Sur les rives de lac Michigan se dresse fièrement la skyline du Downtown Chicago Loop, jadis ville de gangsters devenue mythique à l’époque de la Prohibition, aujourd’hui emblématique des villes de gratte-ciels américaines. C’est là, au milieu de ce gigantisme que se niche le Lyric Opera of Chicago. Son bâtiment, appelée Civic Opera House, ferait presque petit, perdu dans tant de démesure. Pourtant c’est une des plus grandes institutions d’Amérique du Nord.
Adresse : 20 N Upper Wacker Dr, Chicago, IL 60606, États-Unis
Institution lyrique hébergée : Lyric Opera of Chicago
Site Web : https://www.lyricopera.org/
Année de construction : 1929
Architecte : Le cabinet Graham, Anderson, Probst & White. Sculptures de Henry Hering.
Style architectural : Art déco
Répertoire de prédilection : En dehors du répertoire classique inhérent à toute les grandes maisons, le Lyric Opera a régulièrement passé commande d’opéra à des compositeurs américains (voir liste ci-dessous).
Histoire : Il faut ici distinguer le Lyric Opera of Chicago, actuelle institution qui ouvre ses portes en 1954 dans le Civic Opera House building. Ce batiment Art déco, érigé en 1929 sur les bords de la Chicago River, a déjà abrité plusieurs compagnies lyriques, la toute première (Chicago Civic Opera Company) faisant faillite en pleine Grande Dépression en 1931.
La construction de l’Opéra est impulsée par Samuel Insull (1859-1938), un magnat tel que les Etats-Unis en nourrissent dans les années 30, surnommé très simplement le « Prince de l’Electricité ». Non content de ses activités lucratives, Insull est à la tête de la Chicago Civic Opera Association, fondée en son temps par des artistes lyriques chassés de New York par la concurrence du Metropolitan Opera : la Manhattan Opera Company. Arrivés en 1910, ces artistes parviennent à produire quatre saisons en résidence dans l’Auditorium Theater, à l’acoustique remarquable mais manquant d’espace en coulisses. Survient ensuite une année de césure, qui conduit à une refondation sous le nom de Chicago Opera Association, qui changera elle aussi de nom (et de management) à plusieurs reprises jusqu’à la création de l’actuel Lyric Opera en 1954.
Le Civic Opera House building vaut le détour : une tour de bureaux de quarante-cinq étages et deux ailes de vingt-deux étages encadrent l’auditorium lui-même ! Insull finance la moitié des travaux, les bureaux devant être loués pendant quatre-vingts ans pour rembourser les bons d’assurance constituant l’autre moitié du financement. Forcément, Insull impose la forme générale du bâtiment. Il ressemble à une chaise géante, ce qui lui vaudra le sobriquet de « Trône d’Insull ». Il fallait bien cela pour le Prince de l’Electricité ! Ce n’est qu’en 1993 que l’instution commencera à racheter les murs du batiment qui l’abrite à travers un campagne de mécénat visant également à rénover ce joyau Art déco.
En 2012 est lancé le programme Lyric Unlimited, qui doit proposer un service culturel à travers l’aire géographique de Chicago auprès de populations éloignées du monde de l’opéra. Ce programme comprend des collaborations avec d’autres institutions culturelles, et vise à ce que l’opéra aille à la rencontre d’autres formes artistiques, d’autres publics et d’autres cultures. Plusieurs opéras en création mondiale verront le jour dans les années qui suivent.
Education : Fondé en 1973 pour répandre gratuitement la connaisance de l’art lyrique dans les écoles, les biobliothèques et les communautés de l’agglomération de Chicago, les initiatives du département d’Education du Lyric Opera of Chicago sont maintenant réunies dans le programme Lyric Unlimited. Comme bien souvent aux USA, il dépend très largement du mécénat.
Premier opéra représenté :
1931 : Camille de Forrest Hamilton (d’après Alexandre Dumas) dans le Civic Opera House Building
1954 : Première saison en Novembre avec 8 opéras présentés, ouverte par Norma avec Maria Callas dans le rôle titre (elle chante aussi dans Traviata et Lucia di Lammermoor)
Créations marquantes :
- Lord Byron’s Love Letter, Raffaele de Banfield (création aux USA) – 1955
- Il ballo delle ingrate, Claudio Monteverdi (création aux USA) – 1955
- The Harvest, Vittorio Giannini (création mondiale) – 1961
- Billy Budd, Benjamin Britten (première production professionelle aux USA) – 1970
- Paradise Lost, Krzysztof Penderecki (commande et création mondiale) – 1978
- McTeague, William Bolcom (commande et création mondiale) – 1992
- Un re in ascolto, Luciano Berio (création aux USA) – 1996
- Amistad, Anthony Davis (commande et création mondiale) – 1997
- A View from the Bridge, William Bolcom (commande et création mondiale) – 1999
- A Wedding, William Bolcom (commande et création mondiale) – 2004
- El Pasado Nunca Se Termina, José “Pepe” Martínez and Leonard Foglia (commande de l’opéra via son programme Lyric Unlimited et création mondiale) – 2014
- Bel Canto, Jimmy López et Nilo Cruz (commande et création mondiale) – 2015
- The Property, Wlad Marhulets et Stephanie (commande de l’opéra via son programme Lyric Unlimited et création mondiale) – 2015
- Second Nature, Matthew Aucoin (commande de l’opéra via son programme Lyric Unlimited et création mondiale) – 2015
Meilleures places : Plusieurs options selon ce que vous privilégiez. Les places de box/mezzanine offrent un meilleur son que celles du parterre. La vue la plus confortable se trouve au premier rang du premier balcon (Dress Circle). Si vous voulez vous isoler, optez pour les premiers rangs des premières loges, plus proches de la scène. Elles offrent une belle acoustique et une vue imprenable.
