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Le Maçon

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CD
26 février 2020
C’est au pied du mur…

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Opéra-comique en trois actes composé par Daniel-François-Esprit Auber sur un livret d’Eugène Scribe et Germain Delavigne, créé à l’Opéra-Comique (Salle Feydeau), le 3 mai 1825.

Détails

Roger

Walter Anton Dolzer

Baptiste

Franz Fuchs

Léon

Herakles Politis

Irma

Hilde Rychling

Henriette

Maria Salten

Usbeck

Peter Lagger

Rica

Erich Kuchar

Mme Bertrand

Hildegard Rössel-Majdan

Zobéide

Jenny Colon

Niederösterreichischer Tonkünstlerchor

Tonkünstler-Orchester Niederösterreich

Direction musicale

Kurt Tenner

Enregistré dans les studios de l’ORF, à Vienne, le 14 décembre 1950

1 CD Orfeo C 985 191 Durée : 52’48 »

Treizième ouvrage lyrique de Daniel-François-Esprit Auber, Le Maçon est le premier a dépasser les 500 représentations à l’Opéra-comique, et sera repris avec le même succès en province et à l’étranger, notamment outre-Rhin où il sera donné jusque dans les années 50, comme en témoigne le présent enregistrement. L’intrigue est inspirée d’un fait divers qu’on a du mal à imaginer inspirant la musique du délicat Auber, et que Scribe est allé dénicher dans les 36 volumes (quinze-cents pages au total) des Mémoires secrets, attribués à Bachaumont, grand succès de scandale du XVIIIe siècle. On y racontait l’histoire du bourreau de Strasbourg qu’on vient chercher une nuit pour l’emmener, sous la menace, dans un carrosse.  L’homme est transporté les yeux bandés. Après deux heures de route, son bandeau est défait et l’homme découvre une salle tendue de noir, avec au centre, un billot « et tout ce qu’il faut pour s’en servir ». Une jeune femme est introduite, en tenue de deuil, accompagné d’un homme d’âge mûr, sanglotant, qui l’embrasse avant de la livrer à l’exécuteur. Une fois son office fait (apparemment sans trop discuter), le bourreau est ramené chez lui, les yeux à nouveau bandés. L’adaptation de Scribe est un peu plus rose. Le disque ne comportant qu’un résumé en anglais et en allemand (et une intéressante notice du professeur Robert Letellier), il n’est pas inutile de faire un résumé de l’intrigue.

L’action débute dans une guinguette des environs de Paris, à proximité de la barrière de Charenton. Le maçon Roger prépare son mariage avec Henriette, la fille de son ami, le serrurier Baptiste. Le mariage fait l’objet de la médisance d’une voisine, Mme Bertrand, qui s’étonne de la fortune nouvelle de Roger, qui dispose désormais de 50 louis. Léon de Mérinville fait son entrée et reconnait Roger, qui lui sauva la vie, la veille au soir, au cri de «​ Du courage, du courage, les amis sont toujours là ! ». Léon lui offrit les 50 louis en remerciements, somme qui a servi à attendrir Baptiste, jusqu’ici opposé au mariage : «​ Mon ami, c’est tout naturel : tu as changé de fortune, et j’ai changé d’idée ; ça arrive tous les jours comme cela ». Léon explique qu’il est en route vers un château voisin pour libérer Irma, une jeune fille grecque, retenue par une bande de turcs. Deux inconnus s’introduisent alors dans la guinguette, et enlèvent Roger et Baptiste, après s’être assuré que l’un était bien maçon et l’autre serrurier. L’acte II se déroule dans une grotte (!). Irma rappelle à sa servante Zobéide qu’elle est promise contre son gré à Abdalla, l’ambassadeur turque, qui l’a éloignée à dessein de la capitale. Mais ce refuge discret n’était pas éloigné du château de Léon, et les deux jeunes gens se sont croisés et sont tombés amoureux l’un de l’autre. Tandis que l’ambassadeur est parti à Versailles présenter ses adieux au roi, la jeune fille a organisé son sauvetage par Léon, par l’intermédiaire de son fidèle esclave Ibrahim qui est allé prévenir le jeune homme de la situation. Témoin de la remise d’un mot d’Irma à Léon, Rica (l’un des deux inconnus du premier acte) n’a rien dit. Mais le plan a été éventé. Usbeck (le second inconnu) explique à Rica qu’on n’entendra plus jamais parler d’Ibrahim, mais qu’il a plaidé son sort pour qu’il ne soit pas puni pour cette fois. Roger et Baptiste sont amenés et doivent l’un, sceller des pierres, l’autre, river des chaînes, ce qu’ils font, dans la joie et dans la bonne humeur : «​ Travaillons / Travaillons ! / De l’ardeur / Et du coeur ! / Ouvrier diligent / Gagnons bien notre argent / Dépêchons / Travaillons ». Léon est conduit par Rica, à qui il propose une bourse en guise de remerciements (encore ! ce type ne pense qu’au pognon). Mais l’esclave refuse, peu glorieux de trahir le jeune homme. Romance, puis duo à l’arrivée d’Irma. Repentant, Rica vient prévenir les deux tourtereaux de ce qui se prépare : sur ordre de l’ambassadeur, Léon et Irma seront enchaînés au fond de la grotte, tandis que les turcs retourneront dans leur pays.  Les amoureux tentent de s’échapper mais le peureux Baptiste, qui les croisent, pousse des cris en pensant avoir vu des fantômes, et l’évasion échoue. Léon et Irma sont enchaînés, Roger finit le travail en poussant sa chansonnette du premier acte «​ Les amis sont toujours là ». Rica rejoint Ibrahim… Acte III. Henriette se désole de la disparition de son futur époux. Mme Bertrand se répand en médisances. Roger et Baptiste ont été ramenés chez eux récompensés par deux bourses bien garnies, assorties de menaces très précises s’ils osaient raconter leur histoire. Il s’ensuit un dialogue spirituel entre Roger, qui veut sauver Léon («​ Arrivera ce qu’il pourra, à moi ou aux miens, mais je le sauverai »), et Baptiste qui ne veut surtout pas d’histoires («​ Est-il possible d’être égoïste à ce point-là ! »). L’identité de Léon (que Roger ne connaissait que de vue) est identifiée grâce aux armoiries de la bourse qu’il avait offerte à Roger. Mais celui-ci ne sait toujours pas où le jeune homme est enfermé, puisqu’avec Baptiste, ils avaient été amenés les yeux bandés. Bien remontée par Mme Bertrand, Henriette fait une scène à son époux : Mme Bertrand les a vus rentrer dans le superbe hôtel habités par des «​ étrangers » pas très loin de la guinguette. Connaissant enfin le lieu de l’enfermement, Roger court délivrer les jeunes amants, laissant en plan Henriette et Mme Bertrand n’y comprenant rien. Retour des amoureux, de Roger, explications, réjouisssances et finale : «​ Et désormais mon coeur croira / A ce refrain d’heureux présage / Du courage! Du courage! / Les amis sont toujours là ! ». 

La partition est composée dans la première manière d’Auber, sans influence rossinienne notable, mais le style en reste reconnaissable entre tous. Les mélodies abondent avec des airs de coupe classique, des thèmes simples d’apparence mais en définitive plutôt originaux, et des finales assez élaborés. Au global, on tient là un opéra-comique plein de fraîcheur et de légèreté, sans aucune vulgarité, dont on comprend qu’il ait pu séduire d’emblée le public, mais aussi se maintenir au répertoire, même en allemand. C’est d’ailleurs l’une des choses les plus étonnantes concernant cet enregistrement de la radio autrichienne : quoique chanté en allemand, il reste sans contexte dans le plus pur style français de l’opéra-comique.

Walter Anton Dotzer est un Roger de bonne facture, ténor un peu nasal de timbre toutefois, mais techniquement impeccable. En Léon, Herakles Politis offre une voix plus brillante, qui atteint le contre-ut avec une parfaite facilité. En Irma, le soprano Hilde Rychling chante à ravir ses deux airs et son duo. L’Henriette de Maria Salten n’a droit quant à elle qu’à un seul air, très élégamment interprété. La captation des voix, très près du micro, ne permet pas vraiment de se faire une idée de leurs puissances respectives. Sans être exceptionnel, le reste de la distribution est tout à fait convenable. La direction de Kurt Tenner est impeccable, vive et brillante, et le concert ne souffre d’aucune imperfection technique, ce qui est remarquable s’agissant d’un ouvrage peu courant et probablement jamais donné précédemment par la formation autrichienne. Le repiquage est d’excellente qualité pour une bande radio de cette époque, mais il manque un peu de consistance dans le bas du spectre. Une récitante assure l’enchaînement des morceaux : il est regrettable que les différentes plages commencent systématiquement par son laïus, que les non-germanistes doivent donc subir avant que l’orchestre n’attaque la musique !
En dépit de ces quelques réserves, nous tenons un enregistrement historique de grande qualité, témoignage unique du style d’Auber avant la vogue parisienne de Rossini (qui prend la direction du Théâtre-italien en 1824), lequel influencera tous les compositeurs de l’époque.
 

 

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Opéra-comique en trois actes composé par Daniel-François-Esprit Auber sur un livret d’Eugène Scribe et Germain Delavigne, créé à l’Opéra-Comique (Salle Feydeau), le 3 mai 1825.

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Roger

Walter Anton Dolzer

Baptiste

Franz Fuchs

Léon

Herakles Politis

Irma

Hilde Rychling

Henriette

Maria Salten

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