Forum Opéra

Knoxville : Summer of 1915 — Paris (Philharmonie)

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
10 septembre 2022
Angel Blue en majesté

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Samuel Barber (1910-1981)
Knoxville : Summer of 1915*

Valerie Coleman (née en 1970)
This is not a small voice*

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n°3, Héroïque

Bis :
Florence Price (1887-1953)
Adoration

Angel Blue, soprano*
Philadelphia Orchestra

Direction musicale
Yannick Nézet-Séguin

Paris, Philharmonie, le mardi 6 septembre 2022, 20h

La pandémie de Covid a longtemps privé les salles européennes des tournées de grands orchestres américains. Aux premiers jours de sa nouvelle saison, la Philharmonie de Paris accueillait celui de Philadelphie, l’un des plus anciens et des plus prestigieux. Un événement en soi, qui ne suffit pas, cependant, à remplir complètement la salle. Ce « Phillysound », pourtant, mérite d’être entendu : plus aérées, moins directement extraverties que celles de ses homologues de Chicago ou de New-York, les textures du Philadelphia Orchestra projettent une lumière blanche sur chaque détail des partitions.

Cette clarté convient idéalement aux œuvres made in USA programmées en première partie. Knoxville : Summer of 1915 de Samuel Barber, sorte de « Soprano-Rhapsodie » convoquant dans la tendresse et la nostalgie des souvenirs d’enfance au cœur du Tennessee, élève la flûte et le hautbois en personnages à part entière ; la direction attentive de Yannick Nézet-Séguin les met idéalement en valeur, tout autant qu’elle soutient, sans jamais l’écraser, la voix puissante d’Angel Blue. Placée derrière les cordes, attentive à ne pas tourner le dos systématiquement aux spectateurs placés à l’arrière-scène ou sur les balcons latéraux, la soprano américaine dompte sans difficulté une acoustique que l’on sait compliquée pour les chanteurs. La largeur de l’instrument, son homogénéité dans les registres, le bronze du timbre, servent une interprétation particulièrement engagée, où la naïveté sait éviter le simplisme. This is not a small voice de Valerie Coleman, qui connaît ce soir sa création française, après sa première mondiale assurée à Philadelphie par les mêmes interprètes, se situe dans des registres voisins. Exaltation de la pureté et de l’énergie de l’enfance, éloge de l’amour parental, hymne au « Génie noir » : la compositrice tire du poème éponyme de Sonia Sanchez une partition volubile, qui ne craint ni l’ivresse de puissants tutti ni les suspensions de passages a cappella. Angel Blue est chez elle dans cette écriture qui met en valeur l’ampleur de son ambitus et l’étendue de ses capacités expressives ; après sa superbe Marguerite à l’Opéra Bastille en fin de saison, et loin des polémiques de cet été sur le blackface, elle démontre sa place parmi les sopranos les plus passionnantes et les plus polyvalentes de notre époque.


© Todd Rosenberg

Après l’entracte, la Troisième symphonie de Beethoven pouvait passer pour un retour assez conventionnel au grand répertoire. Mais l’Orchestre de Philadelphie, qui compta parmi ses directeurs musicaux Sawallisch ou Muti, est l’un des mieux placés pour éviter toute routine, même dans les œuvres les plus courues. Et Yannick Nézet-Seguin s’empare avec vigueur d’une partition dont il souligne à chaque instant la puissance crue, ivre, presque avide. Les quelques moments de respiration du premier mouvement cèdent rapidement face aux coups de boutoir d’accords martelés avec une netteté impitoyable. La Marche funèbre aura, ailleurs, été entendue plus solennelle ou recueillie, mais jamais plus rageuse. Enchaînés dans un même souffle, le Scherzo et les variations du Final ne laissent s’installer aucun temps mort, bâtissant méthodiquement et frénétiquement un tourbillon sonore dont on sort grisé. En bis, retour en Amérique avec Adoration de Florence Price, compositrice afro-américaine dont Nézet-Seguin et le Philadelphia Orchestra ont enregistré récemment les première et troisième symphonies, avant un programme symphonique le lendemain autour de Szymanowski, Chausson et Dvořák (prélude à une remise des Arts et Lettres à Nézet-Seguin) : le « Phillysound » peut décidément tout jouer !

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Samuel Barber (1910-1981)
Knoxville : Summer of 1915*

Valerie Coleman (née en 1970)
This is not a small voice*

Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n°3, Héroïque

Bis :
Florence Price (1887-1953)
Adoration

Angel Blue, soprano*
Philadelphia Orchestra

Direction musicale
Yannick Nézet-Séguin

Paris, Philharmonie, le mardi 6 septembre 2022, 20h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle