Forum Opéra

Aida — Paris (Bastille)

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
13 juin 2016
De mal en Py

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Opéra en 4 actes sur un livret de Antonio Ghislanzoni

Créé à l’Opéra du Caire le 24 décembre 1871

Détails

Mise en scène

Olivier Py

Décors

Pierre-André Weitz

Costumes

Pierre-André Weitz

Lumières

Bertrand Killy

Il re

Orlin Anastassov

Amneris

Anita Rachvelishvili

Aida

Sondra Radvanovsky

Radames

Aleksandrs Antonenko

Ramfis

Kwangchul Youn

Amonasro

George Gagnidze

Un messaggero

Yu Shao

Sacerdotessa

Andreea Soare

Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris

Chef des Choeurs

José Luis Basso

Direction musicale

Daniel Oren

Opéra national de Paris, Opéra Bastille, lundi 13 juin, 19h30

Le public parisien est bon enfant pouvait-on penser à l’entracte de cette reprise d’Aida. En 2013, il conspuait la mise en scène d’Olivier Py et voilà que, trois ans plus tard, en première partie, il la subissait sans broncher alors qu’un moteur défaillant expurgeait la représentation de ses éléments les plus spectaculaires : l’entrée de Radamès sur son char, les charniers sous une scène du triomphe pétrifiée faute de dégagement scénique. Bon enfant, vraiment ? C’était mésestimer les spectateurs de la Bastille, sauf à penser comme notre confrère Laurent Bury qu’ils ne rallumeraient pas leur cerveau après l’entracte. Au moment des saluts, le metteur en scène a eu droit à sa volée de bois vert, comme à la création, parvenant difficilement à prendre la parole pour remercier les équipes techniques d’avoir sauvé la soirée (voir vidéo ci-dessous). Sans cautionner la virulence des huées, il faut admettre, si l’on excepte l’analogie entre Ethiopiens et Italiens d’un côté, Egyptiens et Autrichiens de l’autre, qu’il y a peu d’idées dans son travail et l’on n’en retient finalement que le décor doré, rendu aveuglant par les faisceaux de lumière, inutilement bling-bling.

Les moteurs n’étaient pas seuls à cafouiller en ce soir de première. Les fameuses trompettes s’étranglaient et Daniel Oren avait du mal à éviter les décalages entre fosse et plateau. L’orchestre de l’Opéra national de Paris semble pourtant un vivier inépuisable de sonorités et le chœur se montre capable de parcourir une vaste échelle de nuances, du murmure impalpable à la clameur sauvage. De ces trésors, d’autres auraient fait des miracles, Daniel Oren, lui, s’acquitte de la tâche sans surprendre, ni captiver.


Sondra Radvanovsky (Aida) et Aleksandrs Antonenko (Radamès) © Guergana Damianova / OnP

On dit souvent que Strauss n’aimait pas les ténors ; il n’est pas certain que Verdi les portait dans son cœur. Aurait-il sinon confié à Radamès dès le début de l’opéra une romance sur le fil de la voix, couronnée qui plus est d’un si bémol voulu pianissimo et morendo (« O celeste Aida »). Mission impossible pour Aleksandrs Antonenko, en bisbille avec la justesse des qu’il lui faut ne plus chanter forte, audiblement plus à l’aise dans l’éclat que dans le sentiment, sans pour autant rivaliser de vaillance lorsque la partition le permet enfin (le duo avec Amneris au 4e acte).

Que l’on ajoute à ce Radamès brutal, le Ramfis trémulant de Kwangchul Youn, le Pharaon jappeur d’Orlin Anastassov, et la soirée aurait pu paraître interminable si un trio d’interprètes exceptionnels n’étaient parvenus à la tirer de sa torpeur. Dans le rôle pourtant bref d’Amonasro, George Gagnidze déploie une force animale à laquelle nul ne saurait résister. La voix est solide, projetée, égale d’un extrême à l’autre mais ce n’est pas tant l’instrument qui épate que l’engagement avec lequel ce père abusif se jette dans la mêlée vocale et orchestrale. Un investissement similaire caractérise Anita Rachvelishvili dont Amneris marque les débuts à l’Opéra national de Paris. Une fois le vibrato maîtrisé, rien ne semble là aussi pouvoir faire obstacle à un chant qui s’apparente, dans les passages les plus violents, à une tornade (la grande scène du 4e acte évidemment). Des inégalités de registre assumées et dénuées de vulgarité, le timbre capiteux, gorgé de sucs enivrants, incitent déjà à réserver sa place pour les spectacles auxquels la mezzo-soprano géorgienne participera sur cette même scène la saison prochaine (Samson et Dalila en octobre 2016 et Carmen en juin 2017). A l’applaudimètre cependant, Amneris doit s’effacer devant Aida. La voix de Sondra Radvanovsky peut apparaître moins séduisante de prime abord mais la technique superlative balaye toute éventualité de réserve. Il n’est pas si facile de traduire l’ambivalence d’Aida, esclave et princesse écartelée entre père et amant, entre Egypte et Ethiopie, disciplinée et insoumise. L’émission ductile de la soprano canadienne, sa science des effets, lui servent à traduire cette ambiguïté, la véhémence tout autant que l’infime douceur. Les notes pianissimi – le contre-ut du Nil, longuement tenu, mais pas seulement – sont une des plus belles choses qu’il nous a été donné d’entendre sur la scène de l’Opéra de Paris cette saison.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Opéra en 4 actes sur un livret de Antonio Ghislanzoni

Créé à l’Opéra du Caire le 24 décembre 1871

Détails

Mise en scène

Olivier Py

Décors

Pierre-André Weitz

Costumes

Pierre-André Weitz

Lumières

Bertrand Killy

Il re

Orlin Anastassov

Amneris

Anita Rachvelishvili

Aida

Sondra Radvanovsky

Radames

Aleksandrs Antonenko

Ramfis

Kwangchul Youn

Amonasro

George Gagnidze

Un messaggero

Yu Shao

Sacerdotessa

Andreea Soare

Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris

Chef des Choeurs

José Luis Basso

Direction musicale

Daniel Oren

Opéra national de Paris, Opéra Bastille, lundi 13 juin, 19h30

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle