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Les muses naissantes

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CD
25 juin 2018
Un monde de discrétions humaines

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Détails

François Couperin

Musette : A l’ombre d’un ormeau

Le Tic-Toc-Choc ou les Maillotins (Légèrement et marqué)

Les Ombres errantes (Languissamment)

Affectueusement (Les Nations – L’Espagnole)

Grande Ritournelle (Les Goûts Réunis – Huitième Concert dans le Goût Théâtral)

La Croûilli ou la Couperinette – Première partie (délicatement, sans vitesse)

Seconde partie de la Pièce précédente dans le goût de Musète (naïvement)

Brunette : Zephire, modère en ces lieux

Les Petits-Âges

La Muse naissante

L’Enfantine

L’Adolescente

Les Délices

La Pastorelle : Il faut aimer dès qu’on sait plaire

La Petite Pince-sans-rire (Affectueusement, sans lenteur)

Qu’on ne me dise plus que c’est la seule absence

Air (Gracieusement) (Les Nations – la Françoise)

Forlane – Rondeau (Gayement) (Concerts Royaux – Quatrième Concert)

Doux liens de mon cœur

Gavotte (Les Nations – la Françoise)

La Reine des Cœurs (Lentement et très tendrement)

Chaconne ou Passacaille (Les Nations – la Françoise)

Le Dodo ou l’Amour au berceau (Sur le Mouvement des Berceuses)

Emmanuelle de Negri, soprano

Brice Sailly, clavecin

La Chambre Claire

Atsushi Sakai : dessus et basse de viole

Marion Martineau : basse de viole

Morgane Eouzan : flûte

Bojan Cicic : violon

Guillaume Cuiller & Vincent Blanchard : hautbois

Nicolas André : basson

Enregistré en septembre 2017 à l’église Notre-Dame de Centeilles

1 CD durée 67′ 30″ Ricercar RIC 387

Jérôme Lejeune n’a pas tort : l’œuvre de Couperin est déjà bien documenté par le disque et nous n’avions guère besoin, par exemple, d’une nouvelle intégrale de ses pièces de clavecin ni d’une énième version de ses fameuses leçons de Ténèbres. Toutefois, ses airs n’ont jamais fait l’objet d’un enregistrement complet – d’ailleurs, hormis Doux lien de mon cœur, qui jouit davantage des faveurs des chanteurs, ils restent peu donnés et relativement méconnus. Or, en réécoutant la première plage, miraculeuse, de cet album (À l’ombre d’un ormeau), nous nous surprenons à regretter que les interprètes n’aient pas comblé cette lacune.

De fait, le charme entêtant de cette musette joliment chaloupée n’est pas le seul à s’insinuer au creux de notre oreille et à ne plus nous lâcher. La simplicité de ces pages vocales ne rime pas avec facilité, elle est avant tout affaire de grâce, d’équilibre, entre délicatesse et mordant. Emmanuelle de Negri n’a pas seulement pour elle la rondeur d’un soprano lumineux et en même temps charnel, lequel nous change agréablement des voix souvent pointues et acidulées qui évoluent dans ce répertoire. Elle trouve surtout immédiatement le ton juste et peut compter sur La Chambre Claire pour épouser ses moindres intentions. A la fois péremptoires et mutines, mais sans aucune minauderie, dans la pastourelle Il faut aimer dès qu’on sait plaire, les intonations se parent de gravité et l’émission se fait plus nerveuse et incisive quand il s’agit de traduire l’inquiétude de l’amant séparé de sa belle dans la sarabande Qu’on ne me dise plus que c’est la seule absence. L’efflorescence ornementale au sein de la brunette Zéphyre, modère en ces lieux semble couler de source et la prononciation historique du français qui, chez d’autres, a parfois quelque chose d’affecté, frappe ici par son naturel et une saveur qui rehausse même la platitude et l’indigence de certains vers. Autant dire que nous avons hâte de retrouver Emmanuelle de Negri en compagnie des Arts Florissants dans un nouveau volume d’airs de cour.

En découvrant le reste du programme et en lisant le texte de présentation de Brice Sailly, l’auditeur comprendra aisément pourquoi des airs plus enjoués, sinon truculents n’ont pas été retenus.  « L’enfance, ses amours radieuses et ses promesses tiennent lieu d’Arcadie », écrit le claveciniste, qui a retenu des pièces surtout intimistes, où le langage de Couperin oscille « entre tendresse et mélancolie », une ambiguïté ou plutôt une ambivalence féconde que peu d’artistes, toutefois, parviennent à restituer avec une telle acuité. Sailly en fait son miel et notre ambroisie, en particulier dans cette Petite Pince-sans-rire qui s’ombre fugacement de tristesse, mais la sensibilité du musicien s’épanouit également dans le climat feutré et introspectif des Ombres errantes, dont il excelle à distiller le mystère, avant de s’abandonner à la volupté lasse et pourtant sophistiquée de La Reine des cœurs.

Emblématique de ce « monde de discrétions humaines », pour reprendre la belle formule du soliste, Le Dodo ou l’Amour au berceau, fascinante paraphrase de Dodo l’Enfant do, nous le montre au sommet de son art : moelleux du toucher, fondu enchaîné des thèmes, agogique hardie mais parfaitement maîtrisée (il faut entendre cet alentissement progressif s’imposer avec la force de l’évidence et une fluidité exemplaire), tout suscite l’admiration et les écoutes successives n’entament en rien notre plaisir. En revanche, du modèle lullien, si prégnant dans La Grande Ritournelle (Huitième Concert dans le goût théâtral), la Chambre Claire peine à retrouver la majesté et a davantage retenu la langueur des sommeils. Du reste,  alors que cette Chaconne ou Passacaille extraite des Nations (La Françoise) peine à trouver son élan, La Forlane fait assaut d’élégance mais manque de caractère et d’allant. C’est peut-être là aussi une question de goût, après tout, ne sommes-nous pas chez Couperin ?

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François Couperin

Musette : A l’ombre d’un ormeau

Le Tic-Toc-Choc ou les Maillotins (Légèrement et marqué)

Les Ombres errantes (Languissamment)

Affectueusement (Les Nations – L’Espagnole)

Grande Ritournelle (Les Goûts Réunis – Huitième Concert dans le Goût Théâtral)

La Croûilli ou la Couperinette – Première partie (délicatement, sans vitesse)

Seconde partie de la Pièce précédente dans le goût de Musète (naïvement)

Brunette : Zephire, modère en ces lieux

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La Pastorelle : Il faut aimer dès qu’on sait plaire

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Forlane – Rondeau (Gayement) (Concerts Royaux – Quatrième Concert)

Doux liens de mon cœur

Gavotte (Les Nations – la Françoise)

La Reine des Cœurs (Lentement et très tendrement)

Chaconne ou Passacaille (Les Nations – la Françoise)

Le Dodo ou l’Amour au berceau (Sur le Mouvement des Berceuses)

Emmanuelle de Negri, soprano

Brice Sailly, clavecin

La Chambre Claire

Atsushi Sakai : dessus et basse de viole

Marion Martineau : basse de viole

Morgane Eouzan : flûte

Bojan Cicic : violon

Guillaume Cuiller & Vincent Blanchard : hautbois

Nicolas André : basson

Enregistré en septembre 2017 à l’église Notre-Dame de Centeilles

1 CD durée 67′ 30″ Ricercar RIC 387

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