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Orfeo d’Ambronay, un bain de jouvence dans les eaux du Styx

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Brève
10 octobre 2013
Orfeo d’Ambronay, un bain de jouvence dans les eaux du Styx

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Pari fou, pari gagné, selon la formule consacrée ! Pour célébrer avec faste son vingtième anniversaire sans rien sacrifier à son ambitieux projet pédagogique, l’Académie d’Ambronay a jeté son dévolu sur rien moins que L’Orfeo de Monteverdi, donné en concert au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles le 6 octobre dernier. Certes, le chef-d’œuvre fondateur de l’opéra aligne de nombreuses figures, souvent brèves mais presque toujours marquantes, des chœurs somptueux et il s’accommode fort bien, même si la question fait débat, du luxe instrumental prêté aux spectacles de cour (en l’occurrence onze violons et altos, violoncelles, gambes, lirone, luths, clavecins, orgue, harpe, violone, contrebasse, flûtes, dulciane, trios de cornets et de sacquebutes – en espérant n’avoir oublié aucun timbre). Du pain bénit, en somme, pour la soixantaine de stagiaires prêts à en découdre, du moins s’ils parviennent à maîtriser l’art si particulier du recitar cantando, à renouveler le continuo et à développer ensemble une lecture cohérente de l’ouvrage. C’est là qu’interviennent les aînés, les passeurs, au premier rang desquels le charismatique Leonardo Garcia Alarcón. En résidence à Ambronay, le chef argentin a su canaliser les énergies, discipliner et fédérer cette troupe où seul le rôle-titre échoit à un artiste déjà professionnel, le ténor portugais Fernando Guimarães. Style, virtuosité, jeunesse : il a tout ou presque (le mordant vient parfois à manquer) pour incarner le demi-dieu et se révèle plus d’une fois touché par la grâce. Parmi les bourgeons et tendres rameaux qui l’entourent, Francesca Aspromonte (la Musica), Julian Millan (Pastore), Angelica Monje Torrez (la Messagiera), Claire Bournez (Proserpina) et Yannis François (Pluton) tirent particulièrement bien leur épingle du jeu. Dès la toccata inaugurale, fougueuse et solidement charpentée, l’orchestre s’impose comme un acteur à part entière de cette belle réussite collégiale, accusant les reliefs pour mieux s’abandonner ensuite à la plénitude douloureuse du deuil (sublime sinfonia du II). La mise en espace, sobre, fluide et ingénieuse bénéficie évidemment du travail réalisé par la troupe sous la direction de Laurent Brethome qui signe également la version scénique de cet Orfeo, créée le 3 octobre dernier au Théâtre de Bourg-en-Bresse et déjà reprise depuis à Saint-Etienne (voir le compte-rendu de Laurent Bury). [Bernard Schreuders]

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