Créé à Venise en janvier 1813, Il Signor Bruschino ne fait pas partie des meilleures opéras de Rossini : un livret au sujet éculé (deux amoureux qui dupent deux barbons), peu d’airs saillants, des ensembles ronronnants… Piotr Kaminski affirme pourtant qu’entre les mains d’une équipe joyeuse cette farce en un acte peut faire autant d’effet que L’Italienne à Alger. On a du mal à le croire après avoir assisté il y a quelques jours à la nouvelle production du Rossini Opera Festival (ROF pour les initiés). L’interprétation musicale, sans posséder la fantaisie nécessaire pour s’épanouir la rate, n’est pas vraiment en cause : Carlo Lepore (Gaudenzio) et Roberto de Candia (Bruschino père) forment un amusant duo de basses bouffes, Maria Aleida (Sofia) multiplie les coloratures pour gagner le public à sa cause, sans y parvenir vraiment, David Alegret est un amant mièvre comme il se doit et la direction de Daniele Rustioni n’appelle pas de reproches. Non, le véritable responsable de ce ratage est la compagnie Teatro Sotteraneo qui pour sa première mise en scène à Pesaro accumule les erreurs à ne pas commettre : multiplication de figurants sans lien avec l’intrigue, agitation superflue, abus de gags et surexploitation d’une (mauvaise) idée de départ : le Rossiniland qui est au compositeur du Barbier de Seville ce que Disneyland Paris est au monde merveilleux de Walt Disney. Pesaro, Marne la vallée même combat ? Surtout pas !
Gioachino Rossini : Il Signor Bruschino. Pesaro (Teatro Rossini), mardi 21 août, 20h.