Verdi trahi par les siens à Milan?

Voici une polémique dont se serait bien passé Stephane Lissner à l’orée des célébrations du bicentenaire de la naissance de Verdi et de Wagner. La presse italienne critique vivement son choix d’ouvrir la saison scaligère le 7 décembre par un opéra wagnérien (Lohengrin) plutôt que verdien. « Ridicule », répond le surintendant de La Scala arguant que sept oeuvres de Verdi contre six de Wagner seront à l’affiche l’année prochaine et promettant pour le 7 décembre 2013 une Traviata dirigee par Daniele Gatti, « Pour moi, la première de Falstaff le 15 janvier prochain est aussi importante que celle de Lohengrin ». En vain. La discussion a pris une dimension politique. Le président de la république, Giorgio Napolitano, qui n’assistera pas à la soirée d’ouverture vendredi soir, a dû certifier que son absence n’était pas une mesure de représailles. « Futile » et  « pathétique » sont les deux adjectifs qu’il a utilisé pour qualifier l’accusation dont il faisait l’objet pendant que Stéphane Lissner surenchérissait « C‘est une attaque contre l’institution de La Scala, qui est unique au monde et qui devrait être défendue parce qu’il s’agit d’un sujet de fierté pour l’Italie ». A défaut de Napolitano, le premier ministre Mario Monti sera présent en compagnie de cinq autres membres du gouvernement et du président de la commission européenne, Jose Manuel Barroso. Ajoutons que deux manuscrits de Verdi viennent d’être acquis grâce au sponsoring et seront officiellement remis à La Scala le soir de la première de Falstaff, sans pour autant apaiser les esprits. Et si tout ce remue-ménage n’était qu’un prétexte pour régler ses comptes avec Stephane Lissner alors qu’il vient d’annoncer qu’il abandonnait la direction de la Scala pour celle de l’Opera de Paris en 2015 ? [Christophe Rizoud]