Un Ring symphonique, c’est séduisant. Lorin Maazel avec The Ring withoud words en a fait son cheval de bataille depuis 25 ans avec les plus grandes phalanges (Berlin, Vienne, Pittsburgh, New York). Avec l’orchestre de l’Opéra de Paris, Philippe Jordan tente le sien. Exercice de style, exercice de mémoire également : c’est jusqu’ici le seul témoignage enregistré de l’immense travail wagnérien entrepris sur quatre saisons par l’orchestre et de son directeur musical. Le passage de la fosse au studio nous laisse néanmoins quelque peu interdit : l’ample battue du chef suisse, la recherche du phrasé, la tension dramatique qui nous avait séduit à la Bastille sortent refroidis du passage au disque. La faute à la prise de son trop sèche peut-être, la faute à l’absence de mots surtout. Mise à part l’immolation de Nina Stemme – incandescente comme jamais -, très épineux sont les moments où les voix se font douloureusement manquantes, et laissent à nu la musique, comme dans cette tristoune Chevauchée sans Walkyries. On en regretterait presque les « Hojotoho » les plus savonnés, les plus hideux, mais pourvu qu’ils soient là ! Reste que l’orchestre parisien est réellement à son plus haut niveau technique : c’est déjà quelque chose. [Maximilien Hondermarck]
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