En 2016, la résurrection de Don César de Bazan (1872) avait rappelé que Massenet n’avait pas attendu de devenir célèbre pour savoir composer, et que l’humour avait droit de cité dans ses œuvres bien avant Panurge, Grisélidis ou Cendrillon. En 2013-2014, avait resurgi chez Sotheby’s le manuscrit autographe d’une œuvre de la même période, L’Adorable Belboul (1874), longtemps cru perdu. Les éditions Symétrie publient aujourd’hui la partition de cette « opérette de salon », l’une des deux que Massenet écrivit alors pour le Cercle de l’union artistique. Il s’agit d’une bouffonnerie en un acte, pour cinq chanteurs et orchestre réduit, qui n’a d’orientaliste que son livret (le marchand Ali-Bazar a deux filles, Belboul et Zai-Za, convoitées par un certain Hassan et par le derviche tourneur Sidi-Toupi). L’œuvre n’exige pas trop des solistes masculins, des amateurs à l’origine, mais sollicite davantage les chanteuses – la distribution d’origine incluait deux sopranos « offenbachiennes », Jeanne Granier et Anna Dartaux, et dans le rôle travesti de Hassan, la mezzo Palmyre Wertheimber, créatrice du rôle-titre de La Nonne sanglante. Après sa création dans le salon d’un des chanteurs, L’Adorable Belboul semble avoir été redécouverte par Massenet en 1887, puis redonnée en 1903. Maintenant que la partition en redevient accessible, espérons qu’elle tentera d’autres interprètes.
Partition pour cinq solistes, trombone, clarinette et deux pianos, 96 pages, 35 euros. Jean-Christophe Branger et Nicolas Moron, direction scientifique ; Vincent Bridet, Lucas Chope et Jean-Charles Lombart, édition scientifique. Symétrie, ISBN 979-0-2318-0844-5