Forum Opéra

Madama Butterfly — Orange

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
9 juillet 2016
Jaho, toujours plus haut

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Drame lyrique en trois actes, sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, d’après John Luther Long et David Blasco (1904)

Détails

Mise en scène

Nadine Duffaut

Scénographie

Emmanuelle Favre

Costumes

Rosalie Varda

Eclairages

Philippe Grosperrin

Cio-Cio San

Ermonela Jaho

Suzuki

Marie-Nicole Lemieux

Kate Pinkerton

Valentine Lemercier

Pinkerton

Bryan Hymel

Sharpless

Marc Barrard

Goro

Carlo Bosi

Il Bonzo

Wojtek Smilek

Il Principe Yamadori

Christophe Gay

Il Commissario Imperiale

Pierre Doyen

Orchestre Philharmonique de Radio France

Chœurs des Opéras d’Avignon, Nice et Toulon

Direction musicale

Mikko Franck

Chorégies d’Orange, Théâtre antique, samedi 9 juillet, 21h45

Sur la scène du Théâtre antique d’Orange, dans la chaleur ventilée d’une nuit d’été, face à 8000 spectateurs installés plus ou moins confortablement sur les gradins de pierre, la statue d’Auguste toise du haut de son mur celle de Bouddha en contrebas. Deux cultures s’entrechoquent. Cio-Cio-San – Madame Butterfly – geisha de 15 ans a été vendue par l’entremetteur Goro à Benjamin Franklin Pinkerton, lieutenant de la marine américaine, en escale à Nagasaki. On connaît l’issue dramatique de cette histoire de tourisme sexuel sur laquelle Puccini a déposé une partition dont la splendeur – vocale et orchestrale – n’est pas exempte de sadisme. Nadine Duffaut la raconte avec force images en un décor épuré, imité des jardins japonais : plateformes de bois reliées entre elles comme autant de pièces d’une maisonnette, posées sur un bassin d’eau, agrémentées de lanternes et autres accessoires utiles à la narration. Respectueuse du livret, la mise en scène ne s’applique pas seulement à illustrer en plusieurs tableaux, poétiques même si parfois anecdotiques, une histoire entre toutes tragique ; elle sait habilement occuper un plateau d’une largeur inconfortable et gérer les mouvements des figurants sans donner l’impression d’une armée défilant à la parade ou, pire, d’un troupeau de moutons rentrant à la bergerie (cf. Carmen l’an passé). Scènes intimes ou, au contraire, d’ensemble s’enchaînent fluides, intelligibles, sans la moindre rupture. Quelques extrapolations – Kate Pinkerton enceinte, Goro violentant une de ses geishas lors du prélude symphonique du 3e acte – ne portent pas à conséquence. Un nouveau système de surtitrage discret, la beauté des costumes – dont d’authentiques kimonos brodés –, le mistral bienveillant agitant les manches de soie comme des kakémonos, le reflet des lampions sur l’eau, la voute céleste étoilée… Tout concourt à faire de la soirée une de ces grand-messes lyriques et populaires dont les Chorégies ont en France l’apanage*.


© Philippe Gromelle Orange

La messe aurait-elle été cependant dite sans une interprète de l’envergure d’Ermonela Jaho dans le rôle-titre ? Non, évidemment. Fidèle à la règle qu’elle s’est fixée, la soprano donne tout comme si elle chantait pour la dernière fois : tout, y compris ce qu’elle a moins – un registre grave et médian parfois en retrait. Le geste pourra paraître appuyé mais il s’agit d’investir un espace démesuré et de se fondre totalement en un personnage dont elle possède déjà la silhouette, brune, fine et frêle. Du contraste entre cette fragilité apparente et un chant puissant au souffle inépuisable, jaillit l’émotion, attisée par des aigus filés, longuement tenus ou au contraire violemment  projetés.

Que Bryan Hymel (Pinkerton) pas toujours audible, ingrat, tendu et conspué par le public en fin de représentation, s’égare dans un répertoire qui flatte ses défauts mieux que ses qualités (à moins que, selon une mauvaise mode qui prévaut en Angleterre, les huées sanctionnent le personnage, et non le chanteur) ; que Marie-Nicole Lemieux (Suzuki) compense ses inégalités d’émission par une chaleur maternelle ; que Carlo Bosi (Goro) exsude insuffisamment – à notre goût – le vice ; que Marc Barrard offre à Sharpless une dignité compassionnelle à laquelle la patine du timbre n’est pas étrangère ; que les seconds rôles – dont le bonze furibond de Wojtek Smilek – parviennent à exister en quelques répliques… Tout cela parait accessoire, tant l’opéra ne tient qu’à deux fils : l’interprétation fusionnelle d’Ermonela Jaho et la direction étincelante de Mikko Franck.

Dans une partition où l’alchimie des timbres est clé, l’Orchestre Philharmonique de Radio France semble en effet une étoffe précieuse – entre soie et dentelle – dont on perçoit chaque instrument, ensemble ou séparément. L’acoustique du Théâtre antique est délicate mais volume et éclat savent se soumettre à la présence – ou non – des chanteurs tandis que les forces réunies des chœurs d’Avignon, de Nice et de Toulon réussissent l’exploit de chanter à bouche fermée sans qu’aucune voix ne dépasse. Magique !

*La représentation du 12 juillet est retransmise en direct sur France Musique et, en différé le lendemain, 13 juillet, sur France 5 et Culturebox.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Drame lyrique en trois actes, sur un livret de Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, d’après John Luther Long et David Blasco (1904)

Détails

Mise en scène

Nadine Duffaut

Scénographie

Emmanuelle Favre

Costumes

Rosalie Varda

Eclairages

Philippe Grosperrin

Cio-Cio San

Ermonela Jaho

Suzuki

Marie-Nicole Lemieux

Kate Pinkerton

Valentine Lemercier

Pinkerton

Bryan Hymel

Sharpless

Marc Barrard

Goro

Carlo Bosi

Il Bonzo

Wojtek Smilek

Il Principe Yamadori

Christophe Gay

Il Commissario Imperiale

Pierre Doyen

Orchestre Philharmonique de Radio France

Chœurs des Opéras d’Avignon, Nice et Toulon

Direction musicale

Mikko Franck

Chorégies d’Orange, Théâtre antique, samedi 9 juillet, 21h45

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle