Forum Opéra

Beethoven / Missa Solemnis / René Jacobs

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
23 mars 2021
Rude et inconfortable

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Ludwig van Beethoven (1770-1827)

Missa Solemnis op. 123 (1827) pour solistes, choeur et orchestre

Détails

Polina Pastirchak, soprano

Sophie Harmsen, mezzo-soprano

Steve Davislim, ténor

Johannes Weisser, baryton

RIAS Kammerchor
Chef de chœur
Denis Comtet

Freiburger Barockorchester

Direction musicale
René Jacobs

Harmonia Mundi

Enr. mai 2019 (Teldex Studio Berlin)

77’03 »

Mission quasi impossible pour le critique : que dire d’original, de neuf, et si possible d’intelligent/intelligible à propos d’une nouvelle version d’un monument aussi impressionnant que la Missa Solemnis de Beethoven ? De surcroît portée par un chef, une équipe, qui n’ont plus rien à prouver quant à leur culture de ce répertoire, à la pertinence de leur recherche interprétative.

On va donc s’en tirer – que le lecteur me pardonne par avance ou qu’il renonce à lire ce qui suit ! – par une série d’impressions, de sentiments, par rapport à l’oeuvre elle-même, et bien entendu, en fonction de ce qu’on entend sur ce disque, et de ce que cette écoute provoque.

René Jacobs évoque lui-même, dans un long et passionnant entretien qui figure, en partie, sur le livret du disque, et dans son intégralité sur le site d’Harmonia Mundi, les images, les figures qu’il distingue dans «une oeuvre rude et inconfortable pour les interprètes comme pour le public » »(sic). Ainsi le « qui sedes » du Gloria, qui fait « vrombir la rupture harmonique la plus radicale de toute la composition » lui évoque Le Cri d’Edvard Munch !

Une oeuvre « inconfortable », c’est bien le mot ! Expérimentale d’abord, par sa longueur, par les collages stylistiques auxquels procède Beethoven, de la référence explicite aux maîtres du passé, à son aîné Haydn, à des fulgurances futuristes. On peut d’ailleurs se livrer (ce qui m’arrive souvent quand j’écoute cette Missa solemnis !) à une écoute séquencée, partielle (le Gloria par exemple), sans avoir l’impression de perdre le fil  d’un discours qui est discontinu. A ce jeu-là, ce nouvel enregistrement de René Jacobs peut s’avérer passionnant, surprenant même, par l’attention portée aux détails, aux ensembles, à la mise en relief de lignes vocales et instrumentales qu’on n’avait pas reperées jusqu’alors. 

D’où vient pourtant cette impression désagréable de l’absence de lignes de force, d’élan vital ? La modération des tempi ? un orchestre et une masse chorale réduits ? Trop de détails – magnifiques – au détriment de l’unité du discours ? 

J’ai fait l’erreur (?) de comparer le nouveau venu avec ma version de chevet de cette Missa (la seule que j’écoute à intervalles non réguliers), celle d’Otto Klemperer (1965) où le vieux lion sort de ses gonds, entraîne tout son monde dans un irrésistible élan de ferveur, de puissance et de recueillement, et vous tient en haleine du début à la fin de ces presque 80 minutes de musique, toutes qualités qui font défaut à cet enregistrement.

Un mot des équipes que René Jacobs dirige : étant posé que les sopranos (soliste et choristes) ont des parties impossibles à chanter – c’est le chef lui-même qui le reconnaît – Polina Pastirchak et les dames du chœur de la radio de Berlin s’en tirent avec les honneurs, on aime moins la voix souvent tendue du ténor Steve Davislim. L’orchestre baroque de Fribourg est toujours impeccable, même si, comme l’a dit plus haut, on eût aimé plus de chair, plus de poids dans le dispositif orchestral. Quant au choeur berlinois qui continue de porter le titre délicieusement désuet de « choeur de chambre » du RIAS (= Rundfunk im amerikanischen Sektor/Radio in the American Sector), il confirme sa place de premier de la classe en pays germaniques.

 

 

 

 

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
61uj1xety6l._sl1200_

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Ludwig van Beethoven (1770-1827)

Missa Solemnis op. 123 (1827) pour solistes, choeur et orchestre

Détails

Polina Pastirchak, soprano

Sophie Harmsen, mezzo-soprano

Steve Davislim, ténor

Johannes Weisser, baryton

RIAS Kammerchor
Chef de chœur
Denis Comtet

Freiburger Barockorchester

Direction musicale
René Jacobs

Harmonia Mundi

Enr. mai 2019 (Teldex Studio Berlin)

77’03 »

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD