Forum Opéra

Hamlet d'Ambroise Thomas

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Livre
7 juin 2011
Pour ou contre Ambroise Thomas ?

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Détails

L’avant-scène Opéra : Hamlet
Ambroise Thomas (1811-1896)
Points de repère
Gérard Condé : Argument
Gérard Condé : Introduction et Guide d’écoute
Jules Barbier et Michel Carré : Livret original en français
Regards sur l’œuvre
Élisabeth Malfroy : Ambroise Thomas, témoin du siècle
Georges Masson : éclats d’une carrière
Louis Bilodeau : Barbier et Carré, le livret à quatre mains
Jean-Claude Yon : Shakespeare en France au XIXe siècle
Pierre Degott : Shakespeare or not Shakespeare
Piotr Ilitch Tchaikovski : Compte rendu de la création moscovite
Léon Bienvenu : Extrait du Trombinoscope
Louis Bilodeau : J.-B. Faure, baryton et collectionneur
Ecouter, voir et lire
Didier van Moere : Disco-Vidéographie
Elisabetta Soldini : L’œuvre à l’affiche
Calendrier des premières représentations
Les grandes représentations au Palais Garnier
Hamlet à travers le monde (1978-2011)
Chantal Cazaux et Elisabetta Soldini : Bibliographie
Mai-juin 2011 – 160 pages – 25€

« Deux cents ans après sa naissance, il est temps de faire entrer Ambroise Thomas dans notre catalogue ! ». Cette exclamation en préambule de ce nouveau numéro de L’Avant-Scène Opéra, le 262e depuis la création de la revue, en dit long sur la place que l’on réserve au panthéon lyrique à un compositeur dont le théâtre chanté fut pourtant le fond de commerce. Les amateurs de Mignon et d’Hamlet pourront toujours se consoler en remarquant que Vivaldi n’est pas mieux loti. Il a fallu au compositeur italien attendre 260 numéros de L’Avant-Scène pour que l’un de ses opéras – Orlando Furioso – soit enfin passé au crible.

 

Cette première publication consacrée à un ouvrage d’Ambroise Thomas est précieuse à plus d’un titre. Evidemment, elle rassemble toutes les informations utiles pour mieux connaître l’œuvre, le compositeur et le contexte, tant artistique qu’historique, dans lequel les deux s’insèrent. Mais elle sert aussi de prétexte pour instruire le procès d’un musicien taxé d’académisme que Chabrier exécuta en un mot si célèbre qu’il est usé : « Je ne connais que trois sortes de musique : la bonne, la mauvaise et celle de M. Ambroise Thomas ». Avec cette saillie comme chef d’accusation, Shakespeare pour objet du crime et Hamlet en guise de pièce à conviction, ce sont les contemporains du compositeur messin qui conduisent le réquisitoire. Dans une analyse que L’Avant-Scène a eu la bonne idée de reproduire intégralement, Tchaïkovski, guère plus tendre que Chabrier, écrit « Ambroise Thomas est un musicien expérimenté, qui a affiné au maximum ses capacités limitées, qui a parfaitement maîtrisé la partie technique de son métier, mais qui est totalement dépourvu de toute personnalité ». Les critiques de l’époque n’y vont pas non plus avec le dos de la cuillère. La revue Gil Blas dénonce « la mélopée flasque et grise, l’orchestre incolore et bruyant ». Jules Barbier et Michel Carré, les librettistes d’Hamlet (et de beaucoup d’autres opéras connus de l’époque), ont aussi droit à leur volée de bois vert : « C’est l’incapacité du drame de Shakespeare de se façonner en duos, en ariettes, en flonflons et en polkas, qui fait toute l’infirmité du livret ». Devant tant de mépris, ne vaut-il pas mieux l’oubli ? Une arrière-petite-nièce du compositeur voulant, à Metz, acheter une biographie de son aïeul dans la librairie située face à sa maison natale se vit rétorquer : « Mais qui est donc Ambroise Thomas ? ».

 

Appelée à la barre, Elisabeth Malfroy remet en quatre pages les pendules à l’heure, insistant notamment sur la nature parnassienne plutôt que conventionnelle d’une musique qui, si elle est conditionnée par les grands maîtres du passé, n’est pas aussi imperméable qu’on veut bien le croire aux tendances nouvelles. Ni grise, ni impersonnelle mais soumise à ses propres lois à commencer par le respect de sa francité. A ce titre, l’art d’Ambroise Thomas se refuse au wagnérisme et, dans une structure en numéros, n’utilise le chromatisme qu’à des fins expressives.

Mais c’est Gérard Condé, meilleur avocat encore, qui dans la préface de son guide d’écoute, trouve les arguments qui font mouche. L’écriture d’Hamlet offre pour une fois dans le répertoire la première place à la voix de baryton, ce qui valut à l’œuvre de rester à l’affiche et à son créateur, Jean-Baptiste Faure, une forme d’immortalité. Puis si, par sa fameuse boutade, Chabrier avait tout simplement voulu signifier que la musique d’Ambroise Thomas n’était ni bonne, ni mauvaise mais « tantôt l’une, tantôt l’autre, inexplicablement » ? Inégale ou – et c’est là ce qui la rend remarquable – douée d’un esprit de synthèse dont Hamlet se veut l’exemple. Wagner, Gounod, Verdi et même Offenbach réunis en un seul opéra. Partant de là, chacun trouvera son plaisir où il le cherche.

 

Christophe Rizoud

 

P.S. : Pour ceux qui veulent se forger eux-mêmes une opinion sur la musique d’Ambroise Thomas, Hamlet est à l’affiche de l’Opéra National du Rhin du 9 au 28 juin. Plus d’informations sur www.operanationaldurhin.eu.

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
Hamlet28129

Note ForumOpera.com

4

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

L’avant-scène Opéra : Hamlet
Ambroise Thomas (1811-1896)
Points de repère
Gérard Condé : Argument
Gérard Condé : Introduction et Guide d’écoute
Jules Barbier et Michel Carré : Livret original en français
Regards sur l’œuvre
Élisabeth Malfroy : Ambroise Thomas, témoin du siècle
Georges Masson : éclats d’une carrière
Louis Bilodeau : Barbier et Carré, le livret à quatre mains
Jean-Claude Yon : Shakespeare en France au XIXe siècle
Pierre Degott : Shakespeare or not Shakespeare
Piotr Ilitch Tchaikovski : Compte rendu de la création moscovite
Léon Bienvenu : Extrait du Trombinoscope
Louis Bilodeau : J.-B. Faure, baryton et collectionneur
Ecouter, voir et lire
Didier van Moere : Disco-Vidéographie
Elisabetta Soldini : L’œuvre à l’affiche
Calendrier des premières représentations
Les grandes représentations au Palais Garnier
Hamlet à travers le monde (1978-2011)
Chantal Cazaux et Elisabetta Soldini : Bibliographie
Mai-juin 2011 – 160 pages – 25€

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD