Quel point commun entre Giuseppe Verdi et Corentine Sinou*, domestique puis ouvrière dans la France du début du 20e siècle ? Réponse : leur biographe, Roselyne Bachelot, et la manière dont l’écrivaine met à profit ses extraordinaires talents de conteuse pour rendre la vie de l’un comme de l’autre passionnante à lire. A bien y songer, il y a aussi une certaine similitude entre la rigueur bourgeoise obtuse de Giorgio Germont dans La traviata et la manière dont les beaux-parents de Corentine se comportèrent avec cette dernière, coupable à leurs yeux d’avoir dévoyé leur fils en l’épousant. Dans les années 1910, il était interdit à un jeune homme de bonne famille de se marier avec une servante. Le courage de Corentine, projetée dès son plus jeune âge dans un monde intraitable, peut servir d’exemple et l’on comprend, au fil des pages, pourquoi Roselyne Bachelot a choisi de raconter ce destin rude mais exceptionnel. A cette légitime admiration se mêle une part de fierté : Corentine était sa grand-mère.
* Verdi Amoureux, Flammarion 2013
Corentine, Plon 2019