d’âme d’une protagoniste aussi prompte à s’abandonner à l’amour qu’à faire délicieusement souffrir ses soupirants. Insaisissable et fatale, bien plus femme que jeune fille, elle semble un décalque de sa petite sœur. Celle-ci trouve en Hanna-Elisabeth Müller une interprète de rêve, un timbre fruité rappelant la jeune Barbara Bonney, une présence scénique un rien effrontée, un abandon idéal dans le troisième acte, quand elle se révèle à Matteo telle qu’elle est.

Autour d’elles, ce sont plus que des faire-valoir qui gravitent : le Mandryka de Thomas Johannes Mayer n’affiche certes pas la même insolente puissance vocale que sa partenaire, mais on s’attache d’emblée à son personnage, sans pour autant que son ambiguïté, sa désespérante maladresse, sa violence parfois, ne soient édulcorées. Si, à ce stade de leur carrière, Doris Soffel et Kurt Rydl comptent moins sur leur voix que sur leur abattage, ils n’ont aucun mal à faire d’Adelaide et du Comte Theodor Waldner autre chose qu’un couple de silhouettes. Eternel Tamino égaré dans les vicissitudes de la vraie vie, Joseph Kaiser mène une excellente équipe d’amoureux éconduits, et Eir Inderhaug s’acquitte avec bonheur des multiples acrobaties, vocales et physiques, que la partition de la Fiakermilli et la mise en scène d’Andreas Dresen lui imposent.  

Cette dernière, que ne guette pas l’excès d’originalité, se laisse voir sans déplaisir. Autours de beaux escaliers entrecroisés signés Mathias Fischer-Dieskau, Andreas Dresen tisse une direction d’acteur précise, souvent fine, au final foncièrement conventionnel. Que la fête du IIe acte se transforme peu à peu en partouze restera l’ultime provocation de ce futur bon spectacle de répertoire, classique et élégant. Classique et élégant : voilà des mots qui, sans connotation péjorative aucune, décrivent bien la direction de Philippe Jordan. A Munich comme à Paris, le chef soigne les équilibres et flatte les couleurs d’un orchestre qui n’attend que cela, trouvant dans cet hédonisme sonore un certain reflet de la somptuosité vocale des deux reines de la soirée. 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Comédie Lyrique en 3 actes

Livret de Hugo von Hofmannsthal

Créée en 1933 à Dresde

Détails

Mise en scène
Andreas Dresen
Décors
Mathias Fischer-Dieskau
Costumes
Sabine Greunig
Lumières
Michael Bauer
Dramaturgie
Rainer Karlitschek

Arabella
Anja Harteros
Zdenka
Hanna-Elisabeth Müller
Mandryka
Thomas Johannes Mayer
Comte Waldner
Kurt Rydl
Adelaide
Doris Soffel
Matteo
Joseph Kaiser
Elemer
Dean Power
Dominik
Andrea Borghini
Lamoral
Steven Humes
Die Fiakermilli
Eir Inderhaug
La cartomancienne
Heike Grötzinger
Jankel
Tjark Bernau
Welko
Bastian Beyer
Le serveur
Niklas Mallmann
Djura
Vedran Lovric

Choeurs de l’Opéra d’Etat de Bavière
Chef des choeurs
Sören Eckhoff

Orchestre de l’Opéra d’Etat de Bavière

Direction musicale
Philippe Jordan

Munich, Opéra d’Etat de Bavière, samedi 11 juillet 2015, 19h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle