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Lucia di Lammermoor — Munich

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Spectacle
25 juillet 2015
Pas de printemps pour Damrau

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Opéra en 3 actes

Livret de Salvatore Cammarano, d’après Walter Scott

Créé au Teatro San Carlo de Naples, le 26 septembre 1835

Détails

Mise en scène

Barbara Wysocka

Décors

Barbara Hanicka

Costumes

Julia Kornacka

Lumières

Rainer Casper

Dramaturgie

Daniel Menne

Malte Krasting

Lucia Ashton

Diana Damrau

Sir Edgardo di Ravenswood

Pavol Breslik

Lord Arturo Bucklaw

Emanuele D’Aguanno

Raimondo Bidebent

Alexander Tsymbalyuk

Alisa

Rachael Wilson

Normanno

Dean Power

Lord Enrico Ashton

Dalibor Jenis

Bayerisches Staatsorchester

Chor der Bayerischen Staatsoper

Chef des choeurs

Stellario Fagone

Direction musicale

Oksana Lyniv

Munich, Bayerishe Staatsoper, samedi 25 juillet, 19h

Du disque à la scène, il y a un fossé, on le sait. Lucia di Lammermoor, enregistrée en juillet 2013 par Diana Damrau nous avait passablement ennuyé. A Munich, au contraire, dans la reprise d’une production conçue en janvier dernier à son intention par Barbara Wysocka, elle captive et ce, dès les premières mesures, sans attendre une scène de folie dont on se doutait qu’elle serait mémorable. Visiblement, la soprano bavaroise aime cette mise en scène aux partis-pris hollywoodiens qui sied à sa blondeur hitchcockienne. Le film noir supplante les landes écossaises chères à Walter Scott. Dans son palais dévasté et graffité, tel le parrain d’une mafia en déroute, Enrico fume rageusement cigarette sur cigarette. Dire que Dalibor Jenis interprète un Ashton inoubliable serait exagéré. Insuffisamment méchant – on voudrait plus de noirceur dans la voix, plus de mordant dans l’accent – et en même temps, insuffisamment rompu aux arcanes d’un style belcantiste dont peu de barytons – il faut le reconnaître – possèdent les clés. Enrico n’est pas Nabucco que Jenis interprétait plutôt pas mal à Gand il y a deux saisons.

Edgardo entre sur scène au volant d’une décapotable – rumeur amusée dans la salle – que l’on retrouvera fracassée contre un des murs du décor après l’entracte – nouveau murmure d’amusement. Le dernier rejeton des Ravenswood est à James Dean ce que sa fiancé est à Tippi Hedren. Blouson de cuir et tee-shirt blanc sur un torse athlétique, il a la fureur de vivre quand la partition ne lui donne que celle de mourir. Cheveux en l’air et bras tatoué, Pavol Breslik s’aventure ici aux frontières d’une voix plus légère que lyrique avec l’élégance qui le caractérise. Pas ou peu d’ombre dans ce chant svelte – quand la scène de Wolferag et les éclats du 2e acte voudraient davantage de testostérone – mais au contraire une lumière juvénile qui éclaire le duo avec Lucia et rend le suicide d’Edgardo encore plus révoltant. Il ne devrait pas être permis de mourir si jeune.


© Wilfried Hösl

Lucia, elle, est à son affaire. On a trop souvent trouvé le jeu de Diana Damrau convenu pour ne pas s’enthousiasmer sur ce portrait d’une Lammermoor résolument moderne. Ni pute, ni soumise, ni victime livide dans une robe de mariée ensanglantée conformément à la tradition établie, mais femme affranchie et décidée dont le chant utilise tous les effets possibles pour rendre la proposition acceptable. Notes piquées, augmentées, diminuées, trillées, liées, variées servent un propos dont la pugnacité détonne avec l’image que l’on se fait – à tort – de Lucia. Au meilleur de sa forme, Diana Damrau sort les griffes, ose des couleurs inédites, des teintes fauves et rauques, des variations insolentes, sans concéder ne serait-ce qu’un demi-ton à des suraigus, fussent-ils pris deux ou trois fois un peu bas puis ramenés subtilement  à la bonne hauteur.

Fallait-il ajouter à cette transposition cohérente une dimension psychanalytique en usant sporadiquement de vidéos et en convoquant dès le lever de rideau une petite fille blonde, revolver à la main ? Lucia enfant ? Oui mais pourquoi ? « N’est pas Warlikowski qui veut » nous chuchote à l’oreille notre voisine. Tout comme, dans Lucia, n’est pas Karajan, qui souhaiterait s’en inspirer. A l’opposé de sa silhouette gracile, la direction d’Oksana Lyniv est d’une lourdeur que l’on qualifierait de germanique si la chef d’orchestre, assistante à Munich de Kirill Petrenko, n’était d’origine ukrainienne. Rythmes marqués et percussions fracassantes, servis par un orchestre et un chœur qui n’aime rien tant que faire ronfler le moteur, ne rendent pas particulièrement service à une partition heureusement jouée dans son intégralité avec un souci de la lettre qui va jusqu’à l’emploi de l’harmonica de verre dans la scène de folie. Si le public semble inexplicablement apprécier une lecture aussi martiale – tout comme il ovationne Alexander Tsymbalyuk dont le Raimondo nous semble pourtant bien inexpérimenté –, il n’oublie pas de réserver le meilleur de ses applaudissements à Diana Damrau, acclamée, rappelée à plusieurs reprises et justement fleurie d’un bouquet de roses lâché du deuxième balcon.

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Opéra en 3 actes

Livret de Salvatore Cammarano, d’après Walter Scott

Créé au Teatro San Carlo de Naples, le 26 septembre 1835

Détails

Mise en scène

Barbara Wysocka

Décors

Barbara Hanicka

Costumes

Julia Kornacka

Lumières

Rainer Casper

Dramaturgie

Daniel Menne

Malte Krasting

Lucia Ashton

Diana Damrau

Sir Edgardo di Ravenswood

Pavol Breslik

Lord Arturo Bucklaw

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Raimondo Bidebent

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