Forum Opéra

Lucia di Lammermoor — Budapest

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
8 mars 2018
Stratosphérique !

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Opéra en trois actes

Livret de Salvatore Cammarano d’après The Bride of Lammermoor de Walter Scott

Créé à Naples au Teatro San Carlo le 26 septembre 1835

Détails

Mise en scène

Máté Szabó

Décors

Balázs Cziegler

Costumes

Ildi Tihanyi

Chorégraphie

Csaba Sebestyén

Lucia Ashton

Klára Kolonits

Edgardo di Ravenswood

Giordano Lucá

Enrico Ashton

Szegedi Csaba

Raimondo

Péter Fried

Arturo Bucklaw

Tibor Szappanos

Normanno

Gergely Ujvári

Alisa

Szilvia Vörös

Orchestre et Chœurs de l’Opéra d’Etat Hongrois

Direction musicale

Balázs Kocsár

Budapest, Théâtre Erkel, jeudi 8 mars 2018, 19h.

Bien connu des lyricomanes, Lucia di Lammermoor est un de ces chefs d’oeuvre dont la partition est régulièrement malmenée à la scène : coupures et transpositions sont communes, défigurant parfois même le style belcantiste (par exemple, la suppression habituelle des codas). La modification la plus commune est celle de la tonalité du rôle titre, et on a pris l’habitude d’entendre une Lucia légèrement abaissée. Pour cette version, l’Opéra d’Etat Hongrois a fait le choix audacieux de revenir aux tonalités originales, exigeant il faut bien le dire, une cantatrice aux moyens exceptionnels.

Klára Kolonits, que nous avions récemment appréciée dans Les Huguenots sur cette même scène, relève magnifiquement le défi. L’air d’entrée, que nous connaissons ordinairement en ré, est ici chanté un demi ton plus haut : la voix est bien conduite, suffisamment large, l’aigu sûr et puissant jusqu’à un splendide contre mi bémol ; le soprano campe une Lucia toute à son bonheur amoureux, tout à fait convaincante, et le duo qui suit est dans la même veine, les timbres des deux interprètes étant parfaitement apariés. A l’acte II, Kolonits fait évoluer les couleurs de sa voix pour épouser le désespoir de l’héroïne : la partie lente du duo avec Enrico offre ce qu’il faut d’émotions, sans excès histrioniques, avec une musicalité et un legato parfait. La partie rapide, doublée et prise à un tempo infernal, est une véritable course à l’abîme, couronnée par un magnifique contre-mi, suivi d’un la naturel pour le baryton, ces notes n’ayant plus ici une fonction purement décorative, mais exprimant à leur manière la tension entre les personnages. Kolonits renouvelle totalement l’approche traditionnelle de la scène de folie de l’acte III. Chantée un ton plus haut qu’ordinairement, la scène est proprement stratosphérique. Dans ces conditions, l’accompagnement à l’harmonica de verre (et non à la seule flûte) est une évidence et non une curiosité, d’autant que le soprano aligne, sans effort apparent, contre-ut et contre ré (une bonne vingtaine), qui ne sont pas ici des contre-notes conclusives (à part le contre-ut final), mais l’expression aérienne de la démence de Lucia, un chant déjà perdu dans les cieux. Kolonits propose également sa propre cadence pour la première partie de la scène, choisissant une fin apaisée plutôt qu’un suraigu exubérant. La diction manque toutefois un peu de mordant et l’attitude scénique est un peu stéréotypée. En conclusion, une interprétation originale et convaincante, un chant souverain, mais il manque encore au soprano hongrois la fréquentation de scènes internationales et de grands chefs pour parfaire son incarnation.

A ses côtés, le jeune Giordano Lucá est un Edgardo encore un peu vert scéniquement. L’aigu est peut-être un peu tendu (pas de mi bémol au premier acte, on l’imagine), mais le timbre est séduisant et le chant d’une parfaite musicalité. La scène finale (elle aussi dans le ton original, ce qui est plus courant) est interprétée avec un legato parfait, et ce qu’il faut de morbidezza. Certainement un chanteur à suivre. Szegedi Csaba est un Enrico au timbre clair, plus verdien que donizettien (aucune variation proposée dans les reprises), un peu instable à certaines occasions (dans le duo avec Lucia, particulièrement aigu pour un baryton il faut bien le reconnaître), mais néanmoins plutôt plaisant. Pilier de l’opéra national, où il chante depuis une trentaine d’années, Péter Fried est un Raimondo aux moyens un peu usés, peu belcantiste, mais dont le métier permet des nuances interprétatives pleines de justesse qui rendent le personnage plus complexe qu’à l’ordinaire. Notons que la scène entre Lucia et lui, souvent coupée, est ici au contraire doublée (mais sans variations). Les seconds rôles sont excellement tenus : l’Arturo de Tibor Szappanos séduit par son timbre et la caractérisation dramatique est juste, le Normanno de Gergely Ujvári est musical, bien projeté, et l’Alisa de Szilvia Vörös particulièrement sonore.

A la tête d’un orchestre en bonne forme, Balázs Kocsár propose une direction souvent vive, attentive aux chanteurs. On regrettera quelques coupures : certaines codas (mais pas toutes), l’intégralité de la scène de la Tour de Wolferag, choix étonnant quand on entend ça et là quelques mesures inédites (les choeurs dans la scène finale d’Edgardo). Avec des moyens limités, la mise en scène de Máté Szabó offre des idées intéressantes (le poids de la religion, le sort des femmes, les décors oppressants de Balázs Cziegler) mais manque un peu d’approfondissement.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Opéra en trois actes

Livret de Salvatore Cammarano d’après The Bride of Lammermoor de Walter Scott

Créé à Naples au Teatro San Carlo le 26 septembre 1835

Détails

Mise en scène

Máté Szabó

Décors

Balázs Cziegler

Costumes

Ildi Tihanyi

Chorégraphie

Csaba Sebestyén

Lucia Ashton

Klára Kolonits

Edgardo di Ravenswood

Giordano Lucá

Enrico Ashton

Szegedi Csaba

Raimondo

Péter Fried

Arturo Bucklaw

Tibor Szappanos

Normanno

Gergely Ujvári

Alisa

Szilvia Vörös

Orchestre et Chœurs de l’Opéra d’Etat Hongrois

Direction musicale

Balázs Kocsár

Budapest, Théâtre Erkel, jeudi 8 mars 2018, 19h.

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle