Les mille et un opéras de Piotr Kaminski ayant disqualifié le Kobbé, il fallait à la collection Bouquins un nouveau thésaurus en matière d’art lyrique. D’où cet Univers de l’opéra : un répertoire alphabétique de 2.000 entrées qui inventorie non seulement les œuvres mais aussi les compositeurs, les librettistes, les chanteurs, les chefs d’orchestre, les metteurs en scène, les théâtres, les festivals, les pays, les villes, les mythes, les genres et les termes techniques. Qui trop embrasse mal étreint ? Evidemment, l’exhaustivité des thèmes abordés empêche la revue de détails. Mais les auteurs, dont notre confrère Sylvain Fort, sont suffisamment compétents pour savoir exprimer l’essence de chaque sujet, extraire ce que Rabelais appelle la substantifique moelle. Evidemment, on pourra regretter l’omission de certains titres (Quoi ! Armide de Gluck, de Lully et pas de Rossini ?), l’absence d’interprètes historiques ou en passe de le devenir (Quoi ! Ni Cerquetti, ni Suliotis, ni Scholl, ni Cencic ?). Mais, compte tenu du champ des possibles, il était inévitable que certains noms passent à travers les mailles d’un filet que l’on a pris soin pourtant de tisser serré. Evidemment, la préface d’Alain Duault, et encore plus sa postface, étaient dispensables. On aurait pu gagner un nombre précieux de signes en s’abstenant. Mais il fallait bien caresser le grand public dans le bon sens du poil. Cette encyclopédie s’adresse autant au néophyte qu’à l’amateur éclairé. Evidemment, on aurait aimé qu’un index des noms d’interprètes et de compositeurs s’ajoute à la table des œuvres proposée en fin de volume. Mais, on s’en doute, la place était précieuse et Bertrand Dermoncourt, qui a dirigé la rédaction de cet Univers de l’opéra, a eu raison de privilégier le texte aux annexes.
Une fois écartées les sempiternelles raisons de faire la grimace, force est de tirer sa révérence à ce qui constitue dans le genre un coup de maître. Sauf erreur de notre part, mis à part les dictionnaires amoureux qui sont par définition encore plus incomplets et partiaux, il n’existe pas en français d’ouvrage qui inventorie de manière aussi large les termes relatifs à l’opéra et qui le fasse avec une telle somme de science. Ainsi, la présentation des œuvres ou des artistes ne se contente pas d’aligner des faits que l’on connaît peu ou prou, elle propose en sus à chaque fois une analyse, un regard qui rend la lecture mieux qu’instructive : édifiante. Voilà donc un volume que l’on est appelé à consulter souvent, qu’il s’agisse de vérifier une information, de confronter une opinion ou d’élargir son point de vue. Quand un ouvrage se trouve investi de telles fonctions, c’est qu’il est de référence.