Forum Opéra

Auguste Morel – Mélodies, scènes et romances

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
CD
21 avril 2021
Oublié parmi les oubliés

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Auguste Morel (1809-1881)

Mélodies, scènes et romances

Philippe et Elsa Cantor

label Forlane

Détails

Auguste Morel

L’océan (Eugène de Lonlay)

L’avalanche (Louis Astouin)

Les adieux dans la nuit (Edouard Thierry)

Puisque j’ai mis ma lèvre (Victor Hugo)

Le rendez-vous dans l’île (Joseph Autran)

La fille de l’hôtesse (Edouard Thierry)

Sonnet sur la mort d’une amie (XIVe S.)

Le fils du Corse (Aimé Gourdin)

Etoile du soir (Eugène de Lonlay)

Comment, disaient-ils (Victor Hugo)

Page et mari (Alexandre Dumas fils)

Ma caravelle (M xxx)

Si vous n’avez rien à me dire (Victor Hugo)

La brune Andalouse (Eugène Borel)

Eternité d’amour ( Emile Barateau)

Le condamné (Aimé Gourdin)

Sur le lac (Pierre Clément)

La cinquantaine (Léon Gozlan)

N’oublions pas qu’ils sont nos frères (Delegorgue-Cordier)

Le retour (Alphonse de Lamartine)

Philippe Cantor, baryton

Elsa Cantor, piano

Une nuit dans les lagunes (Edouard Thierry)

Jérôme Billy, ténor

Philippe Cantor, baryton

Jean-François Ballèvre, piano

Un CD Forlane FOR 16894 de 73′ 02, enregistré en février 2020 (les mélodies pour voix seule), et mars 2018 (le duo final).

Auguste François Morel est de ceux-là : depuis la déclinaison française du dictionnaire de musique de Riemann, par Georges Humbert, en 1913 et 1922, il n’est pas un ouvrage de référence qui le cite, histoires de la musique, dictionnaires encyclopédiques etc.

Benjamin de Berlioz de six ans, le Marseillais « monte » à Paris, s’y fait connaître par ses romances, ses musiques de scène et ballets. Outre ces genres, il illustrera tout au long de sa vie la musique de chambre comme la musique symphonique. En 1850, il regagne Marseille pour diriger le Conservatoire. Dix ans après l’opéra phocéen donne son « Jugement de Dieu », très apprécié pour être repris à Rouen en 1864. Félix Clément en vante les qualités (« chœur de guerre, le sextuor du premier acte, quelques jolies romances, un duo scénique et un beau chœur funèbre »).

Quand on ne l’oublie pas, la romance, si populaire en son temps, est évoquée de nos jours avec une condescendance teintée de mépris. Il est vrai qu’elle fut abondamment illustrée, trop souvent par des médiocres, faisant la fortune des éditeurs. On les compte par centaines, voire par milliers, aux textes parfois désuets illustrés par des mélodies et accompagnements simples, sinon simplistes, édités avec une page de titre illustrée d’une gravure qui en donnait le programme. La romance, liée aux salons aristocratiques, née dans les dernières années de l’Ancien Régime, s’épanouira dès le Directoire (Garat, Plantade…) pour s’affadir assez vite. Cependant, le genre ne mérite pas l’opprobre qui s’y attache. Ce serait oublier que leur écriture pouvait s’avérer de grande qualité (dès Plantade qui enrichit l’accompagnement, puis Berlioz). Ce dernier tenait en une profonde estime Auguste Morel et ses romances, ce que la plaquette rappelle opportunément.

