Sept, ils sont sept, aurait-on pu titrer… Sept, dont le technicien à la régie, soit quatre chanteurs, le pianiste et le meneur de jeu. Mais bien davantage si l’on tient compte des permutations et des changements de rôles, car les six chantent, les six jouent, et trois se partagent le clavier. Parmi les très nombreuses productions musicales du Festival d’Avignon, Rossini en secret mérite particulièrement d’être signalée. Jean-Michel Fournereau, véritable homme orchestre, signe le livret et la mise en scène, inventive et drôle, tout en jouant le meneur de revue. Il a astucieusement assemblé une douzaine d’airs et d’ensembles d’œuvres lyriques et des Péchés de vieillesse de Rossini pour une véritable comédie-bouffe. Les quatre solistes d’Arsys–Bourgogne, excellents chanteurs et comédiens, investis, donnent une vie singulière, facétieuse, mais aussi grave à chacune des scènes dont la réalisation nous éblouit. Les pièces à une, deux, trois ou quatre voix sont superbement accompagnées par l’acariâtre Alexis Dubroca, défenseur de l’opera-seria. Fellini (E la nave va) participe au spectacle, tout comme les Marx Brothers (une nuit à l’opéra) et la mise en scène est un régal qui nous fait passer de la fiction à la réalité musicale avec une synchronisation remarquable. A recommander à tous, Rossiniens avertis comme amateurs curieux, et à consommer sans modération.
Quatuor Arsys-Bourgogne (Elise Efremov, Sarah Breton, Sebastien Monti ou Stefano Ferrari, Cyrille Gautreau) – Alexis Dubroca, piano – Mise en scène et textes : Jean-Michel Fournereau -Direction musicale : Mihály Zeke – jusqu’au 24 juillet (relâche les 8, 16 et 23), Avignon, Théâtre Notre-Dame, 13 à 17 rue du Collège d’Annecy