Forum Opéra

Berg, Webern, Schoenberg

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
4 avril 2011
Un quatuor à bonne école

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

Arnold Schoenberg (1874-1951)
Quatuor à cordes n°2 op. 10
Anton Webern (1883-1945)
Six bagatelles pour quatuor à cordes op. 9
Alban Berg (1883-1945)
Suite Lyrique
Sandrine Piau (soprano)
Marie-Nicole Lemieux (contralto)
Quatuor Diotima
Enregistré en juin 2010, MC2, Grenoble
1 CD Naïve –V 5240

Avec ses deux mouvements « vocaux » et une écriture que l’on peut considérer comme le « degré zéro » de l’atonalité (bien qu’il soit noté en fa dièsemineur), le Quatuor n°2 op.10 d’Arnold Schoenberg est une page importante dans la complexe évolution du langage musical. Très à l’aise avec cette esthétique, le Quatuor Diotima poursuit son parcours discographique sans faute, après de très beaux enregistrements consacrés, entre autres, à Janáček (Alpha), Oslow (Naïve) et Durosoir (Alpha). En utilisant les innombrables nuances dynamiques contenues dans la partition, les instrumentistes rendent la texture polyphonique très claire –même si, de manière générale, on aimerait un alto plus présent. Leur sens de l’architecture, la fulgurance de certaines sections (dans le Sehr rasch !) et la réalisation parfaite des effets sonores (pizzicatos rageurs, sul ponticelo magnifiques, etc.) font de cette interprétation analytique une belle réussite. Sandrine Piau signe de son côté une prestation très expressive. Se fondant dans la polyphonie, elle nous plonge magnifiquement dans le climat érotico-macabre et délétère de la Vienne « fin de siècle ». Troublant et magistral.  

 

Chef-d’œuvre absolu dans le style aphoristique, les Six Bagatelles pour quatuor à cordes op. 9 de Webern sont dédiées à Alban Berg –notons que le présent enregistrement propose un mouvement chanté inédit (Schmerz immer, Blick nach oben). L’extrême brièveté de ces pages exige des musiciens qu’ils puissent s’exprimer en un instant, sans avoir l’occasion de « s’installer » dans l’œuvre. Les interprètes doivent donc aller directement au but afin de rendre l’essence de ces diamants bruts. Dans une lecture moins violente que les Emerson (Deutsche Grammophon) mais plus kaléidoscopique que la récente gravure des Hagen (Myrios), les Diotima réussissent le tour de force de pénétrer le cœur de ces miniatures et d’en rendre les mille reflets colorés.   

 

Largement dodécaphonique1, la Suite Lyrique d’Alban Berg cite textuellement la formidable Symphonie Lyrique de Zemlinsky (dédicataire de l’œuvre) et Tristan et Isolde de Wagner. Elle apparaît comme la petite sœur des œuvres en six mouvements de Mahler (Le Chant de la Terre) et, tout comme les Lettres intimes de Janáček ou le Quatuor n°5 de Martinů, est une pièce chambriste en forme de preuve d’amour extraconjugale. En effet, bien que marié à Hélène, le compositeur y cache un message à l’intention d’Hanna Fuchs, sœur de Franz Werfel et, par conséquent, belle-sœur d’Alma Mahler. Pour ce faire, il utilise un motif formé sur les notes la, si bémol, si bécarre, fa qui, dans le système solfégique allemand, se lisent A, B, H, F (initiales d’Alban Berg –Hanna Fuchs). La version choisie ici est celle où la voix chante, dans le Largo desolato final, le De profundis Clamavi de Baudelaire traduit par Stefan George. Très à l’aise dans les autres mouvements, les instrumentistes s’y laissent un peu trop submerger par le charisme vocal de Marie-Nicole Lemieux, dont le timbre généreux et le sens dramatique embrassent la musique de manière idéale.   

 

Nicolas Derny

 

 

1 Dodécaphonisme sériel construit de tel manière que des repères tonals émergent (accords, relations, etc.).

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
FOI20Schoenberg-Berg-Webern

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Arnold Schoenberg (1874-1951)
Quatuor à cordes n°2 op. 10
Anton Webern (1883-1945)
Six bagatelles pour quatuor à cordes op. 9
Alban Berg (1883-1945)
Suite Lyrique
Sandrine Piau (soprano)
Marie-Nicole Lemieux (contralto)
Quatuor Diotima
Enregistré en juin 2010, MC2, Grenoble
1 CD Naïve –V 5240

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD