A une époque où le disque n’existait évidemment pas, et où la diffusion de la musique passait en grande partie par la pratique amateur, une alternative s’offrait aux compositeurs : dans la deuxième moitié du XIXe siècle, le perfectionnement de la technique des cartes perforées permit la prolifération des instruments dérivés de l’orgue de Barbarie, l’organinette, l’organina, etc. Le même système fera aussi la fortune des limonaires et autres pianolas. C’est cette musique mécanique que met en lumière un coffret paru chez Malibran, en se concentrant sur la production inspirée par les œuvres d’Offenbach. Arrangés en danses de salon, les pages les plus célèbres – et les moins connues – du père de La Belle Hélène jouirent parfois d’une popularité inattendues. S’il peut être amusant d’entendre les motifs les plus célèbres d’Orphée aux enfers réduits au format d’un quadrille, on prêtera une oreille plus qu’attentive aux mélodies issues d’œuvres encore à redécouvrir, comme La Diva (1869) ou La Marocaine (1879). Le Papillon, ballet de 1860, est une partition dans laquelle Offenbach allait beaucoup puiser jusqu’à la fin de sa carrière ; Richard Bonynge en avait gravé de larges extraits en 1973, mais le coffret Malibran en révèle d’autres morceaux jusqu’ici inédits en CD. Pour les opéras-bouffes, bien sûr, il manque les paroles, mais voilà qui pourrait peut-être donner des idées aux directeurs de théâtres désireux d’exhumer des raretés…
Offenbach – Hommage mécanique, enregistrements réalisés en octobre 2015 avec les instruments et cartons perforés de la collection de Jérôme Collomb. 2 CD Malibran CDRG 214 –