Des soixante romances, le CD en retient un tiers, dont la composition s’échelonne sur 36 ans (1841-1877). Comme ceux de Gounod, son cadet de neuf ans, ses choix littéraires sont variés : Hugo et Lamartine y côtoient d’obscurs rimailleurs ou des tâcherons spécialistes du genre. La frontière – si frontière il y a – est poreuse entre romance et mélodie. Les pièces enregistrées en témoignent, relevant de la ballade, de la scène dramatique, de l’élégie, avec une recherche expressive aboutie. Le piano est partenaire à part entière de la voix. La richesse de son écriture retient l’attention. Elsa Cantor et notre baryton s’entendent à merveille. Les mélodies au tour agréable, sans vulgarité, d’une force dramatique insoupçonnée, avec ce piano inventif, aux harmonies renouvelées sont une découverte bienvenue. Si l’influence du Lied est parfois évidente (la partie pianistique de « L’avalanche » renvoie à Schubert ; « la Fille de l’hôtesse » partage plus d’un trait avec « Die beiden Grenadiere », écrit deux ans auparavant par Schumann…) ce ne sont là qu’hypothèses, car la personnalité de Morel est le plus souvent perceptible. Ainsi, « Puisque j’ai mis ma lèvre », postérieur à sa réalisation par Fauré, n’a pas à rougir de la comparaison. Retenons « Le fils du Corse » (1843) – Mateo Falcone date de 1829 – éminemment dramatique, comme « N’oublions pas qu’ils sont nos frères » à propos des Guadeloupéens frappés par un séisme. Dans un autre registre, élégiaque, « Etoile du soir » est une réussite, tout comme le « fin, coquet, piquant et charmant » (Berlioz) « Page et mari », de 1843. Le poème de Hugo le plus souvent illustré, « Comment disaient-ils », bienvenu, s’ajoute aux très nombreuses versions connues, sans déparer la collection. « Le condamné », scène dramatique présume bien des qualités du compositeur. La variété des états du narrateur est rendue avec art. Chaque pièce du récital appellerait un commentaire. Venise, pour terminer, à deux voix (« Une nuit dans les lagunes », avec Jérôme Billy et Jean-François Balièvre), constitue une réussite où la barcarolle est remarquablement illustrée.

L’excellence de la diction et du jeu font oublier le caractère parfois désuet ou larmoyant de telle ou telle pièce. Philippe Cantor, auquel nous devons ces découvertes, a la voix appropriée à ce répertoire : une expression toujours juste, intelligible, dans tous les registres. Fidèle à l’esprit des romances, le dramatisme délibéré de l’interprétation pourra surprendre, mais songeons à ce que le romantisme ambiant appelait. L’émotion est bien là. Vienne le jour où nous pourrons connaître les autres œuvres d’Auguste Morel !

La plaquette, richement documentée par Olivier Feignier, comporte les textes chantés.

 

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
auguste_morel

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Auguste Morel (1809-1881)

Mélodies, scènes et romances

Philippe et Elsa Cantor

label Forlane

Détails

Auguste Morel

L’océan (Eugène de Lonlay)

L’avalanche (Louis Astouin)

Les adieux dans la nuit (Edouard Thierry)

Puisque j’ai mis ma lèvre (Victor Hugo)

Le rendez-vous dans l’île (Joseph Autran)

La fille de l’hôtesse (Edouard Thierry)

Sonnet sur la mort d’une amie (XIVe S.)

Le fils du Corse (Aimé Gourdin)

Etoile du soir (Eugène de Lonlay)

Comment, disaient-ils (Victor Hugo)

Page et mari (Alexandre Dumas fils)

Ma caravelle (M xxx)

Si vous n’avez rien à me dire (Victor Hugo)

La brune Andalouse (Eugène Borel)

Eternité d’amour ( Emile Barateau)

Le condamné (Aimé Gourdin)

Sur le lac (Pierre Clément)

La cinquantaine (Léon Gozlan)

N’oublions pas qu’ils sont nos frères (Delegorgue-Cordier)

Le retour (Alphonse de Lamartine)

Philippe Cantor, baryton

Elsa Cantor, piano

Une nuit dans les lagunes (Edouard Thierry)

Jérôme Billy, ténor

Philippe Cantor, baryton

Jean-François Ballèvre, piano

Un CD Forlane FOR 16894 de 73′ 02, enregistré en février 2020 (les mélodies pour voix seule), et mars 2018 (le duo final).

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Le Bourgeois Gentilhomme

Un gentilhomme en fête
CDSWAG

Debussy La Damoiselle élue

Lignes claires
CDSWAG

Les dernières interviews

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Questionnaire de Proust – Sophie Koch : « Christian Thielemann compte beaucoup pour moi »

Interview

Sophie Koch : « Aborder Isolde, c’est être devant l’Everest »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Compositrices : une anthologie en 10 cd par le Palazzetto Bru Zane

Les connues, les moins connues, les inconnues…
Cyrille DUBOIS, Aude EXTRÉMO, Yann BEURON
CD

Mozart in Milan, Sacred music around the Exsultate, jubilate

L’ombre milanaise du Padre Martini
Maximiliano BAÑOS, Federico FIORIO, Raffaele GIORDANI
CD

Voyage intime

L’arbitraire de l’intime
David KADOUCH, Sandrine PIAU
CD

Strauss : Four last songs

Rachel Willis-Sørensen en quête de l’essentiel
Andris NELSONS, PILGRIM SEBASTIAN, Rachel WILLIS-SØRENSEN
CD