Dans une tribune publiée dans Le Monde daté du 21 décembre (accessible aux abonnés), sept adjoints au maire chargés de la culture (Bordeaux, Besançon, Mulhouse, Paris, Nancy, Strasbourg et Lyon), par ailleurs pour la plupart présidents ou directeurs d’institutions musicales de leur ville (opéras ou orchestres), ainsi que la présidente et le vice-président des Forces musicales, eux-mêmes patrons de leur institution (Auditorium-Orchestre national de Lyon et Opéra de Rouen), interpellent la ministre de la Culture avec un mélange d’angoisse et de véhémence face au risque pour nos concitoyens « une nouvelle fois, de trouver porte close et rideaux fermés dans les lieux de culture à peine remis d’une pandémie mondiale ».
En cause, les effets – véritable « lame de fond » selon les auteurs de la tribune – de la crise de l’énergie et de l’inflation, aux conséquences potentiellement et à brève échéance dévastatrices pour les institutions culturelles. Les budgets de ces établissements ne peuvent plus suivre et les collectivités territoriales, frappées de la même façon, ne peuvent pas ou plus leur venir en aide. « 89 % de nos maisons s’apprêtent à suspendre leur activité, à couper une partie de leur programmation dès 2023. Certaines pour quelques jours, d’autres pour quelques semaines, les plus touchées pour des mois. Et nous savons que l’ensemble de nos partenaires du monde de la musique ainsi que les professionnels du théâtre et de la danse, les compagnies, le secteur des arts de la rue et du cirque, du secteur public comme les indépendants, font face aux mêmes impasses ».
Au-delà des aides exceptionnelles, jugées « bien frêles », les signataires de la tribune pointent la règle de l’équilibre budgétaire incontournable que doivent respecter aussi bien les collectivités que les établissements concernés, au contraire de l’Etat. Ils demandent à rompre avec une logique purement comptable jugée sans issue et délétère pour tout un secteur économique, lequel selon eux rapporte 1,33 euro pour chaque euro dépensé au tissu économique local, et attendent du ministère de la Culture qu’il organise en urgence des « conférences budgétaires territoriales » là où les fermetures paraissent inévitables. Ils en attendent des solutions concrètes immédiates, pour sortir des « concertations sans fin » et pour « trouver ensemble des solutions à la hauteur des réalités du terrain ».
Rappelons que le syndicat professionnel Les Forces musicales, créé en 2015, regroupe des adhérents de l’ancienne Chambre Professionnelle des Directions d’Opéra et du Syndicat National des Orchestres et des Théâtres Lyriques, ce qui en fait la deuxième organisation d’employeurs du spectacle vivant en termes de masse salariale, et la première en termes d’emplois artistiques permanents, comme le rappelle leur site.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, Rima Abdul Malak n’avait, à notre connaissance, pas réagi à cette tribune.