Oui, Richard Strauss fut bien un mari fidèle, et Pauline de Ahna eut beau l’accabler de reproches jaloux, il nia toujours connaître les gourgandines qui prétendaient être liées avec lui. Mais s’il fut à la ville l’homme d’une seule femme, il fut à la scène l’homme d’une multitude de créatures à la féminité tantôt perverse, tantôt enchanteresse. Sous le titre Strauss et ses héroïnes, c’est ce qu’entend nous montrer un documentaire publié par Arthaus dans le cadre du cent-cinquantième anniversaire de la naissance du compositeur. En interviewant sa descendance (son petit-fils Christian Strauss), des spécialistes (Barbara Vinken, Christoph Wagner-Trenkwitz), un chef d’orchestre (Franz Welser-Möst), un « confrère » (le très incongru Rufus Wainwright) et surtout de prestigieuses interprètes d’hier (Christa Ludwig, Gwyneth Jones, Brigitte Fassbaender) ou d’aujourd’hui (Renée Fleming), le film retrace le parcours chronologique des créations straussiennes, depuis Salomé jusqu’aux Quatre Derniers Lieder, illustré par des extraits de DVD Arthaus (d’où quelques absences regrettables, comme celle du très autobiographique Intermezzo) et par quelques moments du film Ein Leben für die Musik réalisé en 1949. Le plus intéressant, et qui aurait sans doute mérité un DVD à part entière, ce sont pourtant les quelques minutes d’une masterclass où Brigitte Fassbaender fait travailler le lied « Allerseelen », une grande leçon de style straussien. [Laurent Bury]
Richard Strauss and his Heroines, 1 DVD Arthaus 102 181, 52 minutes + 23 minutes de bonus (extrait de Ein Leben für die Musik / Furtwängler dirige Till Eulenspiegel)