Forum Opéra

Das Rheingold — Bayreuth

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
9 août 2015
Petites provocations et grandes trahisons

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Das Rheingold

Prologue en un acte au festival scénique Der Ring des Nibelungen

Musique et livret de Richard Wagner

Création le 22 septembre 1869 au théâtre national de la Cour, à Munich

Détails

Mise en scène
Frank Castorf
Décors
Aleksandar Denic
Costumes
Adriana Braga Peretzki
Lumières
Rainer Casper
Vidéo
Andreas Deinert , Jens Crull

Wotan
Wolfgang Koch
Donner
Daniel Schmutzhard*
Froh
Lothar Odinius
Loge
John Daszak*
Fricka
Claudia Mahnke
Freia
Allison Oakes*
Erda
Nadine Weissmann
Alberich
Albert Dohmen*
Mime
Andreas Conrad*
Fasolt
Wilhelm Schwinghammer
Fafner
Andreas Hörl
Woglinde
Mirella Hagen
Welgunde
Julia Rutigliano
Flosshilde
Anna Lapkovskaja*

Orchestre du Festival
Direction musicale
Kirill Petrenko

Bayreuth, Festspielhaus, dimanche 9 août 2015 à 18 heures

« Depuis Chéreau, tout le monde sait que la Tétralogie est une histoire de minables pervers qui se prennent pour des dieux en commettant des crimes abominables », écrivait Roselyne Bachelot l’an passé de retour de son pèlerinage à Bayreuth. C’est aller un peu vite avec l’évolution de la dramaturgie : Chéreau les avait fait tomber de leur piédestal en les ramenant à leurs humaines ambiguïtés et en inscrivant le cycle dans une certaine vision de l’Histoire. Frank Castorf les rabaisse encore davantage et sa conception du monument wagnérien fait grincer pas mal de dents depuis trois années y compris dans ces colonnes (voir les avis tranchés de Christophe Rizoud et Maurice Salles).

Difficile de se prononcer après un prologue déjà OSNI (objet scénique non identifié), surtout quand on sait la profusion de lieux et de situations qui nous attendent dans les trois journées du festival scénique. Toute la difficulté réside là, chacun a déjà égrené les références (cinéma et le Reservoir Dogs de Tarantino, arts plastiques) qui truffent l’imaginaire de ce spectacle, joué, filmé et retransmis en même temps. C’est bien toute une pop culture, celle de l’Amérique insouciante des drive-in, celle de la presse people (Loge prend connaissance du vol de l’or grâce aux photos d’un paparazzi) qui rentre dans l’univers de ces dieux devenus mafieux / maquereaux / loosers / putes à la petite semaine. Mais au dessus de l’écume il reste la crème : les rapports de force entre les personnages ne sont pas sacrifiés, ils sont même approfondis grâce à l’effet « coulisses du Ring » introduit par la captation vidéo « breaking news ». Les deux années passées, et en dehors des goûts des uns et des autres, on a reproché au metteur en scène un manque de vision globale tout en saluant le savoir-faire dans la réalisation. Dès Das Rheingold, les commentateurs se demandaient où cela allait aller. Peut-être est-ce, semble nous dire Castorf, parce que nous ne sommes plus dans une époque de pensée réflexive (comme pouvait l’être celle du théâtre d’un Chéreau) mais dans celle d’une image qui défile à deux cents à l’heure. Aussi notre perception de Wagner et de son œuvre protéiforme ne se fera plus par grand ensemble cohérent du mi bémol d’ouverture au bûcher de Brunhilde. Mais par petites touches, petites provocations, grandes trahisons. A confirmer ou infirmer lors des trois prochaines journées.

A nouvelle année, nouveautés sur la Colline Sacrée, d’autant que le cast est presque changé de moitié (voir les étoiles dans la distribution ci-contre). On se souvient que deux des chanteurs de ce Ring ont péri dans l’acte fou du pilote de la Germanwings dont Oleg Bryjak, l’Alberich libidineux à souhait portraituré par Frank Castorf. C’est Albert Dohmen qui assure une relève vocale de haute volée, même s’il incarne un personnage presque noble, en comparaison des minables qui l’entourent. Reste l’indéboulonnable Wotan de Wolfgang Koch, aussi cauteleux en scène qu’il louvoie dans le Sprechgesang de ce prologue. Il ne chantera plus l’an prochain et l’on se demande comment cette folle journée pourra tenir. John Daszak donne de l’espoir à ce sujet, il reprend le rôle de Loge cette année avec brio, de même que le « nouveau » Mime d’Andreas Conrad laisse impatient de l’entendre plus longuement dans Siegfried. En revanche si la Fricka de Claudia Mahnke reste inchangée et de qualité, Freia trouve en Allison Oakes une interprète en manque de brillant dans l’aigu. Nadine Weissmann en Erda, continue de se tailler sa part du lion : à l’opposé de son apparition en diva à fourrure, bien informée des petites affaires de chacun, sa voix se déploie opulente et élégante. Daniel Schmutzhard (Donner) et Lothar Odinius (Froh) achève ce simulacre de panthéon divin de fort belle manière. Des deux géants c’est Wilhelm Schwinghammer, Fasolt langoureux sous ses dehors de frustré,  qui l’emporte sur le Fafner un peu relâché d’Andreas Hörl. Nos ondines sont toujours aussi mignonettes et parfaitement en place vocalement et scéniquement, même si elles accueillent une nouvelle dans leur rang : Anna Lapkovskaja.

Puisque nous parlons du Rhin, suivons-en les Filles et,  comme il fait chaud, allons nous y plonger ! Ouvert dans une grande lenteur qui permet de déguster l’entrée de chaque pupitre, de sentir le fleuve bouillonner des contrebasses aux violons, la soirée défile ensuite avec évidence. L’orchestre est d’une clarté limpide, maintenu la plupart du temps à un volume sonore raisonnable propre à la conversation (en musique) qui se déroule au Golden Motel. Kirill Petrenko réussit cette gageure de peindre à la fois la fresque et de faire sourdre le rythme et la pulsation qui irriguent la scène, accompagnent les chanteurs et la mise en scène. N’étaient quelques scories dans les cuivres, il n’y a qu’à applaudir et taper des pieds, ce que n’a pas manqué de faire le public dès qu’il en a eu l’opportunité.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Das Rheingold

Prologue en un acte au festival scénique Der Ring des Nibelungen

Musique et livret de Richard Wagner

Création le 22 septembre 1869 au théâtre national de la Cour, à Munich

Détails

Mise en scène
Frank Castorf
Décors
Aleksandar Denic
Costumes
Adriana Braga Peretzki
Lumières
Rainer Casper
Vidéo
Andreas Deinert , Jens Crull

Wotan
Wolfgang Koch
Donner
Daniel Schmutzhard*
Froh
Lothar Odinius
Loge
John Daszak*
Fricka
Claudia Mahnke
Freia
Allison Oakes*
Erda
Nadine Weissmann
Alberich
Albert Dohmen*
Mime
Andreas Conrad*
Fasolt
Wilhelm Schwinghammer
Fafner
Andreas Hörl
Woglinde
Mirella Hagen
Welgunde
Julia Rutigliano
Flosshilde
Anna Lapkovskaja*

Orchestre du Festival
Direction musicale
Kirill Petrenko

Bayreuth, Festspielhaus, dimanche 9 août 2015 à 18 heures

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Die Frau ohne Schatten – Baden-Baden

Le rêve de l’enfant
Kirill PETRENKO, Elza VAN DEN HEEVER
Spectacle

Test je peux pas publier 2 mais après oui

Spectacle

Test Editeur modifier sans relecture nécessaire

Spectacle

INSTANT LYRIQUE Alexandre Marcellier, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur — Paris (Opéra Comique)

Les servantes écarlates
Marie-Andrée BOUCHARD-LESIEUR, Yoan BRAKHA, Alexandra MARCELLIER
Spectacle