Coup d’envoi des commémorations officielles du centenaire de la mort de Massenet : après la Manon donnée à Bastille depuis le 10 janvier, la Bibliothèque Nationale et l’Opéra de Paris organisaient conjointement, les 19 et 20 janvier, deux après-midis d’étude, toutes deux clôturées par un concert de mélodies. Le premier jour, après une présentation des collections Massenet de la BNF et l’intervention de quelques universitaires, François Le Roux avait été sollicité, ainsi que ses vieux complices Noël Lee et Jeff Cohen, qui interprétaient aussi des pièces pour quatre mains. Le lendemain, à la Bastille, les liens du compositeur avec le théâtre étaient abordés, notamment par certains des auteurs du catalogue de l’exposition en cours à l’Opéra Garnier (voir brève), et l’on concluait sur un concert donné par les solistes de l’Atelier lyrique de l’Opéra. Dans les deux cas, cela commençait plutôt mal : jeudi, un François Le Roux à la crinière blanche inquiétait par un vibrato fort peu maîtrisé dans Guitare, et vendredi, le baryton australien Damien Pass ratait magistralement le délicieux « On dit », pris si lentement que le phrasé s’y décomposait en mots isolés, avec une volonté absurde de faire du son. Heureusement, dans les deux cas, tout s’est peu à peu arrangé : retrouvant bientôt la fermeté de sa voix, l’ex-Pelléas national détailla admirablement un programme composé avec soin, s’autorisant des intonations délicieusement parodiques et quelques aigus en falsetto, pour mieux conférer une vie théâtrale à ces œuvres. A la Bastille, où l’on avait ratissé plus large, avec de nombreux duos et même un trio (quelle idée, pourtant, d’inclure le grotesque Ave Maria, placage d’une prière sur la Méditation de Thaïs !), et où mieux vaut ne pas s’attarder sur la prestation de certains chanteurs au timbre somptueux et à la santé vocale insolente, mais à qui manquent la diction et surtout l’esprit sans lesquelles ces mélodies ne sauraient revivre, l’auditeur était conquis par le français miraculeux et l’intelligence du texte que déployaient en particulier deux jeunes solistes : la soprano roumaine Andreea Soare et le ténor portugais João Pedro Cabral. Enfin, le directeur de l’Atelier lyrique, Christian Schirm, annonçait un second rendez-vous : le 15 mars à Garnier, un concert d’extraits d’opéra, dont des raretés comme Ariane ou Roma, titres dont on aimerait entendre l’intégralité dans l’une ou l’autre des deux salles de l’ONP. [LB]