Acoustique : Déjà remarquable pour une salle de cette dimension (3563 fauteuils : deuxième plus grand opéra aux USA après le Met), elle a été améliorée à la fin des années 90 par différents travaux de réfections, notamment le remplacement de tentures en velours qui recouvraient les alcôves latérales et les fauteuils et qui absorbaient le son.
Tarifs : De 17 à 350$
Anecdote : On raconte que si le magnat Insull fit construire le Civic Opera House c’était pour que sa femme, éconduite par le Metropolitan Opera, s’y produise. Las, madame Insull n’était pas du tout chanteuse dans la vraie vie. Variante, c’est pour sa fille et pour les mêmes motifs qu’il aurait fait ériger le bâtiment. Encore raté ! Insull n’avait pas de fille. Outre le fait que cette légende urbaine a directement inspiré Orson Welles et le scénario de Citizen Kane, elle se nourrit de la rivalité avec l’institution New Yorkaise, ramenant aux origines de la présence de l’art lyrique dans l’Illinois et à un certain complexe vis-à-vis de la Grosse Pomme.
Vestiaire : Ils sont présents aux différents niveaux du bâtiment. Il vous sera demandés d’y déposer vos sacs les plus larges et valises.
A l’entracte : Business is business, pas soucis de ce côté-là vous trouverez de quoi vous restaurer ! Possibilité de précommander pour ne pas patienter à l’entracte. Le Civic Opera House building abrite quelques restaurants. Comme souvent aux Etats-Unis, le repas a plutôt lieu avant la représentation et il est préférable de réserver.
Le bémol : Comme toutes les salles de cette dimension les places les moins chères sont très éloignées de la scène, et le son s’affaiblit quoiqu’il arrive. Si votre budget vous a conduit à ces places, pensez aux jumelles !
Le dièse : En dehors d’une programmation artistique remarquable (Renée Flemming est conseillère artistique), c’est bien entendu la beauté Art Déco du bâtiment qui vous séduira lors de votre visite.
Accessibilité : Portes automatiques, ascenseurs, toilettes adaptées, emplacement pour fauteuils roulants et places spécifiques pour les accompagnants ; programme en braille, jumelles pour les malvoyants, appareils auditifs… il n’y a pas à dire, le Lyric Opera of Chicago est exemplaire en la matière.
Accès : La station de métro la plus proche est Washington/Wells desservie par quatre lignes. Un arrêt de bus dessert l’opéra directement. En train, Union Station et Ogilvie sont à quelques minutes de marche. En voiture l’opéra propose un parking à tarif préférentiel (14$ pour un stationnement possible entre 3h de l’après-midi et 3h du matin).
Boutique : Un boutique, de souvenirs et autres objets, est située dans le hall d’entrée. Une version numérique est égalemment accessible.
Où dîner a proximité ? S’il y avait une recommandation à faire à Chicago elle ne serait pas gastronomique mais pantagruélique ! L’institution culinaire de Windy City c’est la deep dish pizza, que l’on pourrait traduire par pizza à double fond. Elle est si épaisse et fournie en garniture diverse (mozzarella, sauce tomate) qu’on la sert dans un plat en métal creux et qu’elle vous tient au corps pour la semaine ! De quoi affronter les rigueurs de l’hiver continental et le vent froid qui cingle depuis le lac. Différentes pizzerias la proposent, mais elle a été inventée en 1943 chez Uno, 29 East Ohio Street. Dig in!
Où dormir à proximité ? L’opéra propose un certain nombre de deals avec des hôtels à proximité, rendez-vous ici. Autrement, les grands palaces et hôtels de chaines réputées sont tous situés à l’intérieur du Loop, le cœur de la ville où se trouve le Civic Opera House building. Selon votre budget, c’est le lieu idéal pour explorer : lignes de métro en nombre, proximité immédiate du Millenium Park, de ses musées (ne rater pas une des plus grandes collections de toiles impressionnistes du monde) ou encore du Bean d’Anish Kapoor (si vous souhaitez réaliser un super selfie dans le reflet) etc. etc.
Aux beaux jours, le quartier de Fullerton au nord, rappelle un peu l’habitat londonien. Il est facile de revenir dans le centre et l’on peut profiter des bords du lac et des parcs qui le bordent.