Que les Wesendonck Lieder possèdent la puissance dynamique et la force expressive d’un opéra de chambre en cinq actes est plus que jamais une évidence après la prestation de la mezzo-soprano Catherine Cardin dimanche 8 décembre à la Maison de la Culture de Clermont-Ferrand. Difficile en présence de cette limpidité de timbre et ce naturel de la projection de ne pas songer à Waltraud Meier. Cependant la personnalité tragédienne innée et le port altier de la voix (Im Treibhaus), conjugués à une diction parfaite et toute en souplesse de l’Allemand confèrent au chant de Catherine Cardin la parfaite illusion de la spontanéité comme s’il s’agissait de la parole. On est en présence d’une rare alchimie musicienne de l’intelligence et du sentiment. On en oublie la technique, à la perfection presque surnaturelle sans être désincarnée, pour ne plus retenir que l’authenticité de l’engagement. La finesse du phrasé soutenu par un vibrato serré d’une élégance sans faille, confère aux deux derniers numéros (Schmerzen et Träume) tout particulièrement, un souffle dramatique d’une intense émotion. La direction lucide et dépouillée de toute emphase d’un Pablo Pavon épouse le chant en ayant soin de ne jamais prendre le dessus. Ici le postromantisme flirte pour le meilleur avec le symbolisme. Pavon sait se faire comprendre des pupitres de l’orchestre Musica Mediante : il est wagnérien sans ostentation, lyrique en demeurant sensible. En bref en parfaite symbiose avec l’intériorité et la dimension poétique d’une Catherine Cardin. [Roland Duclos]