Le monde de la musique et du cinéma pleure la disparition d’un géant. Ennio Morricone « s’est éteint à l’aube du 6 juillet avec le réconfort de la foi » a annoncé l’avocat de la famille Giorgio Assumma. Suite à une mauvaise chute, le compositeur était hospitalisé à Rome depuis plusieurs jours.
Né en 1928 à Rome, Ennio Morricone débute la musique par l’apprentissage de la trompette, instrument avec lequel il obtient son diplôme de l’Accademia di Santa Cecilia en 1946. Sa rencontre avec Goffredo Petrassi au milieu des années 1950 le pousse peu à peu vers la composition et la direction d’orchestre. Intéressé avant tout par la musique de chambre et la musique d’orchestre, il fréquente les cours d’été de Darmstadt en 1958. Ne pouvant gagner sa vie comme compositeur de musique « absolue » (le terme est de lui), il se tourne ensuite vers la musique « appliquée », signant des partitions pour des œuvres radiophoniques ou réalisant des arrangements pour des chanteurs de pop (Gino Paoli entre autres).
C’est en 1961, avec Il Federale de Luciano Salces qu’il fait ses débuts à l’écran, mais le succès se fait encore attendre. La collaboration avec Sergio Leone entamée en 1964 marque un tournant dans sa carrière : la partition du film Pour une poignée de dollars est rapidement reconnue à l’international pour son originalité. A l’inverse du symphonisme des studios de Hollywood, les bandes originales de Morricone se distinguent par leur univers sonore peuplé d’objets insolites : cris d’animaux, coups de feu, sifflets, harmonicas et autres éléments qui doivent presque autant au mouvement bruitiste du début du siècle qu’à l’arte povera en pleine effervescence à l’époque.
Les succès s’enchaînent rapidement (Le bon, la brute et le truand en 1966, Sacco et Vanzetti en 1971, Il était une fois en Amérique en 1984), et l’artiste se voit récompensé de nombreuses fois pour son travail (l’académie des Oscars lui décerne un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière en 2007).
Outre sa musique de film, Morricone laisse derrière lui un catalogue instrumental et vocal important : un opéra (Partenope), de nombreuses cantates pour voix et orchestre (dont une Messe pour le pape François), et plusieurs concerti témoignent de son souhait d’être tout autant un compositeur pour l’écran que pour le concert. Il fut également très impliqué dans le soutien à la création en Italie, créant en 1964 le Gruppo Improvisazione Di Nuova Consonanza, et présidant de nombreux concours de compositions et associations de promotion de la musique d’aujourd’hui.