On apprend avec tristesse la mort à l’âge de 85 ans de Philippe Boesmans, compositeur belge qui après un premier prix de piano au Conservatoire de Liège, avait abandonné cet instrument pour se consacrer en autodidacte à la composition. La commande par Gérard Mortier d’un opéra – La Passion de Gilles, créé en 1983 à La Monnaie –, oriente son parcours créatif. Suivront à un rythme régulier plusieurs oeuvres lyriques qui forment aujourd’hui un corpus unique dans le répertoire contemporain : Reigen (1993), Wintermärchen (1999), Julie (2005), Yvonne, princesse de Bourgogne (2009), Au monde (2014), Pinocchio (2017). Son dernier opéra, On purge Bébé d’après Feydeau, sera créé à La Monnaie la saison prochaine.
L’Opéra de Lorraine vient de proposer une nouvelle production de julie, sous la direction d’Emilio Pomarico et dans une mise en scène de Silvia Costa. Coproduite par l’Opéra de Dijon, sera sur la scène du Grand Théâtre de Dijon les 4, 6 et 7 mai prochains.
Ci-dessous le communiqué de presse de La Monnaie
Ce matin, nous avons reçu la très triste nouvelle du décès du compositeur Philippe Boesmans, survenu la nuit dernière après une courte maladie. Nous sommes profondément attristés par le décès de cet artiste si cher à notre maison et nous présentons nos sincères condoléances à sa famille et à ses ami.e.s.
« Nous voulons nous souvenir de Philippe pour son humanisme, son humour et sa générosité », déclare notre directeur général Peter de Caluwe. « Il était un invité de choix dans notre Théâtre et l’un des piliers essentiels de notre maison. Sa contribution artistique à la Monnaie et au monde de l’opéra contemporain est inestimable. Trois directeurs successifs de la Monnaie ont pu compter sur ses commentaires constructifs concernant la programmation de notre institution, pour laquelle il a fait des suggestions originales à plusieurs reprises. Son opinion comptait, et elle nous manquera beaucoup. »
En tant que compositeur en résidence sous la direction successive de Gérard Mortier, Bernard Foccroulle et Peter de Caluwe, il a reçu de nombreuses commandes de création pour la Monnaie. Cette étroite collaboration a débuté avec La Passion de Gilles, son premier opéra, qui a été créé en 1983. Ont suivi Reigen (1993), d’après une pièce d’Arthur Schnitzler, Wintermärchen (1999), d’après Shakespeare, et Julie (2004), d’après la pièce Fröken Julie d’August Strindberg. Tous ces titres ont été mis en scène par Luc Bondy, qui en a également écrit les livrets. Par la suite, en coproduction avec de grandes maisons d’opéra à Paris et à Aix-en-Provence, nous avons créé Yvonne, princesse de Bourgogne (2009), Au Monde (2014) et plus récemment Pinocchio (2017), deux titres en collaboration avec Joël Pommerat. Il y a quelques semaines à peine, nous vous annoncions la création d’un nouvel opéra de Philippe Boesmans : On purge bébé. En compagnie du metteur en scène et librettiste Richard Brunel, Philippe finalisait la partition de cette comédie inspirée de la farce éponyme de Feydeau. La première de cette œuvre aura lieu en décembre de cette année.
En plus de ses œuvres pour la scène, Philippe a également été très actif en tant que compositeur de musique de chambre et de pièces symphoniques. Son cycle de mélodies Trakl-Lieder a été interprété par l’Orchestre symphonique de la Monnaie en février dernier sous la direction de son grand ami le chef d’orchestre Sylvain Cambreling, qui a créé plusieurs de ses compositions.
Philippe était un monument de la musique belge et européenne. Ses œuvres ont été jouées dans le monde entier. De nouvelles productions de ses opéras sont encore régulièrement montées, comme récemment à Stuttgart et à Paris (Reigen) ou à Nancy (Julie). Il a été une référence pour de nombreux autres compositeurs, dont Benoît Mernier et Kris Defoort, qu’il a accompagnés dans leurs œuvres commandées par la Monnaie.
Nous souhaitons à tou.te.s celles.eux qui ont connu Philippe, de près ou de loin, beaucoup de courage dans cette épreuve. La Monnaie lui rendra hommage en musique et en toute sérénité.