Le compositeur Philippe Leroux, né en 1959, revendique un art du tressage, par lequel il entrelace à ses propres compositions celles de ses très lointains prédécesseurs. Dans le disque qui vient de paraître chez Soupir Editions, on entend non seulement Quid sit Musicus ?, questionnement musical inspiré par un texte du philosophe antique Boèce (« Qu’est-ce qu’un musicien ? »), mais aussi une composition légèrement antérieure, Cinq poèmes de Jean Grosjean, et enfin diverses pièces de Guillaume de Machaut – dont le célèbre « Ma fin est mon commencement » – et de Jacob de Senièches. Sont ainsi célébrées les noces de l’électronique et du plain-chant, mariage inattendu mais somme toute fort réussi. Les pièces médiévales surgissent au milieu des morceaux contemporains et relancent l’intérêt à intervalles réguliers. Seul écueil en partie surmonté seulement : malgré toute l’admiration que suscite le travail sur la voix et l’inventivité de l’écriture, il n’est pas toujours facile de maintenir l’attention de l’auditeur en éveil durant toute la durée du disque. On salue néanmoins bien bas le brio des Solistes XXI dirigés par Rachid Safir et des deux instrumentistes qui les accompagnent à la vièle, à la guitare, au luth ou au violoncelle.
Quid sit Musicus? 1 CD Soupirs Editions SS228, enregistré à l’Ircam en octobre 2014