Entre une soirée « scène amateur » et un concert de R&B était programmé à la bien nommée Source de Fontaine un récital de la soprano Anna Maria Panzarella. À la lecture de la brochure de saison, le lyricomane averti s’était interrogé : s’agissait-il bien de la mémorable Erinice du Zoroastre, donné à l’Opéra Comique en 2009, à l’affiche d’une salle municipale de la banlieue grenobloise ? Oui, car Fontaine est la ville natale de la cantatrice. Elle a souhaité y commémorer en toute intimité ses vingt années de carrière devant un public constitué avant tout de famille et d’amis. Le résultat est on ne peut plus positif.
Le programme, composé d’airs d’opéras italiens et de mélodies, laisse percevoir une technique vocale à toute épreuve et un goût immodéré pour le jeu. Malgré la petitesse du lieu, l’aisance en scène de la chanteuse est remarquable : à une Susanna perspicace succèdent une hilarante Norina et une fragile Zerlina. Les textes, habités par une sensibilité à fleur de peau, sont relayés grâce à une diction impeccable qui s’explique par la longue pratique de la tragédie en musique, aux côtés de Christophe Rousset notamment.
En l’absence de programme de soirée, la cantatrice présente à sa manière les œuvres qu’elle interprète : « Vous allez voir, c’est très beau », indique-t-elle, bienveillante, à propos des Mélodies populaires grecques de Ravel. Le cycle achevé, elle conclut par un timide « Et voilà ! » qui fait rire la salle. L’ambiance est bon enfant, l’auditoire conquis.
Pour l’occasion, elle est accompagnée de la pianiste Alexandra Krutchkova, au jeu tout de finesse et de subtilités. La complicité entre les deux musiciennes, qui se sont rencontrées l’année dernière au Festival d’Aix-en-Provence, est palpable.
La relative déception vient d’un invité surprise, un certain Mauro Buda. Le baryton incarne sans difficulté particulière Figaro, Gianni Schicchi, Don Giovanni, avant de captiver l’assistance avec un généreux « Vision fugitive » extrait d’Hérodiade de Massenet. Cependant, ses interventions sont gâchées par un forte quasi permanent qui rend la prestation assourdissante dans un auditorium d’une centaine de places à peine.
Si, à la fin de la soirée, sous un tonnerre d’applaudissements, les deux acolytes confient s’être beaucoup amusés, le public paraît également ravi de ce moment offert par l’enfant du pays. Anna Maria Panzarella semble avoir encore de très beaux jours devant elle, à Fontaine et ailleurs !
.