Montpellier, Rouen, Strasbourg : les maisons d’opéra françaises, dont les fragilités structurelles se révèlent aujourd’hui après l’anesthésie du « quoi qu’il en coûte », vacillent l’une après l’autre tel un château de cartes. Périlleuse est également la situation de l’Opéra de Tours, empêtré dans une crise à multiples facettes dont la raréfaction des financements, conjuguée à l’inflation, est évidemment la principale cause. Dans son édition d’aujourd’hui, la Nouvelle République nous apprend qu’à la première des deux représentations de Lucie de Lammermoor, un spectateur a crié le besoin d’argent du Grand Théâtre, tandis que l’orchestre, comme à chaque représentation depuis des mois, lisait un communiqué et protestait en quittant symboliquement la fosse pour quelques minutes… Rappelons que l’Opéra de Tours est la seule maison lyrique de la grande région Centre-Val-de-Loire, région déjà peu gâtée en équipements d’envergure, et que son financement public est le plus faible parmi les « théâtres lyriques d’intérêt national ». Collectivités et ministère seraient tristement coupables de son naufrage.
Et quand les plus « gros » flanchent, les plus petits disparaissent simplement : la même édition de la Nouvelle République nous apprend la mort du Florilège vocal, un concours de chant choral qui comptait parmi les plus excellentes et sympathiques manifestations vocales françaises depuis 50 ans. De dimension européenne, ce concours annuel accueillait la crème des chœurs du continent, abolissant la frontière trop artificielle entre pratique amateur et professionnelle au moment où les ministères de la culture et de l’éducation nationale érigeaient supposément la pratique chorale en priorité. Baisse de moitié de la subvention de la Ville en quelques années, absence de soutien des autres partenaires : le scénario est habituel et met le public, les cinquante bénévoles et les musiciens au tapis. À Tours : un mort, un blessé grave.